Voici quelques semaines, un rassemblement d’extrême droite a été empêché par la détermination des militants de gauche, à Fleurus. Il était initialement prévu à Gilly, mais y a également été interdit. Une fois encore, la mobilisation a payé : l’extrême droite n’a pas pu se réunir. En janvier 2023, Charleroi est en effet devenue « Ville antifasciste ». Une coalition antifasciste – qui base ses revendications sur la Coalition 8 mai – veille au grain.
Nous avons rencontré Denis Serwier, militant antifasciste et délégué au sein de l’atelier Cambier, dans le secteur des Entreprises de Travail adapté (ETA) et Julie Vincke, permanente syndicale à la Centrale générale. Ils nous en parlent.
En bref
Le premier octobre dernier devait se tenir à Gilly, dans l’entité de Charleroi, un meeting d’un parti d’extrême droite local, que nous ne citerons pas. Un arrêté de police l’a interdit sur la base de la motion « Ville antifasciste » votée par la Ville de Charleroi. Le parti en question se réoriente alors vers Fleurus. Mais là encore, le rassemblement sera bloqué par les autorités, sous l’impulsion de la Coalition antifasciste.
La Coalition antifasciste de Charleroi était créée en front commun syndical (FGTB-CSC) au lendemain des événement de Gilly de 2020. Aux deux syndicats s’ajoute le monde associatif et les partis progressistes du territoire carolo. C’est cette coalition qui a écrit et proposé la motion précitée en janvier 2023, qui a ensuite été votée par une large majorité du conseil communal. Ce texte a depuis été voté dans d’autres grandes villes en Wallonie (Namur, la Louvière, Liège…).
Pas de confrontation
Denis était à Fleurus avec ses camarades, devant l’établissement horeca qui devait servir de lieu de réunion. « On y est allé avec la délégation syndicale, en front commun. Des militants d’autres horizons nous ont rejoints, ainsi que le bourgmestre. Il n’y a pas eu de confrontation directe cette fois, mais on a attendu devant le café, pour s’assurer que la réunion ne se tienne pas.»
Pas de confrontation directe, parce qu’effectivement, la Coalition antifasciste avait pris les devants, soutenue par les autorités, tant à Gilly qu’à Fleurus. Pour rappel, la motion « Charleroi, ville antifasciste» était votée en janvier dernier. Dans ce texte, les autorités sont appelées très clairement à empêcher tout « événement susceptible d’inciter à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, ouvertement fasciste et xénophobe, sur le territoire de Charleroi ».
« La Coalition a ensuite pu alerter le bourgmestre de Fleurus », précise Denis. « Charleroi était la première ville à porter cette motion de ville antifasciste. Le combat doit continuer et s’étendre à toute la Wallonie. L’extrême droite s’attaque aux étrangers, aux droits des femmes, et à la démocratie. Il faudra être vigilant pour les prochaines élections. Il faut tout empêcher, ne pas les laisser progresser. S’organiser avec d’autres Wallons, pour amener d’autres communes à faire la même chose. »
Conscientiser les jeunes
Denis est particulièrement conscient du rôle que le monde du travail a à jouer contre la montée de l’extrême droite. Cette conviction, il la porte depuis sa jeunesse. « J’ai toujours été sensible aux questions liées à l’extrême droite, ça me touche énormément. J’ai visité le fort de Breendonck. Ça retourne. Ces salles de torture, ce pelotons d’exécution. J’ai été très sensibilisé. Il ne faut pas que l’histoire se répète. »
Il continue : « J’ai bien connu mon grand-père, qui a vécu les atrocités de la guerre. Quand j’étais plus jeune, on a grandi avec ces histoires, racontées par les personnes âgées. J’ai fait moi-même mon service militaire en 1986, et là aussi j’ai été sensibilisé, conscientisé contre l’extrême droite. »
Un vernis plus “propre”
Militer en entreprise, c’est parfois difficile. Car l’extrême droite a changé de visage et se cache derrière un vernis plus « propre ». Au risque de se rendre attirante. “C’est difficile de convaincre les jeunes. Ils ne se rendent pas compte à quel point ces partis sont dangereux. Beaucoup ne savent pas de quoi on parle, je pense qu’on n’aborde pas assez ce problème dans les écoles. J’ai l’impression que les horreurs commises s’oublient avec les générations. Si les jeunes étaient mieux informés, cela éviterait qu’ils se fassent monter la tête par l’extrême droite. »
« Mon impression c’est que beaucoup de gens ne font plus le lien entre le nazisme d’hier et l’extrême droite d’aujourd’hui. J’en parle aux travailleurs, bien sûr. Car j’entends des remarques racistes à l’atelier… j’essaie de leur faire comprendre que c’est inacceptable. On vit tous sur la même planète et c’est tout. Quand on voit que des enfants se prennent des obus pour des questions raciales, encore aujourd’hui, c’est inacceptable. »
Julie Vincke poursuit : « Les nouvelles têtes de l’extrême droite sont des jeunes fringants, présents sur les réseaux sociaux… Les mots, les méthodes ont changé, et on a l’impression que ce n’est plus l’extrême droite « à l’ancienne ». Pourtant c’est toujours la même chose. »
Présents dans la lutte
La permanente revient sur les faits de 2020, où, à Gilly, des militants étaient blessés par les forces de l’ordre à Gilly. « Des syndicalistes, des collèges, ont été blessés, matraqués. La police n’était pas de notre côté. Ça a été le déclencheur ici, dans la région. On sait que dès qu’il y aura un rassemblement, il faudra y aller. La motion, en soi, ne suffit pas. Il faut être présent dans la lutte, dans la rue, être attentif en permanence et former nos délégués sur cette thématique. »
Les évènement de Gilly en janvier 2020 ont eu pour conséquence que le FGTB Charleroi/Sud-Hainaut et la FGTB wallonne ont porté plainte au niveau du tribunal civil de Charleroi, au vu de la violence constatée de la zone de la police de Charleroi. L’audience a eu lieu ce vendredi 10 novembre dernier. Le jugement est attendu le 15 décembre prochain.
Bonjour
Je suis retraité depuis le 1e Mai 2023
Ai je droit à une prime de fin d’année et une prime
Syndicale .