Le départ était annoncé à 10h30, ce jeudi matin, Gare du Nord à Bruxelles. À la même heure, des trains bondés partaient encore de partout en Belgique, pour amener des militants sur place, et ce malgré l’offre de trains renforcée pour l’occasion. La mobilisation a dépassé, de loin, celles de décembre et janvier, amenant environ 100 000 personnes dans la capitale. Un nombre symbolique.
« Il est 10h30, et des gens montent encore dans les trains. Cela démontre l’importance des services publics. Sans les cheminots qui travaillent aujourd’hui, nous ne serions pas 100 000. »
Thierry Bodson

Les couleurs des trois syndicats étaient évidemment très vives. Mais on ne pouvait que noter également le nombre impressionnant de manifestants et manifestantes issus d’autres milieux, brandissant leurs plus belles pancartes faites « maison ». La tendance était déjà visible sur les réseaux sociaux: de nombreux blocs de militants antifascistes, féministes, étudiants, artistes… s’étant constitués sur Instagram quelques jours avant ce « premier rendez-vous » avec l’Arizona. Des associations pour la paix, le climat, les droits humains, ont également pris la rue. La colère est générale.
« Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu ça!« , nous indique un participant. « On a l’impression de revivre les manifs altermondialistes, avec beaucoup de jeunes dans les rues! »
Thierry Bodson, Président de la FGTB, a pris la parole en début de manifestation. « De nombreuses associations sont ici présentes, et bien représentées. Tout comme les mutuelles. C’est la preuve que le mouvement est largement suivi. La démocratie, c’est aussi dans la rue que ça se passe! Pas seulement au Parlement. Les gens constatent la violence faite au monde du travail, mais réalisent aussi la supercherie. Ils avaient dit qu’ils allaient augmenter le pouvoir d’achat, et ne pas faire d’économies sur la sécurité sociale. Au final? Ce gouvernement enrichit les riches et appauvrit les pauvres, c’est son premier résultat. Et les quelques mesures fiscales prévues n’y changeront rien. Cet accord de gouvernement, ce n’est ni plus ni moins que la liste des doléances du patronat. »
Services publics: « la détermination est palpable »
Les services publics, bien sûr, sont venus en nombre défendre leurs droits et leur rôle essentiel dans la société. « Les services publics doivent servir le peuple, pas le profit! », pouvait-on lire sur un panneau. Les pompiers, la police, l’armée, les profs, les postiers et bien d’autres corps de métier figuraient en bonne place dans le cortège. Les uns applaudissant les autres, comme ces pompiers rythmant le passage des cheminots.
Laurent Pirnay, Président de la CGSP, nous livre sa réaction. « On a vécu ça comme une grande journée, une mobilisation assez extraordinaire, qui fera date. Il y avait une grosse attente parmi les travailleurs des services publics, par rapport à cette action. Force est de constater qu’elle est réussie. On voit que ça s’inscrit dans la durée. La détermination est palpable. »







Et la suite?
La manifestation du 13 févier était qualifiée de « premier rendez-vous ». Et la suite? Il y en aura une, sans aucun doute. « Quand on manque de respect pour le monde du travail, les réactions peuvent être vives », poursuit Thierry Bodson, en annonçant la grève générale le 31 mars. « Ce sera le début d’une lutte qui risque d’être longue. L’attaque est beaucoup trop violente, il faut réagir et réussir. »

« Ce gouvernement enrichit les riches et appauvrit les pauvres, c’est son premier résultat. Cet accord de gouvernement, ce n’est ni plus ni moins que la liste des doléances du patronat. »
— Thierry Bodson