Après l’écart salarial, c’est une autre histoire d’inégalité. La pandémie a pesé lourd sur les épaules des femmes, qui étaient déjà bien chargées. Elles ont mené de front les soins aux enfants, les tâches ménagères, l’école à domicile et le boulot, parfois en première ligne, parfois en télétravail. Avec pour résultat, une santé mentale en berne.
Les soins, un truc de femmes
« L’augmentation des activités de soin non rémunéré et le télétravail ont mis à mal l’équilibre vie professionnelle – vie privée et la santé mentale des femmes. » C’est le Parlement européen qui le dit, dans un article de mars 2022, en se basant sur une série de statistiques sur le sujet. Sans surprise, l’analyse d’Eurostat montre que le télétravail – bien que présentant certains avantages au niveau de la flexibilité et des transports – se traduit souvent par des journées plus intenses et des heures de travail plus étendues.
C’était particulièrement vrai pendant les phases de confinement, et les vagues de covid les plus intenses, où les quarantaines, fermetures d’écoles, phases de télétravail obligatoires se sont accumulées. De nombreuses femmes ont dû jongler avec leur job, l’école à domicile, les soins, et leur propre état de santé. « Durant le confinement, la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle est devenue floue. Les tâches à domicile se sont multipliées. Aujourd’hui, ce sont encore les femmes qui effectuent la majorité des tâches de soin non rémunérées. Telles que la garde des enfants ou la prise en charge des membres plus âgés de la famille », poursuit le Parlement européen dans son analyse. « La crise du Covid-19 a vraisemblablement aggravé les inégalités hommes-femmes dans ce domaine. La difficulté de concilier vie professionnelle et personnelle a eu un impact dévastateur sur la santé mentale des femmes. »
Anxiété
Selon une étude demandée par la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres du Parlement européen, la crise et la pression qui s’en est suivie a eu de graves répercussions sur le bien-être des femmes. Elles sont plus nombreuses à déclarer souffrir d’anxiété à cause du Covid-19. Les femmes indiquent être plus anxieuses et inquiètes pour leur famille et leur bien-être, ainsi que pour leurs finances. C’est encore plus vrai pour celles ayant de jeunes enfants.
Enquête Eurobaromètre
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, le Parlement européen a commandé une enquête auprès des Européennes. Le but : évaluer les conséquences de la pandémie sur leur vie. 27 000 femmes ont été interrogées, dont un bon millier en Belgique. Voici les résultats en quelques chiffres, publiés en mars 2022:
- Dans l’UE, 77% des femmes estiment que la pandémie a entraîné une augmentation des violences physiques et émotionnelles à l’égard des femmes dans leur pays. Allant de 47% en Hongrie à 93% en Grèce. En Belgique, ce chiffre est de 70%
- 38% des répondants ont déclaré que la pandémie avait eu des conséquences négatives sur les revenus des femmes ; ainsi que sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (44%) et sur le temps qu’elles consacrent au travail rémunéré (21%)
- La santé mentale des femmes a été fortement touchée par les restrictions liées à la pandémie. Telles que les mesures de confinement et de couvre-feu (41% à l’échelle de l’UE) et les limitations du nombre de personnes qu’elles pouvaient voir (38%).
Équilibrer la répartition des tâches, soutenir la parentalité
Si aujourd’hui, la situation relative au covid semble s’améliorer, les inégalités entre les femmes et les hommes perdurent. Tâches ménagères, tâches de soins aux proches… Le tout couplé à des professions et secteurs moins bien rémunérés. Tout cela continue de ralentir les femmes et de nuire à l’égalité entre toutes et tous. L’une des solutions ? Une répartition égalitaire des tâches domestiques et des soins aux enfants et aux personnes dépendantes. Ce, via une obligation et un nouvel élargissement du congé de naissance pour les pères. L’accueil de la petite enfance et l’accueil extrascolaire sont également des leviers dans le soutien à la parentalité. D’une part, ils favorisent l’accès à l’emploi, donc aux revenus, des parents et plus particulièrement des mères. D’autre part, ils permettent d’aider les parents à articuler vie privée et professionnelle. Ces structures doivent être rendues plus accessibles en termes de places disponibles, de coût et d’heures d’ouverture.