Témoignages

Lucie, veuve de mineur. « Un jour, je me suis présentée au Luxembourg pour une embauche dans un magasin et on m’a demandé ‘Qu’est-ce que vous avez l’intention de faire ?’ ‘J’aimerais bien être vendeuse, je saurais très bien le faire.’ Oh, mais elle m’a regardée, la cheffe du personnel et elle m’a fait : ‘Mais mademoiselle, les Françaises, on les emploie pour balayer, pas pour vendre.’ Je me suis toujours promis que jamais je n’irais travailler au Luxembourg. »

Michaël, conducteur d’engins. « Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais un Luxembourgeois maçon, jamais. Ou un Luxembourgeois machiniste. Jamais, jamais, jamais. Je pense que c’est nous, les frontaliers, qui avons fait le Luxembourg. Pas les Luxembourgeois. »

“10 qui attendent votre place”

Claire, Directrice des ressources humaines.  « On va demander le maximum de vous, jusqu’à ce que vous soyez en capacité de le donner. Et à partir du moment où votre performance va baisser, on vous fait comprendre qu’il y en a dix qui attendent votre place derrière. Il faut rester agile et engagé ! Il faut être très réaliste quand on voit les gens qui travaillent au Luxembourg, la moyenne d’âge est autour de 30 à 40 ans. Vous regardez un peu dans les transports et dans les rues, les gens qui ont passé la cinquantaine à Luxembourg, vous n’en voyez plus. Ce n’est pas un monde de vieux. C’est la sélection naturelle… »

Trois témoignages, parmi d’autres. Trois témoignages à découvrir dans le cadre de l’exposition « Frontaliers. Des vies en stéréo », que l’on doit à Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff, visible à la Massenoire d’Esch-sur-Alzette (Grand-Duché de Luxembourg) jusqu’au 5 février 2023.

Milliers de frontaliers

Chaque matin, des dizaines de milliers d’ouvriers, de cadres et de petites mains affluent vers le Grand-Duché. Cette exposition donne un coup de projecteur sur une communauté marquant de façon unique le quotidien de la région : celle des frontaliers. Des salariés issus d’Allemagne, de Belgique et de France se rendent en effet quotidiennement au Luxembourg pour y travailler. Ils sont actuellement environ 212.000 à franchir chaque jour la frontière.

Voyage documentaire

Le réalisateur son et audio-visuel français Mehdi Ahoudig et le photographe et cinéaste franco-luxembourgeois Samuel Bollendorff ont initié leur projet documentaire début 2020. Il s’agissait d’entreprendre un voyage documentaire prenant la forme d’une étude de terrain audiovisuelle, par la rencontre avec environ 80 personnes. Les deux artistes sont entrés en dialogue avec leurs interlocuteurs, qui apparaissent à visage découvert ou de façon anonyme, et partagent leurs expériences et les résultats de leur enquête avec les visiteurs de l’exposition.

Samuel et Mehdi ont travaillé en immersion pour rencontrer une partie des travailleurs du Luxembourg. Ils ont enregistré des témoignages et photographié les protagonistes de manière systématique. A travers leur rendez-vous, ils proposent un voyage interactif permettant aux spectateurs de s’immerger dans des paysages photographiques et sonores monumentaux et d’écouter les récits des personnages.

Infos pratiques

• Exposition jusqu’au 5 février 2023
• Ouvert tous les jours de 11h à 19h.
• À partir de novembre de 11 à 18h tous les jours sauf le mardi.
• Tarifs : 7€, 5€ (tarif réduit pour les 21-26 ans, les plus de 60 ans), entrée gratuite (pour les – de 21 ans, les étudiants de moins de 26 ans). Entrée gratuite du 22 au 30 octobre 2022.
• Accès par le Visitor Centre d’Esch2022, Avenue des Hauts-Fourneaux, 3, L-4365 Esch-sur-Alzette.
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