Très chères vacances

Très chères vacances

Le mois d’août touche à sa fin, les vacances aussi. Certains rentrent de séjours à l’étrangers, d’autres d’excursions moins lointaines. Mais à quel prix? Les chiffres en attestent: le prix des vacances et des activités de loisirs a explosé des dernières années, et culmine cet été.

« Les travailleurs sont pénalisés par cette augmentation record. » C’est la Confédération européenne des Syndicats (CES) qui le dit, après avoir analysé les données fournies par Eurostat. Le prix des vacances à forfait – soit les propositions de séjours « en pack » qui devraient être les plus avantageuses – a augmenté de 12,4% en Europe entre janvier et mai 2023, après une hausse de 11,5 % l’année dernière. « Il s’agit de la plus forte augmentation du coût des vacances à forfait depuis le début des relevés en 1996. »

Plusieurs centaines d’euros en plus

Au niveau européen (tous pays confondus), le coût moyen d’un voyage à forfait de quatre nuits minimum s’élève désormais à 2 967 €, soit une augmentation de plus de 600 € par rapport à 2018. Si l’on regarde les prix appliqués en Belgique, un séjour à forfait coûtera en moyenne 1,747, soit 411€ de plus qu’en 2017 (derniers chiffres disponibles). La France a connu une augmentation encore plus brutale, puisque le prix moyen d’un séjour a plus que doublé par rapport à 2017. En conclusion, dans de très nombreux pays, dont le nôtre, « le prix moyen d’un voyage à forfait représente plus d’un mois de salaire pour les personnes qui gagnent le salaire minimum ».

Les montants calculés par la CES se basent sur les statistiques nationales et européennes (chiffres 2017-2018) ajustées à l’inflation. Ils prennent en compte l’ensemble des dépenses réalisées dans le cadre du voyage. Citons le transport, l’hébergement, la nourriture et les boissons dans les cafés ou restaurants, et d’autres dépenses. Les achats de biens de valeurs (bijoux, objets d’art…) éventuellement effectués en vacances ne sont pas comptabilisés dans ce total.

Loin d’être une pause, cet été met en lumière les profondes inégalités qui existent dans notre économie et notre société.

Esther Lynch, Secrétaire générale de la CES

Rester en Belgique pour les vacances

Statbel, de son côté, indique une augmentation des voyages en Belgique. Au premier trimestre de cette année, « 1.268.000 voyages ont été effectués intra-muros ». Cela représente une hausse de 20% par rapport à la même période en 2022. Une tendance qui était déjà visible en 2021, pendant la crise Covid.

Statbel indique également une hausse de 35% des séjours courts (1 à 3 nuits), au premier trimestre 2023, par rapport à 2022.

Billets d’avion et chambres d’hôtel en hausse

En juillet, l’inflation en Belgique reste quasiment stable par rapport à juin, à 4,14%. Parmi les principales hausses de prix enregistrées en juillet : les billets d’avion, l’électricité, les chambres d’hôtel, le gaz naturel, les vacances organisées en Belgique, les restaurants et cafés… Le prix des billets d’avion s’est apprécié ce mois-ci de 44% en moyenne. Celui des chambres d’hôtel a augmenté en juillet de 13,5% en moyenne. Les restaurants et cafés : 0,8%. Enfin, le prix des vacances organisées en Belgique a augmenté de 12,5% ce mois-ci. (Source: Statbel)

L’index de juillet 2023

Indice des prix à la consommationIndice santéIndice santé lissé
128,14128,22124,79

Celles et ceux qui ne partent pas

Toujours selon la CES, 11% des Belges ne peuvent pas se permettre de voyager. Si l’on parle plus précisément de voyages d’une semaine à l’étranger, ce chiffre monte à plus de 20%. Avec des différences régionales flagrantes, puisque 31,8% des Wallons, et 34,4% des Bruxellois n’ont pas cette possibilité.

« Partir en vacances au moins une semaine par an n’est pas envisageable pour 20,8% des Belges, pour des raisons financières », indique Statbel. « Les chômeurs (52%), les locataires (45,5%), les membres de familles monoparentales (46,3%) et les personnes ayant les revenus les plus faibles (50,7%) sont en situation particulièrement précaire. Les chiffres montrent également que le travail ne protège pas nécessairement contre ces vulnérabilités : 12,1 % des personnes occupées ne peuvent se permettre une semaine de vacances. »

« La CES exhorte l’UE et les gouvernements nationaux à mettre fin à la crise du coût de la vie en imposant des taxes sur les superprofits – qui sont responsables des deux tiers de l’inflation – et en restaurant le pouvoir d’achat des travailleurs par des augmentations salariales décentes. »

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

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