Précarité énergétique : quand les prix flambent

Précarité énergétique : quand les prix flambent

En Belgique, la précarité énergétique est une réalité. Avec l’hiver qui arrive, elle devient une urgence sociale. Ces derniers mois, les prix ont connu une augmentation importante sur les marchés de gros de l’électricité et du gaz naturel. Cela se répercute évidemment sur les prix des offres des fournisseurs d’énergie de notre pays.

Hausse des prix de l’énergie : que s’est-il passé ?

  • Pour le gaz : la demande de gaz élevée en Asie y fait monter les prix, avec comme conséquence directe une diminution de l’approvisionnement en Europe. La diminution de l’offre s’explique aussi par une demande de gaz plus élevée que les autres années en Europe, ainsi que des niveaux de stockage qui restent en-deçà des niveaux habituels. De plus, des travaux de maintenance de certaines installations gazières durant l’été ainsi que divers incidents ont également réduit l’offre. Enfin, l’augmentation du prix du CO2 en Europe a eu tendance à faire augmenter, ces derniers mois, la demande de gaz naturel (au détriment du charbon devenu moins compétitif) .
  • Pour l’électricité : la reprise de l’activité économique (en 2020 les prix étaient assez bas à cause de la crise covid) , une faible production d’électricité d’origine éolienne ces derniers mois en raison des conditions météorologiques, différents travaux de maintenance au niveau des centrales et une hausse de la production d’électricité à partir du gaz naturel et du charbon dans un contexte d’augmentation des prix du gaz, du charbon et du CO2.

Selon la CREG (la Commission de régulation de l’électricité et du gaz), cette hausse devrait se poursuivre dans les mois à venir. Mais jusque quand ?

Contrats fixes, contrats variables

Qui est concerné ? La hausse des prix sur les marchés de gros n’a pas d’impact sur la facture de décompte des ménages disposant d’un contrat à prix fixe, qui n’est pas arrivé à échéance. Si vous avez signé un contrat à prix fixe avant la hausse des prix (par exemple, en 2020 quand les prix étaient bas) : ne changez surtout rien !

  • Pour les ménages disposant d’un contrat à prix fixe qui arrive à échéance, et qui souhaitent maintenir un contrat à prix fixe, la CREG conseille de bien comparer les offres des fournisseurs sur les sites de comparaison des prix en ligne labellisés par la CREG ou sur les sites de comparaison des prix des régulateurs régionaux . Comparer les prix
  • Pour les consommateurs avec des contrats variables (35% des consommateurs pour l’électricité et 45% pour le gaz), l’impact est plus grand. L’impact sur la facture de décompte des ménages disposant d’un contrat d’électricité à prix variable sera en moyenne de 49 € si on compare les prix d’août 2021 avec les prix d’août 2019 (une année considérée comme « normale »). L’impact est plus élevé si l’on compare l’année 2020 étant donné les prix exceptionnellement bas à la suite de la crise sanitaire (+ 70 €). Pour la facture de décompte de gaz naturel, l’impact annuel moyen est de 84 € si l’on compare les prix du mois d’août 2021 avec les prix du mois d’août 2019 (+ 111 € par rapport à août 2020).

Jeu des saisons

L’impact de la hausse des prix sur la facture annuelle des ménages avec un contrat à prix variable est cependant pondéré par le jeu des saisons. Surtout pour le gaz naturel. La consommation de gaz est moins grande au printemps et en été qu’en automne ou en hiver. Ainsi la hausse des prix observée aux 2e et 3e trimestres n’impactera « que » 17 % de la composante énergie de la facture annuelle de gaz naturel des ménages ; 44 % de la composante énergie de la facture annuelle d’électricité des ménages.

Toutefois, la CREG note également que si la hausse se poursuit en automne et en hiver, l’impact sur la facture de décompte sera (nettement) plus important.

Les tarifs sociaux contre la précarité énergétique

Début 2021, le gouvernement a décidé d’élargir temporairement le groupe des bénéficiaires du tarifs social aux bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM1) – de février à décembre 2021- afin d’atténuer les effets de crise du covid sur le budget des ménages. En Belgique, avant la crise, environ 488 000 ménages bénéficiaient de ce tarif réduit. Après l’élargissement du groupe de bénéficiaires, ce nombre est passé à environ 1 000 000.

Le maintien de la politique de tarifs sociaux en vigueur est primordial. Ils permettent aux ménages les plus fragilisés de bénéficier des prix les plus bas du marché. Il est également important de travailler sur la qualité du logement afin de réduire les dépenses énergétiques des ménages.

Garantir l’accès à l’énergie

L’accès à l’énergie est un bien de première nécessité qui doit être garanti. Aucun salaire, aucune allocation sociale ne devrait être en-dessous du seuil de pauvreté. Assurer un revenu suffisant à toutes et tous, c’est aussi lutter contre la précarité énergétique.

Mais il est temps également d’agir structurellement pour mieux contrôler les prix de l’énergie. La baisse de la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité reste la priorité pour la FGTB.

La libéralisation du secteur de l’énergie est un échec. Les leçons de cet échec doivent être tirées. Il est temps d’oser ouvrir le débat sur la reprise de contrôle, par les pouvoirs publics, du secteur énergétique.

1 BIM : personnes qui perçoivent certaines allocations sociales (RIS, Grapa, allocation pour personne handicapée,..). La plupart de ces personnes disposent déjà du droit au tarif social; + personnes dont les revenus sont inférieurs à un certain plafond ( ±20.000 EUR/an par titulaire + 3.700 EUR/an par personne à charge)

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

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