EDITO | Un accord qui va à contresens de l’Histoire

EDITO | Un accord qui va à contresens de l’Histoire

« Réforme du marché du travail. » On entend parler depuis quelques jours du fameux accord intervenu au sein du gouvernement Vivaldi. Un accord à l’ambition affichée de répondre à certaines nouvelles réalités du travail… Pendant ces quelques jours, nous l’avons décortiqué. Ce que l’on peut en dire, c’est qu’il répond surtout aux revendications du banc patronal, qui se voit largement mieux servi que le monde du travail. Que ce soit en termes de bien-être au travail, de meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, ou encore de concertation sociale, cette réforme présente des reculs considérables.

La fin de la journée des huit heures

La journée des huit heures… On célébrait son centenaire l’an dernier. 8 heures de travail, 8 heures de détente, 8 heures de sommeil. Un des acquis les plus importants en matière de réduction du temps de travail vient de prendre un fameux coup, tant dans les faits que dans la symbolique qu’il représente. La réforme prévoit en effet la possibilité de prester une semaine de 5 jours en 4 jours, sans réduction du temps de travail. On revient donc ici à des journées de 9h30 à 10 heures.

Fausse bonne idée

Pourquoi est-ce une fausse bonne idée ? Premièrement, c’est une mesure qui va à contresens de l’Histoire. Revenir à des journées plus longues, c’est au mieux reporter, au pire faire taire la revendication d’une réduction collective du temps de travail, qui permettrait de travailler moins… pour travailler tous ! C’est plus qu’une occasion manquée, c’est un coup de couteau à l’ensemble du monde du travail.

Ensuite, des journées de 10 heures, pour la plupart des travailleurs et travailleuses, c’est inenvisageable. Des journées de 10 heures, c’est incompatible avec une vie de famille, avec l’accueil des enfants. C’est augmenter le risque d’accidents de travail, de burn-out, de mal-être. Rien dans cette mesure ne permet, au contraire de ce que d’aucuns prétendent, de mieux équilibrer vie privée et vie professionnelle. Les seuls gagnants, ce sont les patrons, demandeurs de toujours plus de flexibilité.

Mais la semaine de travail compressée sur quatre jours se fera « sur base volontaire ! », nous dit-t-on ! Un volontariat tout relatif, puisque la négociation de cette flexibilité individuelle se fera bien entre quatre-z-yeux, entre le travailleur et son patron… Un rapport de force intenable.

Un dangereux précédent pour la concertation

La décision du gouvernement prévoit également des disposition relatives au travail de nuit et en soirée, dans le secteur de l’e-commerce. Le travail sera désormais autorisé entre 20h et minuit avec sursalaire mais sans concertation sociale. Pour que la mesure soit mise en œuvre, l’accord d’une seule délégation syndicale suffira, même si elle est minoritaire dans l’entreprise. Un précédent dangereux. Le gouvernement prouve ici, s’il le fallait encore, qu’il accorde plus d’importance au banc patronal qu’aux travailleurs. Le premier, en effet, sera représenté à 100%, quand les seconds ne le seront que partiellement. Là encore, un rapport de force intenable.

De timides avancées

Alors faut-il tout jeter ? Non. Des avancées en matière de formation, de droit à la déconnexion ou encore de protection des travailleurs des plateformes sont au menu. Des avancées qui répondent à des revendications syndicales, mais qui restent inabouties, et surtout largement en déséquilibre face aux reculs constatés.

Rappelons-le, jamais une déclaration gouvernementale n’avait autant cité les mots « concertation sociale ». Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, la Vivaldi semble retourner sa veste. Les attaques évidentes à nos acquis sociaux sont inacceptables, et il ne fait nul doute qu’une fois encore, le monde du travail sera dans la rue pour les contester.

Thierry Bodson et Miranda Ulens


L’appel de la FGTB

Ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, sera une journée d’actions et de grève FGTB.

Rdv à 16h pour une mobilisation au Monts des Arts à Bruxelles (Gare centrale). L’occasion de réaffirmer les priorités du monde du travail et de manifester notre mécontentement à propos de la Réforme du marché de l’emploi.

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Une réaction sur “EDITO | Un accord qui va à contresens de l’Histoire

  1. Bonjour, J’ai connu l’école du samedi matin et j’ai connu la semaine de 45 heures. De grève en grève et de piquet en piquet j’ai même connu la semaine de 36 heures et « les vendredis courts » chez A.C.E.C; avant la remontada et les RTT (libres puis fixés par le patron). Etant pensionné depuis plus de 10 ans, je ne suis plus directement concerné mais si j’étais en activité j’aimerais pouvoir choisir entre 2 régimes 4 ou 5 jours. Cordialement. Yves

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