Syndicats et climat : un seul front pour l’avenir

Syndicats et climat : un seul front pour l’avenir

Car le changement climatique est un défi commun pour les syndicats et les mouvements de défense de l’environnement.

Une transition juste créera de l’emploi

Une politique limitant le réchauffement à 2 °C créerait quasiment partout plus d’emplois qu’elle n’en supprimerait. C’est ce que conclut une étude de l’OIT. De même, plusieurs études spécifiques menées par l’UE ont fait apparaître des effets essentiellement positifs. Selon Eurofound, une politique ciblée sur 2°C mènerait à une croissance supplémentaire de l’économie européenne (+1,1%) et de l’emploi (+0,5%).

Les chiffres pour la Belgique sont similaires. Eurofound table sur une progression de l’emploi d’environ 1% (par rapport à un scénario de base) d’ici 2030 et sur une augmentation supplémentaire du PIB de plus de 2%.

Spécificité liée aux secteurs

Malheureusement et inévitablement, des secteurs spécifiques seront bel et bien impactés. En Belgique, d’ici 2030, 0,5% de tous les emplois seront appelés à glisser vers un nouveau secteur. Des analyses de l’OIT ont chiffré qu’il y aurait une croissance globale de l’emploi. Mais que l’on devait également s’attendre à des suppressions, notamment dans l’exploitation et le traitement du pétrole et du charbon.

Sortie du charbon : où en est-on ?

Les bénéfices de la transition qui, à long terme, seront largement partagés, impliquent des coûts spécifiques pour certains groupes et certaines régions qui doivent notamment fermer leurs centrales à charbon.

En Belgique, les dernières centrales au charbon ont disparu en 2016.

Au Pays-Bas, le monde syndical a décidé de soutenir un scénario de fermeture progressive, mais dans l’optique d’œuvrer pour la création d’un « fonds charbon ». Les mouvements de défense de l’environnement néerlandais plaident pour une fermeture rapide mais partagent cette revendication syndicale.

En Allemagne, plus de 30% de la production énergétique reste générée par des mines de charbon et de lignite. Un secteur qui procure de l’emploi à 69.000 travailleurs, essentiellement dans la région de la Ruhr. Ici, les avis sont partagés: plusieurs syndicats soutiennent, en principe, la transition, mais ont également soutenu la fédération des mines en 2015, dans la campagne de grande envergure menée contre un plan de sortie phasé. Finalement, en 2018, le gouvernement allemand a décidé de créer une commission composée d’acteurs issus de l’industrie, d’organisations environnementales, de syndicats et des pouvoirs publics. D’ici à 2030, la dernière centrale au charbon devrait fermer ses portes, avec une compensation pour les entreprises concernées, un plan de développement régional et un accompagnement pour les travailleurs et travailleuses.

Dans des pays comme la Pologne et la Bulgarie, les syndicats s’opposent fermement aux fermetures des mines et à une politique climatique plus large.

Afin d’atteindre nos objectifs climatiques et de garantir nos emplois, nous devrons adapter d’ici peu nos structures de production et de consommation. Le défi écologique pourrait donc faire le pont entre les organisations de défense de l’environnement et les syndicats. Il faut arrêter d’opposer les luttes, pour les rendre cohérentes dans l’intérêt du plus grand nombre. Ce n’est pas une utopie de gauche, mais une opportunité que nous ne devons pas laisser passer.

‘Just transition’

Depuis les années 70, dans les milieux syndicaux, on travaille pour dépasser ces oppositions. Plus particulièrement dans le contexte de la transition juste : un concept qui a vu le jour au sein du syndicat OCAW (Oil Chemical and Atomic Workers Union). Il a ensuite été repris par d’autres syndicats américains et canadiens. Avec plusieurs organisations environnementales, ils ont fondé en 1997 la Just Transition Alliance. Pour la première fois, on évoquait l’idée d’une transition juste, dans sa contribution à la conférence de Kyoto en 1997. En 2010, la CSI adoptait une résolution sur la lutte contre le changement climatique via une croissance durable et une transition juste. La CES adoptait sa résolution ‘Rio+20’.

Petit à petit, des collaborations se sont développées en Europe. Citons la Coalizione Clima (2015) en Italie, la Alianza por el Clima (2015) en Espagne, la Klima-Allianz (2007) en Allemagne, le Forum européen Right to Energy (2019). En Belgique, il y a également eu plusieurs initiatives. Avec notamment Arbeid & Milieu (en 1987) et la Coalition Climat (2008), dont la FGTB fait partie.

Syndicats et climat : le dialogue social joue-t-il son rôle ?

De nombreux syndicats ont publié des rapports écrits en collaboration avec les mouvements de défense de l’environnement. En Belgique, la politique liée au climat est abordée à différents niveaux de pouvoir. On peut cependant regretter le peu d’impact concret de cette politique. Et le fait que les organes de concertation sont parfois démantelés ou vidés de leur substance.

Ailleurs, des instances existent, et elles impliquent les interlocuteurs sociaux. La France par exemple organise depuis 2007 le Grenelle de l’Environnement. Au Royaume Uni, ‘Unionlearn’, du TUC, contribue à faciliter les partages de compétences « vertes » entre syndicats, organisations locales de la société civile, pouvoirs publics et entreprises. Le but: verdir TOUS les emplois d’ici 2050. Ni plus, ni moins.

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