Belgique : près d’une personne sur cinq en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale

Belgique : près d’une personne sur cinq en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale

Le 17 octobre, c’est la journée mondiale de lutte contre la pauvreté. En cette période d’inflation inédite et d’explosion des factures, le nombre de ménages pauvres explose.

3 critères déterminent la pauvreté

Qui sont les “pauvres” en Belgique? La définition varie. Si l’on s’arrête aux chiffres officiels, donnés par Statbel, on constate que 12,7% de la population en Belgique était considérée, en 2021 comme “à risque de pauvreté monétaire”. De qui s’agit-il, et de quelles conditions financières parle-t-on? On parle ici des personnes qui vivent dans un ménage dont “le revenu total disponible est inférieur au seuil de pauvreté, qui s’élève à 1.293 euros par mois pour une personne isolée”.

Hormis le critère strict de pauvreté monétaire, 11,9% de la population vivait dans un ménage à faible intensité de travail, alors que 6,3% des Belges souffraient de privation matérielle et sociale sévère. “Les personnes confrontées à au moins une des trois situations visées ci-dessus sont considérées comme à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. En 2021, il s’agissait de 18,8% de la population.” Outre les ménages qui entrent dans ces critères scientifiques, l’on peut ajouter tous ceux qui sont “limite”, vivant à peine au dessus de ce fameux seuil de pauvreté.

Pauvreté des enfants

Les chiffres de Statbel permettent également d’en apprendre plus sur la situation des enfants en Belgique. 12,8% d’entre eux souffrent de privation matérielle. Plus d’un enfant sur huit. Ceci implique notamment – et à des degrés divers (voir graphique) – l’accès à de bonnes chaussures, à des jouets adaptés à leur âge, à des loisirs ou vacances, mais aussi à une quantité/qualité adaptée de nourriture… Statbel s’appuie ici sur l’enquête SILC 2021 sur les revenus et les conditions de vie. La situation des enfants est bien évidemment liée à leur situation familiale. Ainsi, “la situation est la plus précaire chez les enfants qui vivent dans un ménage locataire (33,6%) ou dont seulement un parent est présent (28,6%)”.

Crise après crise, la précarité augmente

Ces chiffres concernent l’année 2021. Nul doute que les prochains seront pire, marqués par la crise énergétique qui nous frappe toutes et tous actuellement. En pleine crise covid, les banques alimentaires submergées de demandes tiraient déjà la sonnette d’alarme (avec 177 000 bénéficiaires chaque mois). Voici deux semaines, elles communiquaient ceci : “Actuellement, chaque mois, près de 204 000 personnes dans le besoin comptent sur nos distributions de nourriture gratuite, soit 15 % de plus que l’an dernier. Une réalité navrante, d’autant plus que les dons de nourriture issus de l’industrie alimentaire ont, dans le même temps, baissé de 35 %. Cette situation nous met au pied du mur, car nous devons en faire plus avec moins…”

Les réseaux de lutte contre la pauvreté interpellent

Les réseaux de lutte contre la pauvreté du pays évoquent un appauvrissement “sans précédent” de la population. Cette augmentation du coût de la vie risque de “provoquer un bain de sang social pour les ménages vivant dans la pauvreté et la classe moyenne inférieure. Le secteur appelle les autorités à prendre d’urgence des mesures structurelles, “à commencer par des logements de qualité et économes en énergie”.

“Les signaux que nous recevons quotidiennement du terrain sont particulièrement alarmants”, poursuivent les acteurs de terrain. “Les gens se privent, ne répondent plus à des besoins élémentaires. Ils économisent sur la nourriture, le chauffage, les soins de santé, mais ne peuvent toujours pas payer leurs factures”, exposent-ils. “Les Fédérations des CPAS de Bruxelles et de Wallonie et l’Association des villes et communes flamandes (VVSG) signalent que les demandes d’aide, également par des personnes qui travaillent et appartiennent à la classe moyenne, ont très fortement augmenté ces dernières semaines”, complètent-ils, craignant que de nombreuses personnes ne s’endettent.

Plus de salaire, moins de factures

On le voit en France, en Belgique. Les gens et leurs colères sont dans la rue. On manifestait hier à Paris contre la vie chère. Aujourd’hui, des associations et ONG marcheront à Bruxelles contre la faim qui frappe de plus en plus de ménages en Belgique. Le 20 octobre, des actions de protestation auront lieu devant les hauts lieux de l’énergie, dans tout le pays. Le 9 novembre, ce sera la grève.

Résoudre l’énorme problème de la pauvreté, c’est avant tout s’attaquer à ses causes: une inégale répartition des richesses. L’incroyable cupidité des multinationales. Des salaires beaucoup trop bas. Des Des prix beaucoup trop haut. Les inquiétudes de la population doivent être apaisées. Par une politique structurelle et efficace, une augmentation des salaires et des allocations sociales, une reprise en main de l’énergie et un contrôle des prix. Par une fiscalité juste, l’outil de répartition par excellence.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB

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