En grève le 9 novembre : pourquoi ?

En grève le 9 novembre : pourquoi ?

Le pays sera à l’arrêt ce mercredi. Pour de très bonnes raisons. L’appel à la grève a été lancé voici des mois, d’abord comme un avertissement envers le monde patronal et la droite, puis comme une promesse. En front commun, rouges et verts bloqueront l’activité économique, tout comme les patrons bloquent les salaires.

Augmentations des salaires, blocage des prix de l’énergie

« On est face à un patronat qui n’écoute pas, qui ne bouge pas », explique Thierry Bodson, Président de la FGTB. « L’enveloppe bien-être est une fois de plus prise en otage, et les employeurs ne veulent rien entendre quant à une quelconque augmentation de salaire. On nous prédit une catastrophe nationale à chaque trimestre, mais les bénéfices continuent d’exploser. Ça n’a pas de sens. Il faut frapper fort. Et au-delà de la revendication d’augmentation des salaires – ce, sans toucher à l’indexation – il faut bloquer les prix de l’énergie. On attend quoi ? D’être le dernier pays de la planète à ne pas le faire ? »

Gros chiffres

En un an, le prix du gaz a augmenté de 130% (comparaison d’octobre 21 à octobre 22). Celui de l’électricité, de 85%. Deux chiffres impressionnants, qui à eux seuls illustrent l’ampleur du problème : si un ménage était déjà « limite » il y a un an, il est tombé dans la précarité aujourd’hui. La part de celles et ceux qui sombreront dans la pauvreté ne fera que grandir. Rappelons que la plupart des allocations sociales se situent déjà sous le seuil de pauvreté. On ne parle plus ici seulement de pouvoir d’ « achat », mais bien de celui de vivre dignement.

« Norme salariale » et « compétitivité » avec les pays voisins : pourquoi ça ne tient pas la route ?

Depuis deux ans, la FGTB se bat pour modifier la loi de ‘96, la loi sur la norme salariale, qui a été durcie en 2017. Durant l’audition des syndicats à la Chambre, droite et gauche confondues ont reconnu la justesse des arguments en faveur d’une modification. Pourtant, depuis, rien n’a changé. Tant les libéraux que la FEB entendent appliquer, telle quelle, la loi sur la norme salariale. Que nous appelons désormais « loi 0% », puisque le calcul de la « marge » n’en dégage… aucune pour les deux années à venir.

Ladite « norme salariale » devrait servir à préserver la compétitivité des entreprises belges par rapport aux pays étrangers. Elle se base dès lors sur une comparaison des salaires entre les différents pays. Cette comparaison est bancale. En effet :

  • La comparaison des salaires avec ceux des pays voisins ne tient pas compte du « tax shift« , qui a réduit les coûts salariaux pour les entreprises belges. Cela signifie que l’histoire du « handicap salarial » de la Belgique par rapport à ses voisins ne tient pas la route. Il est tout simplement faux d’affirmer que nos salaires augmentent plus vite chez nous que dans les pays voisins.
  • Le calcul de la norme salariale ne tient pas non plus compte des subventions salariales aux entreprises, qui se sont élevées à plus de 8,2 milliards d’euros en 2020. Ces subventions – comme le non-paiement du précompte professionnel pour le travail en équipe, le travail de nuit, les heures supplémentaires – n’ont jamais été aussi élevées qu’aujourd’hui en Belgique.

Actuellement, beaucoup d’entreprises disposent d’une marge suffisante pour absorber l’augmentation des coûts sans le répercuter sur le prix. Cependant, dans de nombreux cas, elles choisissent plutôt d’augmenter leurs prix, même au-delà de la hausse des coûts. Ce qui alimente l’inflation.

L’indexation n’est pas une augmentation

D’aucuns à droite tentent de faire passer l’indexation des salaires pour une augmentation. Et de faire accepter l’idée d’un saut d’index, voire d’un ajustement du mécanisme d’indexation. Rappelons toutefois qu’une indexation des salaires n’est pas une « augmentation ». Elle représente une première protection contre une perte de pouvoir d’achat. Notons également que quelque 850 000 travailleurs et travailleuses n’ont pas encore reçu d’indexation cette année.

Le saut d’index du gouvernement Michel, censé accroître la compétitivité en réduisant le coût de la main-d’œuvre, a complètement manqué son objectif. Les entreprises belges n’ont pas utilisé ces interventions pour baisser leurs prix, mais bien pour augmenter leurs marges bénéficiaires…

Taxer TOUS les surprofits

Petit rappel chiffré :

  • Bénéfices nucléaires (pour Doel 3 et 4, et Tihange 2 et 3) : 2 milliards d’euros en 2022  et 1,3 milliard d’euros chacun en 2023 et 2024.
  • Total Energie : bénéfice de 5,7 milliards d’euros au 2ème trimestre 2022 et distribue 2,6 milliards d’euros aux actionnaires
  • Les grandes multinationales affichent les unes après les autres les prévisions pour 2022 : Solvay (28% de croissance des bénéfices), AB Inbev (+8% de bénéfices), Melexis (+27% de bénéfices),…

Les grandes entreprises énergétiques voient leurs bénéfices doubler, voire tripler, par rapport à l’année dernière. Cette crise ne touche donc pas tout le monde de la même manière. Mais cela va bien au-delà du secteur de l’énergie. C’est pourquoi l’impôt sur les bénéfices excédentaires annoncé par le gouvernement devrait être étendu à tous les secteurs qui réalisent des bénéfices élevés en raison des circonstances exceptionnelles.

Pour toutes ces raisons, et d’autres, comme l’augmentation des allocations sociales, ce sera la grève le 9 novembre.

Vous souhaitez participer à la grève ?

  • Contactez votre délégué.e ou votre régionale FGTB
  • L’indemnité de grève passe de 30 à 40€
Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

6 réactions sur “En grève le 9 novembre : pourquoi ?

  1. Bien tout ça .. merveilleux , vraiment … il manque cependant LE point essentiel : « comment faire ? » je n’ai jamais fait grève et aucune idée de la marche à suivre , aussi , faire cela reviendrait en plus à me faire greffer une cible dans le dos donc … article inutile et exempt de principe

    1. Le droit de grève est un droit fondamental reconnu par la Charte sociale européenne du conseil de l’Europe, qui est en vigueur en Belgique. La grève n’est pas un délit. Vous souhaitez participer à la grève du 9 novembre ? Prenez contact avec votre délégué syndical ou votre régionale.

  2. je travaille chez Action SERAING, peut de candidats pour cette dans notre magazin, Mais je serai solidaire avec l’équipe de chez LIDL SERAING*
    Ou puis-je avoir un foulard, une veste, un gilet, FGTB-SETCA…….?

  3. JE FERAI ***GREVE***CAR CETTE SITUATION NOUS TOUCHENT TOUS****
    On ne dois plus se laisser faire***Il faut réagir et vite**avant de se faire avaler par le gouvernement
    SOLIDAIRE ***FGTB***

  4. Bonjour,
    Je suis bien d’accord avec tous ces points. ça ne peut pas continuer comme ça.
    Mais j’ai une Question : Si vous étiez « ministre », quelle proposition(s) auriez-vous pour nous sortir de ces différentes « merdes » sociales ?
    En prenant en considération (fait l’avocat du « diable » hein) qu’il ne faut pas crouler non plus notre économie, exemple ;
    pour fabriquer un smartphone, y’en a des pays (dont beaucoup de sous développés et abusés) impliqués…
    pareil pour du bête « café », ça pousse pas ces choses là chez nous.
    Du coup on est hyper dépendants de l’Avoir venant de l’extérieur. On est dépendant des grosses magouilles de multinationales (multi-Nations) et politiques internationales…
    Quelque part, nos politiques sont un peu coincés entre le Gros Pognon qui leur met bien la pression car les biens de consommation dont le peuple entier est fan y poussent pas par magie, donc, pour garder ce confort, faut baisser son froc. ou avoir un peuple furieux de perdre tout ça de confort et de sécurité.
    Et le rôle de « représenter le peuple » et aller « vraiment dans ce sens » en prenant des décisions plus structurelles sur la gestion du pays en remettant l’humain au centre… qui va fortement déplaire au gros pognon qui risque de boycotter le pays en entier… et donc fini le confort et la sécurité et bonjour le même peuple en rogne…
    dans tous les cas de figure ils sont Bai**s. Non ?
    C’est quoi les Solutions qui pourraient marcher concrètement pour remplacer les rustines gouvernementales actuelles ?

  5. Je serais ravi de toucher plus mais l’indexation des salaires dans la situation actuelle n’aidera absolument en rien. Je préfère la refuser et que l’état se décide de fixer les prix de l’énergie pour que les factures soit raisonnable. Si on augmente nos salaries les produits en ventes vont augmenter car nos patrons sont aussi dans la difficulté (bien-sûr y a des exceptions telle total…).on ne verra aucune différence en fin de moi. Mais la plupart des commence belge sont en grande difficulté comme nous. En rendant le prix des factures d’énergie accessible nous aurons moins de charge et un équilibre pourrait se réinstaller. Arrêter de tuer nos commerces arrêter de nous prendre pour des cons en nous proposant plus de sous quand vous savez qu’on final on en verra rien…j’aimerai avoir une voie supporter une grève mais moi j’ai conscience que ça n’aide pas mon patron. Certain d’entre nous aimons notre travail. On voudrait gagner toujours plus mais perdre notre travail car notre boite doit déclarer faillite ce n’est pas la solution .ça doit changer mais comment??

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