L' »esclavage moderne » en forte hausse

L' »esclavage moderne » en forte hausse

Le nombre de personnes qui se trouvent dans une situation d’esclavage moderne a fortement augmenté ces dernières années. Nombre d’entre elles sont des enfants. 

L’Organisation internationale du Travail (OIT), publiait ses chiffres voici quelques mois. Le nombre d’esclaves modernes est estimé à 50 millions dans le monde. Ce nombre inclut 28 millions de personnes dans une situation de travail forcé, et 22 millions dans un mariage forcé ou servile. C’est à dire dans un mariage où l’épouse est réduite à la servitude. 12 % des personnes soumises au travail forcé sont des enfants. Plus de la moitié d’entre eux sont exploités sexuellement. « Le nombre de personnes victimes de l’esclavage moderne a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années. En 2021, l’esclavage moderne concerne 10 millions de personnes supplémentaires par rapport aux estimations mondiales de 2016 », indique l’OIT.

Quelques chiffres

  • 49,6 millions de personnes vivaient dans l’esclavage moderne en 2021; dont 27,6 millions dans le travail forcé et 22 millions dans le mariage forcé.
  • Sur les 27,6 millions de personnes soumises au travail forcé, 17,3 millions sont exploitées dans le secteur privé, 6,3 millions dans le cadre d’une exploitation sexuelle commerciale forcée et 3,9 millions dans le cadre d’un travail forcé imposé par l’État.
  • Les femmes et les jeunes filles représentent 4,9 millions des personnes soumises à une exploitation sexuelle commerciale forcée et 6 millions des personnes soumises à un travail forcé dans d’autres secteurs économiques.
  • 12 % des personnes soumises au travail forcé sont des enfants. Plus de la moitié de ces enfants sont exploités sexuellement à des fins commerciales.

Source: OIT, Organisation internationale du Travail, 2022

De quoi parle-t-on?

Qu’est-ce qui est défini comme esclavage moderne? « L’esclavage moderne prend de nombreuses formes et est connu sous de nombreux noms. Il s’agit essentiellement de situations d’exploitation qu’une personne ne peut pas refuser ou quitter en raison de menaces, de violence, de coercition ou de tromperie », indique l’ONG de défense des droits humains Walk Free, qui publiait récemment son « Global Slavery Index« . Au niveau des pratiques, l’on réfère ici au travail forcé, au mariage forcé ou servile, à la servitude pour dettes, ou l’exploitation sexuelle forcée à des fins commerciales, la traite des êtres humains, la vente et l’exploitation des enfants…

« Chaque jour, des personnes sont piégées, contraintes ou forcées de se mettre dans des situations d’exploitation qu’elles ne peuvent ni refuser ni quitter. Chaque jour, nous achetons les produits ou utilisons les services qu’elles ont été contraintes de fabriquer ou d’offrir, sans nous rendre compte du coût humain caché. »

Fondation Walk free

Des types d’exploitation qui existent partout dans le monde, à des degrés divers. « Les pays où l’on estime que la prévalence de l’esclavage moderne est la plus élevée sont généralement touchés par un conflit, où le travail forcé est imposé par l’État et où la gouvernance est faible. »

Selon l’ONG Walk Free toujours, l’esclavage moderne est le plus courant en Corée du Nord (104,6 pour 1.000 habitants), en Érythrée (90,3) et en Mauritanie (32,0). La Belgique figure en fin de classement, mais le nombre d’esclaves modernes dans notre pays est tout de même estimé à 11.000, soit 1 par 1.000 habitants.

Groupes vulnérables

Certains groupes de travailleurs et travailleuses sont particulièrement vulnérables face à l’exploitation. Citons les personnes qui fuient un conflit dans leur pays, les catastrophes naturelles ou la répression de leurs droits. Celles et ceux qui cherchent à émigrer pour travailler. « La détérioration généralisée des droits civils et politiques face à ces crises multiples accroît les risques pour ceux qui sont déjà vulnérables à l’esclavage moderne. Les plus vulnérables – les femmes, les enfants et les migrants – restent touchés de manière disproportionnée. »

Quels produits courants?

L’esclavage moderne se matérialise bien évidemment dans la consommation courante. Nombre de produits bon marché sont le fruit de l’exploitation d’hommes, de femmes et d’enfants partout dans le monde. Parmi les produits risquant d’être fabriqués dans le cadre de l’esclavage moderne, lesquels sont les plus achetés par les consommateurs issus des pays du G20 ? Sans surprise: les appareils électroniques et les vêtements, mais aussi l’huile de palme ou les panneaux solaires.

Un travail décent pour toutes et tous

Quelles solutions? Lutter contre l’esclavage moderne implique l’amélioration et l’application des lois et de l’inspection du travail. Mais aussi le renforcement des mesures de lutte contre le travail forcé et la traite des êtres humains dans les entreprises et les chaînes d’approvisionnement. En clair: une meilleure protection sociale, plus de dialogue social, un travail décent pour toutes et tous.

La notion de travail décent a été introduite et promue initialement par l’ Organisation internationale du travail (OIT) en 1999. Cela a abouti à la création de l’Agenda pour le travail décent et ses quatre piliers : la création d’emplois et de moyens de subsistance durables, la garantie des droits au travail, l’élargissement de la protection sociale et la promotion du dialogue social. « Il s’agit des dimensions fondamentales pour instaurer une mondialisation juste et un développement démocratique, durable, équitable, solidaire et inclusif », indique IFSI, l’Institut de coopération syndicale internationale soutenu par la FGTB.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

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