Fracture numérique: 28% des Belges “sans filet” sur internet

Fracture numérique: 28% des Belges “sans filet” sur internet

Dans notre ère de plus en plus connectée, l’accès à Internet est semble-t-il devenu essentiel pour participer « pleinement » à la vie économique, sociale, ou simplement pour s’en sortir dans la vie quotidienne. Cependant, malgré les avancées technologiques rapides, et le « boom » numérique constaté pendant et après la crise covid, une fracture numérique persiste. Créant des disparités entre les personnes qui ont accès à Internet et celles qui en sont exclues.

Un tiers de la population mondiale

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT),  2,7 milliards de personnes, soit environ un tiers de la population mondiale, n’étaient toujours pas connectées à l’Internet en 2022. Les régions à faible revenu sont les plus touchées par cette disparité, mais celle-ci se traduit également en termes de genre et de zones d’habitat, rural ou urbain. En cause, le coût de l’accès à internet, le manque d’infrastructures ou de moyens humains ou technologiques, mais aussi les difficultés d’accès à l’éducation, aux compétences numériques.

Pour lutter contre cette fracture numérique, “il faut combler cinq autres fossés”, indique Tomas Lamanauskas, Vice-Secrétaire général de l’UIT. “Celui des revenus, celui des zones urbaines et rurales, celui des générations, celui de l’éducation et celui de la parité hommes-femmes”.

Et en Belgique ?

L’an dernier, l’Association Belge de Recherche et d’Expertise des Organisations de Consommateurs (AB-REOC), dont fait partie la FGTB, publiait le résultat d’une étude sur la fracture numérique en Belgique. Fracture qui se manifeste à trois niveaux: le premier est celui de l’accès aux technologies numériques (qui comprend l’accès à internet et la possession d’un smartphone et/ou d’un PC) ; le deuxième, celui des compétences numériques et enfin celui de l’utilisation des services essentiels.

L’AB-REOC indique que la fracture numérique dite « de la possession » s’est réduite en 2022. Malgré cela, 6% de la population belge ne dispose toujours d’aucun accès à internet. Ce chiffre monte à 12% dans la catégorie des personnes aux revenus les plus bas. Il est de 9% dans le groupe des personnes disposant de revenus moyens (deuxième quintile), et de 5% pour le troisième quintile. « Ces chiffres montrent que même la classe moyenne inférieure éprouve encore des difficultés à accéder à ce canal d’information. »

Dans une société équitable, nous ne pouvons être satisfaits que si nous ne laissons personne de côté. Il est donc important que des alternatives non numériques subsistent pour les secteurs essentiels (gouvernement, banques, assurances, billets de transport, santé, éducation, …).

– Analyse de l’AB-REOC

Des manques en matière de sécurité numérique

Au-delà du simple « accès » à internet, de vraies lacunes persistent en matière de compétences numériques. Des chiffres de Statbel et de la Fondation Roi Baudouin en donnent un aperçu. « Les chiffres relatifs à la connaissance de la sécurité en ligne sont particulièrement inquiétants. 28 % des Belges n’auraient aucune connaissance de base sur la manière de mieux se protéger en ligne. »

Un manque qui apparaît également chez les jeunes, puisque l’étude de l’AB-REOC indique que 23 % des jeunes de moins de 24 ans n’ont aucune connaissance en matière de sécurité numérique. Ils sont donc autant de potentielles victimes de fraude ou d’arnaques en ligne… S’ajoutent nombre de paramètres comme les difficultés de lecture et d’écriture, des lacunes en matière de compréhension des outils, des difficultés linguistiques…

Alternatives non-numériques

Cette vulnérabilité implique un accès difficile ou impossible à nombre de services essentiels. Notamment au niveau bancaire, administratif, ou dans la sphère des soins de santé. « Le fait que cette numérisation se déroule à un rythme effréné oblige également l’utilisateur à s’adapter en permanence aux nouveautés. Dans une société équitable, nous ne pouvons être satisfaits que si nous ne laissons personne de côté. Il est donc important que des alternatives non numériques subsistent pour les secteurs essentiels (gouvernement, banques, assurances, billets de transport, santé, éducation, …). En effet, les acteurs de ces secteurs essentiels assument une responsabilité sociale simplement parce qu’ils offrent des services d’importance sociale», indique la plateforme.

Du papier, du contact

Comment réduire cette fracture numérique, concrètement ? Les organisations de consommateurs revendiquent notamment de développer tout projet visant à améliorer l’accès à internet. Mais aussi d’inclure la culture et les compétences numériques dans l’enseignement, et d’obliger les secteurs essentiels à proposer des alternatives non numériques, sans augmentation de coût? On parle ici du droit à une communication physique et/ou papier. Le paiement en espèces, jusqu’à un certain montant, doit également être garanti.

Enfin, il est essentiel de prévoir un investissement dans les services publics pour garantir l’accès à des guichets physiques, seul moyen pour assurer l’inclusion sociale de l’ensemble des citoyens et citoyennes.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB

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