L’heure de reprendre la main sur l’énergie

L’heure de reprendre la main sur l’énergie

Quel est le point commun entre 9 des dix pays « champions » en matière de transition énergétique ?

Ces États possèdent —  en tout ou en partie  — un producteur public d’énergie renouvelable. “Partout dans le monde, des pays choisissent de garder sous contrôle public l’énergie éolienne, hydraulique, solaire et géothermique comme outil — en particulier ceux qui sont des leaders en matière de climat”, indique la campagne « We Own it », au Royaume-Uni, qui a établi ce classement. “La production d’énergie détenue par l’État peut accélérer la transition écologique tout en créant des emplois, en stimulant l’économie et en permettant au pays de réaliser des bénéfices.” Quid de la Belgique  ? Elle ne fait pas partie du top  10 précité… et ne dispose plus d’acteur public de l’énergie.

Des exemples ailleurs

Il est pourtant urgent de réinstaurer un contrôle public sur le secteur de l’énergie. De manière à garantir la sécurité d’approvisionnement et des prix abordables. Cela se fait ailleurs  : la Norvège détient 100  % de Statkraft, le plus grand producteur d’électricité d’Europe. La Suède détient 100 % de Vattenfall. Le Danemark, la Finlande,la Suisse, l’Autriche, l’Islande, la Nouvelle-Zélande et la France détiennent tous des parts d’entreprises productrices d’énergie renouvelable. Pas plus tard qu’en juillet, la Première ministre française, Élisabeth Borne, a annoncé que le pays envisageait de détenir à nouveau 100% d’EDF, au lieu des 84 % actuels. Deux tiers des Français sont raccordés à EDF. De même, en Allemagne, deux tiers de tous les résidents sont approvisionnés en électricité par des fournisseurs publics, opérant au niveau des villes.

Taxes

Le niveau des taxes et accises sur l’énergie, ainsi que sur les bénéfices réalisés par les producteurs et les distributeurs, est également un choix politique. En Belgique, il existe une taxe sur le nucléaire depuis 2008. Electrabel (Engie) et l’actionnaire minoritaire EDF doivent céder une partie des bénéfices réalisés sur les centrales nucléaires de Doel et Tihange. En raison des prix élevés du marché, elles génèrent actuellement des bénéfices importants. La CREG indique que les réacteurs nucléaires soumis à la contribution de répartition — Doel 3 et 4 et Tihange 2 et 3 — auront une marge bénéficiaire de 2,2 milliards d’euros en 2022. Une marge estimée à 1,3 milliard pour 2023 et 2024. La contribution serait alors de 712 millions pour 2022 et de 400 millions pour 2023 et 2024. Aujourd’hui, le taux de cette taxe est fixé à 38  % de la marge bénéficiaire. Un taux qui date de 2015, quand les prix étaient nettement plus bas qu’aujourd’hui. Il est temps de l’ajuster aux réalités.

L’accumulation illimitée de profits est incompatible avec l’avenir

L’urgence sociale est liée à l’urgence climatique. L’une comme l’autre ne pourra trouver d’issue que par une politique au service de l’intérêt général. Mais la solutionne reposera pas exclusivement sur la responsabilisation individuelle des citoyens. Et l’accumulation illimitée de profits privés est incompatible avec la société que nous devons construire. Tant sur le plan environnemental que sociétal. Au même titre que l’éducation, la santé, les transports…, l’électricité est un secteur stratégique et devrait être un service public. Il ne devrait donc pas être laissé dans les mains du privé, toujours guidé par la logique du profit.

“Nous exigeons un secteur énergétique national public pour garantir l’accès à des services de base payables. Une socialisation des coûts et une privatisation des bénéfices doivent être évitées à tout prix. Nous voulons un fournisseur d’énergie public qui, à terme, deviendra le seul fournisseur en Belgique. Éventuellement, en collaboration avec des coopératives qui fournissent l’énergie.”

Selena Carbonero, Secrétaire fédérale, FGTB

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