Un an après l’attaque de son bâtiment par l’extrême droite, et quelques jours après la victoire du parti néo-fasciste Fratelli d’Italia, le syndicat italien CGIL descendait dans la rue, et publiait son manifeste contre l’extrême droite. Le cri de guerre? Siamo tutti antifascisti. Nous sommes tous antifascistes. La FGTB et Syndicats Magazine y étaient.
Un an après, la CGIL debout
C’était un week-end particulièrement riche et émouvant pour les camarades italiens de la CGIL. Il y a un an, leurs bâtiments, dans le centre de Rome, étaient attaqués. En marge d’une manifestation « antivax », par des représentants de groupes néo-fascistes. Les locaux étaient saccagés, des œuvres d’art étaient détruites. Nous le disions il y a un an déjà: s’attaquer à un syndicat, ce n’est pas juste un acte de vandalisme. C’est une prise de position anti-démocratique, une atteinte au monde syndical, et au monde du travail dans son intégralité.
Les 8 et 9 octobre derniers, la CGIL était debout, fière. Indispensable, dans un contexte particulièrement tendu. Deux semaines auparavant, la victoire du parti néo-fasciste de Giorgia Meloni aux législatives marquait en effet un nouveau tournant pour l’Italie. Le retour de l’extrême droite au pouvoir, couplé aux crises successives et au pouvoir d’achat en berne, appelle à une résistance sans faille de la part du monde syndical. La très belle démonstration de force de la CGIL, qui a réuni des dizaines de milliers de militants, et plusieurs délégations internationales, au cœur de la très symbolique Piazza del Popolo à Rome, démontre la détermination de la gauche en ces temps incertains.
Indispensable solidarité internationale
Une délégation de la FGTB était à Rome le week-end dernier, menée par Estelle Ceulemans, Secrétaire générale FGTB-Bruxelles, et Rafael Lamas, Directeur du service international, et composée de représentants de plusieurs centrales et régionales. Car la solidarité est plus que jamais de mise. La Belgique, on le sait, n’est pas à l’abri. « Dans un pays où le fascisme a gagné les élections, c’est très important de montrer que le contre pouvoir est présent. Il ne faut pas oublier que l’extrême droite, même si elle prétend parfois s’intéresser aux classes ouvrières, prendra toujours les syndicats pour cible, y compris chez nous en Belgique », indiquait un membre de la délégation FGTB.
S’attaquer à l’art, à la démocratie |
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Durant le week-end la CGIL conviait ses militants et partenaires à une visite de ses locaux, blessés mais pas tombés, et aujourd’hui rénovés. Au cœur de la visite, de très nombreux tableaux, anciennes affiches, comme autant de symboles de la culture populaire et ouvrière italienne. Culture que l’on a voulu anéantir, il y a un an. Détruire l’art, la culture, la liberté d’expression. C’est ce que fait l’extrême droite, c’est ce qu’elle a voulu faire à la CGIL. Estelle Ceulemans aborde ce point dans sa prise de parole, que vous pouvez écouter ci-dessous. |
« En Belgique, on n’est pas à l’abri de la montée des partis d’extrême droite. Ils veulent se montrer plus fréquentables, mais leur ADN n’a pas changé. D’ailleurs, il n’y a pas besoin d’avoir l’extrême-droite au pouvoir pour déjà voir une remise en question des droits fondamentaux, des droits syndicaux et des libertés syndicales. Des syndicalistes sont condamnés, d’autres ont été attaqués physiquement. La tendance est là, elle est lourde. (…) La crise actuelle peut mener à la désespérance, et sans réponse politique et syndicale forte, cette désespérance peut amener beaucoup de monde vers des solutions beaucoup trop faciles. Mais l’extrême droite ne cultive que la haine. »
Estelle Ceulemans
Le syndicat, une maison commune de lutte contre le fascisme
La CGIL annonçait, au lendemain de la manifestation, son intention de lancer un réseau international de lutte contre le fascisme, avec ses partenaires. Une initiative soutenue par la FGTB et bon nombre d’autres syndicats européens. Ainsi que l’indiquait Oliver Röpke, président du groupe des travailleurs du Comité économique et social européen, « nous faisons face à des crises multiples, nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser nos rues aux extrémistes, et au fascisme. L’attaque contre la CGIL représente une attaque contre l’ensemble du mouvement syndical. La manifestation d’hier est un message puissant. Le mouvement syndical reste le mouvement social le plus large au monde, et nous devons utiliser ce pouvoir pour combattre le fascisme, partout. »
Nous sommes tous antifascistes. Siamo tutti antifascisti.
Le fascisme sera toujours le défenseur du capitalisme sauvage et brutal. Des groupes, des consortium industriels comme ig-farben aux fédérations patronales d’aujourd’hui à qui l’extrême droite fait des appels du pieds. C’est toute la violence de ce système se reflète toujours dans les actes barbares du fascisme. L’extrême droite est le bras pourfendeur du capitalisme et il ne faut point compter sur la démocratie libérale pour le combattre puisque elle est hôtage de celui-ci, et qu’à force elle » souffre du syndrome de Stockholm « . Si les travailleurs et les travailleuses ne sont pas formé(e)s et mobilisé(e)s, nous allons au devant d’une histoire qui a la licote.