Coup de tonnerre chez Balta Avelgem : « On ne s’attendait pas à ça »

Coup de tonnerre chez Balta Avelgem : « On ne s’attendait pas à ça »

Nouveau coup dur pour le secteur textile. La fermeture prochaine de Balta Avelgem a été annoncée voici quelques jours. Une partie des activités serait déplacée vers d’autres sites de l’entreprise en Belgique (Waregem et Sint-Baafs-Vijve), ainsi qu’en Turquie (Usak). L’entreprise évoque une hausse des coûts, notamment énergétiques. 260 emplois sont aujourd’hui menacés.

Dans sa communication au personnel, l’entreprise indique que « la production de fil à Avelgem est devenue irréalisable. Et sans un département de filature, le site d’Avelgem n’est pas viable. »

Mauvaise surprise

Nous rencontrons Yrida Decroubele, permanente textile West-Vlaanderen, à Avelgem. Pour elle, l’annonce de la fermeture est une – très mauvaise – surprise. « Ils ont l’intention de fermer tout le site. Pour la fin de 2023, il n’y aura plus aucune activité ici. On ne s’attendait pas à ça. On savait qu’au niveau de l’extrusion c’était compliqué ; ça fait des mois qu’il y a du chômage… Mais pour le reste… »

« Les prix de l’énergie ont précipité ce qui se passe »

Les raisons évoquées ? « On nous en donne trois. Les salaires, le coût des matières premières, et l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz. Les prix de l’énergie ont précipité ce qui arrive aujourd’hui. Il faut aussi dire que Balta a une usine en Turquie, qui peut produire le fil pour beaucoup moins cher… On nous explique aussi que si l’extrusion ferme, il n’est pas viable de laisser les autres départements ouvert, à savoir le tissage, la confection, le stockage… Ici à Avelgem, on produit des tapis de A à Z. De la matière première à l’emballage final. »

Plusieurs machines partiraient à Balta Waregem, tandis qu’une dizaine d’autres seraient envoyées en Turquie. Du côté de Sint-Baafs-Vijve, on annonce un tout nouveau centre logistique.

Quid du personnel ?

« On estime que la moitié du personnel va se retrouver sans emploi, au moment de la fermeture fin 2023. Ce qui représente 260 personnes. On va commencer à négocier cette semaine, avec la première phase de la procédure Renault. On va demander des explications… Et ainsi voir s’il y a des alternatives au licenciement pour certaines personnes. »

Fin de semaine dernière, Yrida et son équipe ont rencontré les travailleurs et travailleuses, après la brutale nouvelle. « Bien sûr, les gens sont en colère, même s’ils savaient que c’était difficile. Certains sont au chômage depuis 7 mois… Il y a des situations qui vont être très pénibles. On a beaucoup de gens d’une cinquantaine d’années qui travaillent ici. Ou des couples, dont les deux vont perdre leur emploi. On a aussi des gens qui viennent de France, à 35 minutes de route d’ici. Même en imaginant que certains puissent aller travailler à Waregem ou à Sint-Baafs-Vijve, leur temps de transport en sera doublé, voire plus. À l’heure des prix des carburants qui flambent, c’est une difficulté supplémentaire. Les frais de déplacement ne sont pas intégralement remboursés dans ce secteur. »

« On accuse le coup »

Nicolas Brémont et son épouse travaillent tous les deux au retordage. Nicolas est délégué depuis 8 ans. Il travaille chez Balta Avelgem depuis 2007. « Quand j’ai commencé on faisait même des heures supplémentaires, il y avait beaucoup de travail. Mais récemment il y a eu le chômage corona, puis l’augmentation des coûts de l’énergie et du carburant. Le patron a décidé de diminuer le stocks au maximum. L’extrusion était le secteur qui travaillait le moins. On s’attendait à ce que ça s’arrête. Mais on a été très surpris qu’ils ferment tout le reste !

L’inquiétude est palpable. Des réunions se sont tenues en urgence le week-end dernier. « Depuis l’annonce, je reçois énormément d’appels. Il y a de l’inquiétude, les gens ont des crédits en cours, des dépenses quotidiennes. J’ai des gens qui ont 58 ans… On espère qu’une solution se dégagera pour eux, pour éviter le licenciement… Aujourd’hui nous n’avons pas encore le recul nécessaire, on démarre à peine la procédure. Mon épouse et moi, en tout cas, sommes sur la sellette. Nous allons nous retrouver tous deux au chômage s’il n’y a pas de reclassement pour nous. On nous dit qu’il serait possible de se former à d’autres métiers, pour être repris à Waregem, mais pour l’instant ce ne sont que des paroles. On accuse le coup… »

« Mon épouse et moi sommes sur la sellette. On va se retrouver tous deux au chômage s’il n’y a pas de reclassement pour nous.« 

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

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