Le réchauffement climatique est plus rapide que prévu, très étendu. Il s’intensifie. Telle est la conclusion inquiétante du dernier grand rapport sur le climat du groupe d’experts climatiques des Nations Unies, le GIEC. Ce rapport est qualifié d’« alerte rouge pour l’humanité ». Mi-octobre, des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées à Bruxelles pour tirer à nouveau la sonnette d’alarme. L’horloge tourne : il faut d’urgence des mesures ambitieuses, solidaires et cohérentes.
Des catastrophes qui frappent les plus vulnérables
C’est une réalité qu’on ne peut nier. Cet été, notre pays a lui-même été durement confronté aux conséquences du réchauffement climatique. Les fortes pluies et les inondations qui les ont accompagnées ont fait des ravages. Cette catastrophe a frappé deux fois plus durement les personnes les plus vulnérables. Car c’est évidemment beaucoup plus difficile pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’assurer correctement. Ou qui ne peuvent pas compter sur un réseau solide en cas de coup dur. Il est aussi démontré que les personnes qui occupent les logements des zones inondées sont principalement des personnes en plus grande précarité.
Inégalités climatiques
Les inégalités sociales jouent en effet un rôle important dans la question du climat. D’une part, l’émission de gaz à effet de serre est fortement liée au niveau de vie. D’autre part, ce sont les groupes les plus vulnérables qui risquent de ressentir le plus les effets du changement climatique. Les conséquences d’une politique climatique forte se feront également ressentir de manière inégale. Ainsi, une voiture moins polluante est plus chère qu’un modèle d’occasion plus ancien (et plus polluant). Les logements sociaux sont trop rarement des logements « basse énergie » ce qui entraine de manière immédiate des frais disproportionnés pour les personnes qui les occupent. Et induisent des effets sur le climat, à plus long terme.
71% des émissions sont le fait d’une centaine d’entreprises
Outre la responsabilité individuelle qui nous incombe à tous, il ne faut naturellement pas perdre de vue la situation dans son ensemble. Quand on sait que 71% des émissions de gaz à effet de serre sont produits par une centaine d’entreprises, on comprend qu’une action structurelle et politique sera indispensable. Un vrai travail de fond doit être mis en place pour aller vers une économie plus responsable, une autre manière de produire et tendre vers une transformation des entreprises les plus polluantes. La politique climatique doit en tenir compte. Seule une transition socialement équilibrée mènera à une plus grande justice sociale.
La réduction collective du temps de travail: une piste pour accompagner le changement
Certaines entreprises devront modifier leurs activités polluantes, réorienter leurs activités, peut-être diminuer l’emploi, modifier les compétences. Elles gagneront en productivité, iront peut-être vers une plus grande digitalisation… La réduction collective du temps de travail est l’une des pistes pour s’investir justement dans cette dynamique. Elle permettra d’accompagner sans choc social ces adaptations nécessaires des industries, et du travail. Qui plus est, le temps gagné par chacun avec la mise en place d’une semaine de 4 jours et/ou d’une réduction du temps de travail permettrait par exemple d’accélérer le développement d’initiatives citoyennes et responsables favorables au climat : plus de temps pour s’engager dans l’autoproduction alimentaire, pour mettre en place de nouvelles habitudes de consommation, de coopération….
Les services publics : un élément essentiel
Les services publics sont également un autre élément important. Ceux-ci jouent un rôle crucial dans la lutte contre les catastrophes climatiques. Un rôle préventif naturellement , mais aussi un rôle curatif. C’est en effet le travail des pouvoirs publics que de protéger tous les citoyens. On l’a constaté lors des récentes inondations qui ont impliqué les autorités communales, la police, les pompiers, les CPAS, l’armée, la protection civile. Lorsque les services publics subissent les coupes sombres de l’austérité, c’est la population la plus précarisée qui trinque en premier lieu laissant place à la solidarité des bénévoles là où les services publics devraient assurer les besoins essentiels de la population.
Financement public et fiscalité juste
Lorsque le système est mis sous pression, il devient encore plus clair pourquoi un financement solide, durable est plus que jamais nécessaire. Une fiscalité juste, reposant sur les épaules les plus fortes est nécessaire à cette fin. Ceux-ci jouent un rôle crucial pour éviter que les plus faibles soient frappés deux fois plus durement.
Les choix faits aujourd’hui par la société et les entreprises sont donc fondamentaux. Le basculement vers une économie neutre pour le climat est nécessaire pour assurer notre avenir et celui de nos enfants.
Le rôle du syndicat: sensibiliser, accompagner, encadrer
Mais quel rôle le syndicat joue-t-il à cet égard ? L’écologisation de notre économie transformera profondément les entreprises et par conséquent, les emplois et les conditions de travail et de rémunération. En tant qu’organisation syndicale, nous devons encadrer tous ces changements. C’est ainsi que nous devons prendre part au développement d’emplois durables et de qualité. Car il n’y a pas d’emplois sur une planète morte.
Le rôle de l’organisation syndicale est de sensibiliser et d’accompagner l’entreprise pour mettre en place des solutions privilégiant l’écologie et la préservation du climat, nous devons accompagner les entreprises vers une transition écologique en favorisant la formation des travailleurs, en aidant ceux-ci à se reconvertir et en réduisant l’impact sur l’emploi.
Le monde de demain a besoin d’activité économique. Mais il n’existera pas sans écologie, sans durabilité et sans services publics.