Monde | Un enfant sur 10 travaille encore

Monde | Un enfant sur 10 travaille encore

1 enfant sur 10, c’est 160 millions d’enfants. Un chiffre en hausse, aggravé par le covid. La 5e conférence internationale sur l’élimination du travail des enfants se déroule actuellement à Durban, en Afrique du Sud. Un événement organisé par l’OIT (Organisation internationale du travail) et le gouvernement sud-africain.

La date limite de 2025 des Objectifs de développement durable de l’ONU pour l’élimination du travail des enfants approche. Les derniers chiffres montrent que, malheureusement, 160 millions d’enfants – soit près d’un enfant sur dix dans le monde – travaillent encore. Les chiffres sont en hausse et la pandémie menace d’annuler des années de progrès en la matière. Le travail des enfants a particulièrement augmenté dans le groupe d’âge des 5 à 11 ans. « La 5E Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants intervient à un moment où le monde se remet et réagit aux multiples effets de la pandémie de COVID-19, qui a un effet dévastateur sur la santé, le progrès économique, l’égalité et le développement social », indique l’OIT.

Pertes de revenus dans les familles les plus pauvres

Dans une étude datant des premiers mois de la pandémie, l’OIT alertait déjà : les progrès réalisés en matière de travail des enfants, ces 20 dernières années, pourraient être balayés par les conséquences économiques et sociales de cette crise sans précédent. « La pandémie a accentué l’insécurité économique, profondément bouleversé les chaînes d’approvisionnement et mis l’industrie à l’arrêt. (…) Lorsque ces difficultés entraînent une perte de revenus au sein des ménages, la nécessité de faire contribuer les enfants aux ressources financières de la famille peut se faire plus pressante. Davantage d’enfants pourraient ainsi être victimes d’exploitation ou contraints d’exercer un travail dangereux.”

S’ajoutent les inégalités de genre chez les enfants et jeunes, “les filles se voyant confier des tâches ménagères et des travaux agricoles supplémentaires.

Les parents devant un dilemme

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa ouvrait la conférence, dimanche 15 mai. Il pointe du doigt les conditions de vie et de salaire de nombreuses familles à travers le monde, et la responsabilité politique qui en découle. « Lorsque la vie est une question de survie et que les familles luttent pour joindre les deux bouts, leurs enfants sont souvent obligés de quitter l’école pour aller gagner un salaire afin d’aider leurs parents. Il est de notre devoir et de notre responsabilité, en tant que membres de la communauté internationale, de veiller à ce qu’aucun parent ne soit jamais mis devant une telle situation. »

« Le travail des enfants est un ennemi du développement de nos enfants et un ennemi du progrès.  Aucune civilisation, aucun pays et aucune économie ne peut se considérer comme étant à la pointe du progrès si son succès et ses richesses ont été construits sur le dos des enfants. »

Cyril Ramaphosa

On ne peut pas se résigner au travail des enfants

Le travail des enfants n’est pas une fatalité, pas une « conséquence inévitable » de la pauvreté. C’est ce qu’indique le Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder : « Certains diront peut-être que le travail des enfants est une conséquence inévitable de la pauvreté et que nous devons l’accepter. Mais c’est faux. Nous ne pouvons jamais nous résigner au travail des enfants. Nous n’avons pas à le faire. Il est essentiel de s’attaquer aux causes profondes, comme la pauvreté des ménages. Mais ne vous y trompez pas, le travail des enfants est une violation d’un droit humain fondamental, et notre objectif doit être que chaque enfant, partout, en soit libéré. Nous n’aurons pas de repos avant d’y arriver. »

Pour la première fois, des jeunes et des enfants étaient invités à participer à la conférence. Thato Mhlungu, 18 ans et membre du Parlement des enfants Nelson Mandela, a appelé les participants à reconnaître la persistance du travail des enfants dans le monde, aujourd’hui. « Nous, les enfants, continueront à lutter pour nos droits. »

Lire plus sur la conférence et les débats : www.5thchildlabourconf.org

Levez la main pour les enfants : un défi sur les réseaux sociaux !

Levez la main pour contribuer à la sensibilisation au travail des enfants. Comment ? 3 étapes simples:

  1. Dessinez un grand smiley sur la paume de votre main ;
  2. Demandez à quelqu’un de vous prendre en photo, ou prenez un selfie, la main levée ;
  3. Postez votre photo sur les réseaux sociaux, ajoutez le hashtag #RaiseYourHandForKids (« levez la main pour les enfants »), le lien www.5thchildlabourconf.org et identifiez 3 amis pour les inciter à faire de même.

#RaiseYourHandForKids

Photo: Tamayo Alvarez / OIT

En Belgique aussi…

Le scandale a éclaté il y a un an : des sous-traitants de l’entreprise Post-NL occupent des enfants pour la livraison des colis. Le témoignage d’un garçon de 13 ans qui travaille 2 ou 3 jours semaine pour 5 euros/h fait froid dans le dos. Selon l’UBT, une des raisons pour lesquelles les entreprises de petits colis continuent de tolérer, voire contribuent même à organiser ces pratiques abusives de leurs sous-traitants n’est autre que le prix auquel les marchandises doivent être livrées. Le Président de l’UBT, Frank Moreels, réagit : « Ces situations abusives persisteront aussi longtemps que les donneurs d’ordres ne viseront que le transport au prix le plus bas sans se poser la question de savoir comment certaines entreprises de petits colis peuvent se permettre ces pratiques de dumping. » Malgré les efforts des services d’inspection, les contrôles, les amendes et les condamnations, l’UBT constate que les infractions sont monnaie courante. Elle plaide pour un renforcement des services d’inspection sur une base permanente.

La coopération syndicale internationale pour éradiquer le travail des enfants

L’Institut de coopération syndicale internationale (IFSI) de la FGTB et la FGTB Horval mènent un projet en Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial de cacao, avec des syndicats locaux pour lutter contre le travail des enfants dans les plantations. Comment ? En conscientisant les travailleurs et les agriculteurs des dangers du travail des enfants et en plaidant auprès du patronat et des gouvernements pour qu’un prix juste soit payé aux agriculteurs. Mais Horval s’attaque aussi au problème depuis la source. Au Burkina Faso, le trafic d’enfants destinés à être emmenés en Côte d’Ivoire pour travailler dans les champs de cacao est un véritable fléau. La Centrale Horval et l’ONG Solsoc collaborent avec le syndicat du transport burkinabé UCRB pour démanteler ces réseaux. L’UCRB œuvre ensuite pour la recherche d’emplois décents pour les jeunes.

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