Dès les (très) petites heures, les piquets étaient en place. Drapeaux, banderoles et surtout motivation étaient de sortie, en ce jour de grève générale. Des centaines de piquets – une première évaluation établit le nombre de piquets à 800 à travers tout le pays – étaient organisés à l’entrée de zones d’activités économiques, de centres commerciaux, d’entreprises. Des zonings entiers ont fermé leurs portes.
« Augmentations exagérées »
« Il y avait longtemps que je n’étais plus venue sur un piquet« , nous explique Cynthia, originaire de Wallonie picarde. Maman solo, elle travaille chez Lidl. « Je fais 100 kilomètres par jour pour aller travailler. Ça me coûte ! A l’heure actuelle c’est très compliqué. Mes frais de transport me mangent une partie de mon budget, et j’abîme en plus ma voiture… La vie est devenue très chère. Dans le magasin où je travaille, j’applique les changements de prix, et je constate des augmentations importantes, de 50, 60 centimes d’un coup, même sur des produits qui ne sont pas spécialement ‘de marque’. C’est exagéré, et avec les prix de l’énergie qui s’ajoutent, c’est une catastrophe.«
« Je suis mère célibataire, seule avec quatre enfants. En dehors de quelques avantages pour famille nombreuse, je n’ai pas d’aides. Honnêtement, je ne sais pas où on va. Il faut que ça change, il faut qu’on fasse quelque chose, et il faut que tout le monde le fasse ! »
« Vivre notre vie, pas la subir »
Megan Camby, déléguée SETCA secteur marchand, abonde dans le même sens. « La vie est trop chère. Dans mon secteur, y a beaucoup de femmes, notamment des mères célibataires. Les fins de mois sont difficiles. L’entreprise pour laquelle je travaille fait énormément de bénéfices. Si on fait grève aujourd’hui, c’est pour pouvoir négocier de meilleurs salaires. On veut aussi que les prix de l’énergie soient bloqués. Les salaires ne suivent pas la hausse des prix, notre pouvoir d’achat en est affecté. Et enfin, pour notre avenir. Il y a ici pas mal de jeunes derrière moi. On voudrait vivre notre vie, et non la subir. »
600€ de frais de déplacement, 1500€ de salaire, et 5 enfants
David est délégué chez les Métallos. « La vie devient dure pour tout le monde : l’électricité, le gaz… Venir travailler devient cher. Moi j’ai 600 euros de frais de déplacements pour venir travailler et je ne gagne que 1500 euros. J’ai ma maison, les assurances voiture, ma femme ne travaille pas et j’ai cinq enfants. Les fins de mois sont difficiles. Il est temps que ça bouge. On veut que le gouvernement fasse quelque chose. Qu’il débloque des aides pour tout le monde. »
« Nous avions annoncé une grève générale, et on peut dire que c’en était une, car elle a été largement suivie dans tous les secteurs et dans tout le pays. »
— Thierry Bodson
Une mobilisation réussie
Thierry Bodson, président de la FGTB, a visité une petite dizaine de piquets en Wallonie. « On peut dire que c’est une grève réussie, sur l’ensemble du pays. C’est la énième fois que nous sommes en action. Mobilisation après mobilisation. À chaque fois, le résultat est au-delà de nos espérances. Aujourd’hui, on attend un vrai signal de la part du patronat et du gouvernement. À la FGTB, nous avions annoncé une grève générale, et on peut dire que c’en était une, car elle a été largement suivie dans tous les secteurs et dans tout le pays. L’économie a été considérablement ralentie. Après toutes ces mobilisations, actions, après la grande manifestation de juin, nous avons maintenant une grève très, très réussie. Va-t-on enfin nous écouter? »
Syndicats Magazine s’est rendu sur plusieurs piquets. Ci-dessous, un aperçu en images de ce jour de grève.