Impossible paix sociale

Impossible paix sociale

Voici quelques semaines, militants et militantes de la FGTB se réunissaient devant la Gare Centrale à Bruxelles. Une action symbolique, qui en appelle d’autres. La suivante a d’ailleurs lieu ce vendredi 24 septembre, jour de manifestation nationale à Bruxelles.
C’est dans la rue que le monde du travail dénoncera la loi sur la marge salariale, dite « loi de ‘96 ». Et il n’y aura pas de paix sociale possible sans une refonte complète de cette loi, dans l’intérêt des travailleurs et travailleuses.

L’AIP n’est plus négociable dans ce carcan

La loi sur la marge salariale accouchait il y a quelques mois d’un odieux rejeton : une augmentation maximale de 0,4 %. Une marge inacceptable, que la FGTB a refusée. Un « 0,4 » qui n’est que violence pour l’ensemble du monde du travail, qui est une gifle au visage de celles et ceux qui étaient, voici un an encore, « nos héros du quotidien ». Pour rappeler une nouvelle fois les chiffres : 0,4 % d’augmentation salariale maximale, c’est à peine 6 € bruts par mois pour les salaires les plus bas. Et seulement 9 € bruts par mois pour les travailleurs et travailleuses des métiers dits « essentiels ».

Au-delà des chiffres et des montants, c’est la loi, elle-même, qui est contestée par la FGTB. Il faut rendre de l’oxygène
à la négociation, et une réelle marge de progression aux salaires. Dans les faits, cette loi bloque les salaires, restreint les
recettes fiscales et parafiscales et provoque un sous-financement de la sécurité sociale et des services publics.
Il est plus que temps de prendre le problème à bras le corps : nous n’accepterons plus d’entrer dans le carcan imposé par la loi sur la marge salariale telle qu’elle existe aujourd’hui. Cette loi empêche les syndicats de négocier la part qui revient légitimement aux salaires des travailleurs et travailleuses.

La loi sur la marge salariale, pas pour tout le monde

La loi, par ailleurs, ne s’applique pas à tout le monde. Seul le monde du travail est concerné. Elle « modère » — en réalité « écrase » — les salaires, mais n’empêche pas les dividendes de s’envoler. Son article 14, qui prévoit la modération d’autres revenus, comme ceux du capital, n’est jamais appliqué. Les chiffres, ici encore, sont éloquents. En 2021, AB Inbev distribuera 1,01 milliard d’euros à ses actionnaires. Un montant calculé sur les bénéfices réalisés
en 2020, année de crise ! KBC : 1,02 milliard. Ahold Delhaize : 991 millions. Et la liste est longue. Alors, où est la crise ? Certainement pas dans le portefeuille de ces actionnaires. Pourtant ce sont bien les salaires que l’on s’évertue à modérer, bloquer, compresser. Il est temps de changer de point de vue. C’est pour contrer cette injustice que l’on sera tous ensemble, dans la rue, le 24 septembre. L’ombre des « 0,4 % » a plané sur les longues négociations du récent accord social. Il faut, aujourd’hui, changer la donne.

Nous mènerons campagne en ce sens, pour offrir de nouvelles perspectives à la négociation, et des augmentations
salariales dignes de ce nom. Rendez-vous en septembre, dans la rue.

Thierry Bodson, président et Miranda Ulens, secrétaire générale

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