Traite des êtres humains: chaque victime compte

Traite des êtres humains: chaque victime compte

“La traite des êtres humains (ou traite des personnes) désigne le processus par lequel des personnes sont placées ou maintenues en situation d’exploitation à des fins économiques.” La définition nous vient des Nations Unies. Qui mettent en oeuvre chaque année la journée mondiale contre la traite des êtres humains, le 30 juillet.

“Chaque victime compte.” C’est le thème de cette journée mondiale en 2023. Car les chiffres prouvent que malheureusement, les faits de traite d’êtres humains tendent à rester impunis, et qu’il est de plus en plus difficile d’agir efficacement contre ce phénomène. La pandémie et les crises successives de ces dernières années ont en effet affaibli les acteurs de terrains et les possibilités de lutter activement contre ce fléau. “Moins de victimes de la traite des personnes ont pu être identifiées, alors même que la pandémie de COVID-19 et d’autres crises ont augmenté leur vulnérabilité”, indique un rapport récemment publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

De plus en plus d’esclaves modernes, moins de cas détectés

On le sait: les crises mondiales, les guerres, l’urgence climatique et les déplacements que tout ceci provoque augmentent les risques de traite des personnes. Les inégalités qui frappent les populations les plus pauvres et les personnes qui fuient leur pays les rendent vulnérable à l’exploitation. Très souvent, les personnes migrantes, sans papiers, particulièrement les femmes et les enfants sont les premières victimes des trafiquants. L’esclavage, l’exploitation sexuelle, les mariages serviles qui en résultent sont en hausse.

Paradoxalement, les crises successives ont donné à ces trafiquants l’opportunité d’œuvrer plus encore dans l’ombre… et dans une certaine impunité. “Au niveau mondial, les réponses nationales, en particulier dans les pays en développement, semblent se détériorer. Les taux de détection ont chuté de 11 % en 2020 et les condamnations de 27 %, illustrant un ralentissement mondial de la réponse de la justice pénale à la traite d’êtres humains”, indiquent encore les Nations Unies. La période Covid notamment, et la fermeture de nombre d’espaces publics et de services, a généré le développement d’une criminalité “à huis-clos”, difficilement détectable. L’exploitation sexuelle, notamment, s’est retranchée plus encore derrière les murs.

Force, fraude ou tromperie

La traite des êtres humains se traduit dans les faits de différentes manières: travail forcé, trafic d’enfants, exploitation sexuelle, mendicité organisée, mariages forcés ou serviles, trafic d’organes… Des crimes extrêmement graves, commis de force, par la fraude ou la tromperie. “Les trafiquants ont souvent recours à la violence, au chantage, à la manipulation émotionnelle, à la suppression de documents officiels, à des agences de placement frauduleuses et à de fausses promesses d’éducation et d’emploi pour tromper et contraindre leurs victimes.” (Source: Nations Unies)

La technologie, amie ou ennemie?

Les outils technologiques sont ici une arme à double tranchant. Ces dernières années, les passeurs et trafiquants utilisent internet, les réseaux sociaux et tous moyens technologiques pour recruter, contraindre, extorquer des informations ou de l’argent aux personnes jeunes ou vulnérables. Qui sont susceptibles ensuite de tomber dans leurs filets. S’ajoutant aux millions d’hommes de femmes et d’enfants exploités sur la planète. Les plateformes numériques permettent en effet de contacter rapidement un grand nombre de personnes, dans toutes les régions du monde.

Toutefois, bien utilisée, la technologie peut évidemment jouer un rôle essentiel dans la prévention de la criminalité. Ou encore dans le soutien des victimes. Il est donc essentiel que les acteurs de terrain et la Justice disposent des moyens suffisants et efficaces pour lutter contre la cybercriminalité, et la traite des être humains organisée en ligne.

Une criminalité sans frontière

Tous les pays sont concernés par la traite des êtres humains. Que ce soit comme pays d’origine, de transit ou de destination des victimes… Sur notre sol comme ailleurs, des hommes, des femmes et des enfants sont exploités. Il est essentiel que des moyens de prévention, d’identification, de soutien aux victimes soient mis en oeuvre. Et que cesse l’impunité face à ces pratiques.

En Belgique, il existe des numéros d’urgence ou des organismes qui peuvent aider les victimes de traite des personnes. Vous êtes témoin ou victime de ces faits? N’hésitez pas. Chaque victime compte.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB

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