Projection | “S’appauvrir”, un film sur la question de la pauvreté en Belgique

Projection | “S’appauvrir”, un film sur la question de la pauvreté en Belgique

Article paru le 21.11.21, mis à jour le 6.5.22

Le documentaire “S’appauvrir”, signé par le réalisateur Yves Dorme, évoque l’une des vagues les plus dévastatrices de la crise Covid : celle qui a tiré un large pan de la population vers le fond, vers la précarité. Une vague qui ne cesse, encore aujourd’hui, de faire des ravages. Le film de Yves Dorme va à la rencontre de celles et ceux qui luttent au quotidien contre la pauvreté : pouvoirs politiques, assistants sociaux, CPAS, aide alimentaire, syndicats… Il sera projeté le 19 mai prochain au centre culturel PointCulture à Bruxelles.

Le réalisateur, seul à bord lors de la création de ce film, a parcouru en train la Belgique francophone pour cette enquête. Nous sommes alors au cœur de la crise. Arlon, Liège, Forest, Tournai… De ville en ville, il parle. Avec différents publics, différents professionnels de terrain. Il fait le point sur la situation des indépendants pendant la crise, les faillites. Sur les répercussions des fermetures d’entreprises sur le monde du travail: pertes d’emploi, notamment chez les travailleurs déjà précaires, chômage temporaire, difficultés de joindre les deux bouts avec un revenu amputé ou une aide insuffisante, appel au CPAS, difficultés administratives, épuisement mental, chez les “non-essentiels” aussi…

“En Belgique, on accepte que des gens ne vivent pas dans la dignité”

Ce qui ressort du travail mené par Yves Dorme, c’est que la vague qui déferle aujourd’hui vient s’échouer sur un écueil bien plus important: la gestion historique de cette pauvreté, en Belgique. Au fil des interviews, l’on découvre que la situation était déjà extrêmement tendue avant la pandémie. Rencontre.

Comment avez-vous mené cette enquête?

J’ai travaillé tout seul. C’est un sujet que j’ai déjà traité. J’ai fait deux films sur la pauvreté en Belgique: “Le prix du pain” et “Volontaire”. J’étais sur un autre projet, au début de la crise, mais j’ai dû l’abandonner en raison des circonstances. Je me suis donc intéressé à cette vague de pauvreté qui était annoncée. Et je me suis dit que c’était intéressant de voir comment on allait la gérer. Je me suis dirigé vers les CPAS. Le premier questionnement c’était “est-ce que cette vague est réelle?”. De là, je suis allé à la rencontre de plusieurs banques alimentaires, puis de l’UCM, puis des syndicats, etc. Avec tous ces gens, j’ai fait le point sur les mesures disponibles: chômage temporaire, droit passerelle, revenu d’intégration, aides complémentaires…

Et qu’avez-vous constaté?

J’ai constaté qu’on était dans une situation qui était déjà au bord de l’explosion avant la crise. Le Covid, en quelque sorte, en “rajoute une couche”. Mais on était dans une situation critique avant cela. En Belgique, on aide les gens, mais au fond pas vraiment, puisque les allocations ne permettent pas de sortir de la pauvreté. On voit de nombreux ménages qui doivent aller vers des aides complémentaires, car l’allocation ne suffit pas. Les témoignages des personnes que j’ai interrogées en disent long…

Et ce n’est pas tout. La crise a mis, ou va mettre, des gens à la rue. Se pose alors la question des logements sociaux. Où peuvent aller ces personnes? On est là encore dans une situation qui est complètement bouchée. A Bruxelles, on parle d’un délai de 10 ans pour avoir un logement social, et les centres d’accueil sont saturés.

C’est un problème politique?

Cela va même au-delà. C’est un problème qui ne vient pas seulement des décisions politiques, mais du regard global de la société sur le phénomène de la pauvreté. Même si un aspect alimente l’autre, c’est un peu la poule et l’œuf. En réalité, en Belgique, on accepte tout simplement que des gens ne vivent pas dans la dignité. Il y a une espèce d’acceptation inconsciente globale, de silence autour de ça. La société a un regard très dur sur la pauvreté, et responsabilise les pauvres de façon individuelle. Par confort, ou par facilité… C’est un peu l’angle de ce film.

Infos pratiques:

𝗣𝗿𝗼𝗷𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻-𝗿𝗲𝗻𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲 𝗲𝗻 𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗱𝘂 𝗿𝗲́𝗮𝗹𝗶𝘀𝗮𝘁𝗲𝘂𝗿 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗖𝗮𝗿𝗼𝗹𝗶𝗻𝗲 𝗩𝗮𝗻 𝗱𝗲𝗿 𝗛𝗼𝗲𝘃𝗲𝗻, 𝗰𝗼𝗼𝗿𝗱𝗶𝗻𝗮𝘁𝗿𝗶𝗰𝗲 𝗱𝘂 𝗥𝗲́𝘀𝗲𝗮𝘂 𝗕𝗲𝗹𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗟𝘂𝘁𝘁𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝗽𝗮𝘂𝘃𝗿𝗲𝘁𝗲́

  • Quand ? le 19/05 à 20h
  • 20h : Introduction et projection du film / 21h : Discussion / 22h : Fin
  • Où ? PointCulture Bruxelles
  • Combien ? Prix libre / Une contribution libre est souhaitée

Pour réserver votre place : pointculture.be/0csp

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB

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