14 octobre : la rue a répondu à l’appel

14 octobre : la rue a répondu à l’appel

On s’y attendait. Les derniers jours avant la manifestation nationale du 14 octobre ont été fébriles, tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux. Les appels à rejoindre le mouvement se sont multipliés, de toutes parts. La société civile s’est organisée. Un signe qui ne trompe pas: d’aucuns à droite ont même investi massivement dans des publicités et des campagnes de désinformation en ligne, dans le seul but de décourager la mobilisation. Sans succès.

En ce mardi matin, la rue parle, la rue crie : autour des syndicats, des blocs de jeunes, de pensionnés, d’étudiants, d’acteurs culturels, de profs, de soignants et de militants de tous bords se mettent en marche. Aucun doute: le public présent a largement dépassé les cercles syndicaux.

Trains bondés, cortège incessant

De nombreux manifestants n’ont d’ailleurs jamais vu la tête du cortège, quand d’autres n’en ont pas bougé pendant plusieurs heures, « coincés » entre Rogier et le Passage 44. Quand les plus « rapides » passaient déjà Centrale, d’autres arrivaient à peine au podium gare du Nord. « Les trains ne désemplissent pas, il y a des bouchons sur le parcours », nous expliquait une militante liégeoise en fin de matinée. « Certains ne partent que maintenant! »


Pour patienter, on a chanté, dansé, tapé sur des bidons: la résistance est créative, vive, et le résultat, impressionnant: on estime à 140 000 le nombre de personnes qui ont défilé dans les rues de Bruxelles. Une centaine de milliers sont arrivés par train, d’autres ont afflué à pied, en bus, à vélo. Elles sont venues de toutes les régions du pays, pour contrer la casse sociale du gouvernement Arizona. La foule a donné une réponse claire à la politique de mépris qui s’abat depuis des mois sur le monde du travail. En clair: « Arizona, on n’en veut pas. »

« Merci Thierry »

« Le combat contre le gouvernement de l’Arizona, ce n’est pas le combat d’une journée, d’une année, c’est celui d’une génération. Une génération entière qui refuse qu’on détruise en six mois ce que nos parents et grands-parents ont construit, c’est à dire une société basée sur la solidarité », scandait Thierry Bodson qui, a moins de trois mois de la pension, prononçait l’un de ses derniers discours en tant que Président du syndicat rouge. Un moment qui ne pouvait susciter qu’une vive émotion. Les applaudissements et les mercis ont fusé, au delà des couleurs syndicales, tandis qu’un immense drapeau affichait ces mots : « Merci Thierry ».


Une foule « déter »

La manif en un mot? Détermination. Dans le cortège, les slogans disaient tout. «L’Arizona nuit gravement à la société», « On veut les thunes des actionnaires pour les retraites de nos grands-mères! », « Vous nous rendez malades, qui nous soignera?», « Où est l’humain?« .


L’humain, il était dans la rue. Les manifestants ont remis la vérité au centre — celle de travailleurs, de familles, de malades ou de pensionnés qui subissent de plein fouet les décisions de ce gouvernement. « Après avoir attaqué et chassé les chômeurs, ce gouvernement s’en prend aux invalides, aux femmes à temps partiels, aux pensionnés. C’est notre système de solidarité qui les dérange. Ils sont en train de dire à une infirmière épuisée, à un ouvrier cassé: « Ta douleur on s’en fout. » Une société qui n’intègre pas la fragilité, c’est une société qui perd son humanité« , continuait Thierry Bodson.

La jeunesse debout

La réussite de cette mobilisation, « c’est non seulement celle des syndicats mais celle du monde associatif », indiquait Thierry Bodson, président de la FGTB. Ces derniers jours en effet, 45 organisations de la société civile ont officiellement rejoint le mouvement, et appelé à rejoindre Bruxelles. Appel entendu.

De nombreux jeunes étaient présents, pour dire leur inquiétude face aux menaces incessantes envers la culture, le climat, le système éducatif. Cette journée est un moment de convergence. Une seule lutte, qui réunit celles et ceux qui refusent de voir la Belgique glisser vers un modèle de société où la solidarité devient un mot vide de sens.


« On ne s’arrêtera pas tant qu’ils ne s’arrêteront pas. On va amplifier le mouvement. Il y aura d’autres rendez-vous, d’autres mobilisations, d’autres actions avant la fin de l’année. »

Thierry Bodson

Le message adressé à De Wever, Bouchez et à l’Arizona dans son ensemble est limpide : le monde du travail ne se laissera pas faire. La rue l’a dit: une autre société existe.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB |  Plus de publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Lire aussi x