Métiers en pénurie, fonctions critiques | Il faut un cadastre de l’emploi à Bruxelles

Métiers en pénurie, fonctions critiques | Il faut un cadastre de l’emploi à Bruxelles

C’est toujours la même rengaine. À intervalles réguliers, la question de la pénurie de main d’œuvre dans tel ou tel secteur est instrumentalisée. Le but? Justifier des mesures plus strictes à l’égard des travailleurs sans emploi. Dernière sortie en date, celle de George-Louis Bouchez (président du MR) dans Le Soir. Il y réclame « des règles plus strictes » et des « sanctions » pour les demandeurs d’emploi de longue durée (plus de 2 ans) qui refuseraient deux formations ou deux emplois dans un secteur en pénurie. Ce type de proposition, syndicalement inacceptable, repose sur une conception tronquée et surtout incomplète de la réalité de l’emploi.

Actiris n’est pas omniscient…

A Bruxelles par exemple, l’Observatoire Bruxellois de l’emploi publie chaque année une liste des fonctions critiques, professions pour lesquelles les offres d’emploi sont difficiles à satisfaire. Cette liste est établie en se basant sur l’ensemble des offres d’emploi effectivement traitées par Actiris. Liste complétée par une consultation des acteurs de terrain (conseillers employeurs, fédérations patronales et Centre de références).

Or, l’établissement de cette liste repose sur des données incomplètes. Si la part des offres d’emplois traitées par Actiris suit une courbe ascendante depuis plusieurs années, la plupart des offres disponibles sur le marché échappe encore aux radars de l’organisme bruxellois. Rappelons qu’à l’heure actuelle, la majorité des recrutements se font encore via les réseaux de relation et la presse. Actiris n’a donc qu’une connaissance partielle des techniques de recrutement utilisés par les entreprises bruxelloises. Et, de manière générale, des mécanismes globaux qui influencent le « matching » entre travailleurs et employeurs sur le territoire bruxellois.

Pour y voir clair, un cadastre est nécessaire…

Pour enfin avoir une vision claire sur l’emploi bruxellois, la FGTB Bruxelles réclame de longue date un cadastre des emplois vacants à Bruxelles. Ce cadastre permettra d’avoir une vision claire sur les besoins des employeurs bruxellois. Et surtout sur les types d’emplois proposés aux travailleurs. Cette revendication primordiale sera à nouveau portée lors du prochain Sommet Social bruxellois, prévu ce 17 novembre.

Emploi de mauvaise qualité, exigences disproportionnées, discriminations…

La réalisation d’un cadastre sous l’égide d’Actiris serait utile tant pour les interlocuteurs sociaux que pour le Gouvernement régional. Cet exercice permettra d’objectiver réellement les difficultés de recrutement et les pénuries de main d’œuvre rencontrées sur le territoire bruxellois. Dans son baromètre de la qualité de l’emploi en région bruxelloise paru en décembre 2018, la FGTB Bruxelles pointait, derrière la baisse continue des chiffres du chômage bruxellois, une dégradation manifeste de la qualité de l’emploi. Dans beaucoup de secteurs, les difficultés de recrutement évoquées par les employeurs sont dues à des emplois de mauvaise qualité (mauvaises conditions de travail, pénibilité croissante des tâches, etc.), à des offres d’emploi aux exigences disproportionnées, et aussi au non-respect par les employeurs des obligations en matière de formation. La question des discriminations à l’embauche, particulièrement prégnante à Bruxelles mais difficilement quantifiable, joue également un rôle certain.

Forcer les travailleurs à choisir un mauvais métier? C’est non !

La FGTB Bruxelles se bat et continuera de se battre contre tous les discours et mesures politiques visant à considérer les travailleurs et travailleuses comme les principaux responsables des pénuries de main d’œuvre. Ces considérations sont d’autant plus inacceptables lorsqu’elles se basent sur une connaissance incomplète de la réalité.

Pour rétablir une vérité objective, nous espérons que le Gouvernement bruxellois prendra en compte notre appel à la réalisation de ce cadastre. Et qu’il rappellera également aux employeurs leur responsabilités. Lesdites « pénuries » seront également résolues par une amélioration globale de la qualité de l’emploi. Amélioration des conditions de travail, augmentation du salaire et remise en question des employeurs concernant les exigences du poste et le respect de leurs obligations en matière de formation des travailleurs. Si toutes ces conditions sont réunies, l’emploi bruxellois ne pourra en sortir que gagnant.

Poste vacant, fonction critique, métier en pénurie : de quoi parle-t-on ?

  • Un « poste vacant » est un emploi rémunéré nouvellement créé, non pourvu, ou qui deviendra vacant sous peu, pour lequel l’employeur cherche activement, en dehors de l’entreprise concernée, un candidat apte à occuper la fonction. Un poste vacant ouvert uniquement aux candidats en interne à l’entreprise n’est donc pas considéré comme tel. Avec 66% de l’ensemble des emplois vacants en Belgique, la Flandre est la région du pays qui en présente le plus grand nombre. Elle est suivie par la Wallonie (22%) et Bruxelles (12%).  
  • Les « fonctions critiques » sont des métiers pour lesquels les employeurs peinent à recruter. Les offres d’emploi sont moins facilement satisfaites et le délai de recrutement est plus long que la moyenne. Plusieurs raisons sont possibles pour expliquer cette situation. Problème quantitatif (trop peu de candidats), souci qualitatif (les candidats n’ont pas les bonnes qualifications), conditions de travail difficiles (travail lourd ou dangereux, horaires compliqués, statut précaire, rémunération faible).
  • Les « métiers en pénurie » (de main d’œuvre) sont un sous-ensemble des fonctions critiques. Il s’agit de métiers pour lesquels il n’existe pas un nombre suffisant de demandeurs d’emploi pour satisfaire l’ensemble des opportunités connues (problème quantitatif). Le critère varie selon les organismes régionaux de l’emploi : le Forem, par exemple, utilise un « indice de tension » (fixé à 1,5) pour distinguer les métiers en pénurie parmi les fonctions critiques : un métier est considéré comme en pénurie lorsque moins de 15 demandeurs d’emploi pour 10 opportunités d’emploi sont positionnés sur ce métier.  

2 réactions sur “Métiers en pénurie, fonctions critiques | Il faut un cadastre de l’emploi à Bruxelles

  1. Bonjour, Effectivement ce “cadastre” serait bienvenu.
    pousser les gens à faire un métier pour lequel il ne sont pas formé ou apte/compétent/talentueux c’est ce qui se fait depuis Des années et n’a fait qu’augmenter avec la précarisation de pas mal d’emplois depuis le début des “mesures” covid.
    Personnellement, j’ai vécu, par exemple, y’a 20 ans de cela, des menaces du CPAS de ne plus m’octroyer mon minimum d’existance parce que je refusais un emploi qu’ils me proposaient (m’imposer serait plus exacte)
    dans mon CV et dans mon dossier social, on peut voir que j’ai une bonne expérience en administration, en IT et que mon atout linguistique majeur est ma connaissance de l’anglais (père Américain). On peut lire aussi à l’époque, que je n’ai plus de contact avec ma famille et n’ai pas une jeunesse qui inspire la stabilité ou la communication aisée avec mes ainés familiaux. Ils voulaient m’obliger à travailler dans un home pour personnes agées… J’ai réussi à avoir gain de cause mais non sans mal, le syndicat m’a bien conseillé sur mes Droits sur le coup.
    Nous perdons de plus en plus nos “talents” vous savez, ces gens qui sont Doués dans ce qu’ils font et font du coup avancer Toute la société. et en plus, c’est la porte ouverte à tout ça de burn out et autre maladies physiques et spychiques car travailler dans un emploi où on est pas à sa place, au bout d’un moment ça pèse Lourd.

    Aussi, ce qui me choque le plus depuis 4-5 ans et qui s’est accentué avec la situation “covid”, quand je fouille les offres d’emploi (y compris sur le site d’Actiris), ce sont les exigences WTF dans les offres Exemple : pour être réceptionniste faut ; une voiture (go figure why?! alors qu’on va vers des villes “sans voiture”), proposé telle ou telle prime à l’embauche (qui est totalement indépendant de la volonté du travailleur et n’a Rien à voir avec ses capacités à répondre à la demande) et …
    être trinlingue parfaite, savoir faire de la comptabilité, du R.H. et de l’actionnariat en plus de répondre au tel. qui sonne toutes les 5 minutes, de s’occuper des offices supplies et de la prise de réunion, la logistique (réserver transports, hotels, restaurant)… Les employeurs exigent d’avoir 4 diplomes différents pour un salaire de “réceptionniste” (c’est à dire max. 1700 euros Net par mois). Un controle du contenu des offres pour éviter ces demandes disproportionnées devrait être fait.
    Un gestionnaire en ressources humaines n’est pas un comptable qui lui n’est pas une secrétaire qui elle n’est pas une concierge…
    Tous ces employeurs là, c’est Normal qu’ils ne trouvent pas chaussure à leur pied… Ils veulent engager une Seule personne pour occuper 4 postes differents… ah ça fait des économies coté cotisations employeur à l’ONSS! mais pour le travailleur c’est l’enfer au quotidien d’office.

  2. PS : petite pensée à nos courageuses infirmières, Réelle solution à la situation covid.
    Non seulement en 2 ans de mise sous les spots que le soin infirmier est ce qu’il Faut et Manque cruellement pour que nous sortions de cette situation, il n’y a toujours aucune Vraie mesure de prise pour valoriser cet emploi : réelle augmentation du salaire Net, par exemple, en proportion avec l’Extrême Nécessité/utilité de ce métier dans notre société. Mais en plus, aujourd’hui on menace le trop peu d’infirmières qu’on a sur le terrain de les virer si elles ne se font pas vacciner… Alors que la vaccination n’est Pas obligatoire comme celle de la polyo ou de la rage… et surtout que la vaccination n’empeche pas d’être contagieux ou de se retrouver à l’hosto…
    Je ne comprends pas comment nos politiques ont réfléchi sur le coup… autant en avril 2020, je comprenais tout à fait la “panique” et l’inconnue que nos politiques avaient tout autant que tout le peuple, autant là, après 2 ans, et tout ça de mesures qui dérogent le plus souvent à nos droits sociaux en démocratie, y’a toujorus Rien de chez Rien de fait pour avoir suffisamment d’infirmière pour faire face à l’afflux plus important au soins intensifs.
    Qui dit Soins INTENSIFS, dit un homme ou une femme qui s’occupe d’un patient Intensivement, aux petits oignons. Les machines, ne font pas la différence, les personnes qui prennent “soin” bien.

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