COP26: la transition juste, trop absente

COP26: la transition juste, trop absente

La transition juste implique que « les travailleurs occupent une place centrale. L’on est attentif au dialogue social et à la participation » de toutes et tous.

Sacha Dierckx

Jusqu’au 12 novembre dernier, tous les regards étaient tournés vers la ville écossaise de Glasgow, où se tenait la 26ème conférence climatique des Nations Unies (COP26). Chaque COP est l’occasion, pour les pays du monde entier, de chercher des solutions au dérèglement climatique. Une délégation FGTB était présente et a suivi les travaux et débats sur place.

Sacha Dierckx, conseiller économique au service d’études FGTB, rappelle que la transition climatique doit être une « transition juste ». Qu’est-ce que ça veut dire ? « Dans ce schéma, les travailleurs occupent une place centrale. L’on est attentif au dialogue social et à la participation de toutes et tous. On veille à obtenir une meilleure protection sociale, des emplois “verts” de qualité. Un enseignement et des formations adaptées aux enjeux et des investissements publics dans des solutions socialement justes. »

Transition juste: un concept absent

« Ce concept faisait totalement défaut dans le discours du Premier Ministre Alexander De Croo à Glasgow », poursuit Sacha Dierckx. « Il a surtout évoqué des innovations technologiques pour gagner la lutte contre le changement climatique. C’est une politique qui n’est pas suffisante , et qui est dangereuse. Surtout qu’il n’est pas encore certain qu’elles existeront. »

La Belgique mauvaise élève

En tout état de cause, notre pays a fait mauvaise figure à Glasgow. Notamment parce que les différents niveaux de compétences ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur leurs ambitions climatiques.

« Les pouvoirs publics flamands ont été particulièrement montrés du doigt car ils ont avancé un plan de réduction des émissions de CO2 de 40% d’ici 2030. C’est nettement trop peu, mais en plus, la politique climatique sociale a été ‘oubliée’. Le plan ne contient aucun gros investissement dans les transports en commun. Alors que pendant des années, on n’a cessé de vider de sa substance la société de transport De Lijn. Ce plan ne prévoit pas non plus d’augmenter sensiblement le nombre de logements sociaux à faible consommation énergétique. Ni de gros investissements dans la rénovation collective et l’énergie renouvelable. »

Que retenir de la COP 26 ?

Plus personne ne s’attend à des mesures révolutionnaires à la COP. L’on peut néanmoins souligner plusieurs signaux positifs. L’accord final, signé par 197 pays, contient l’ambition de limiter le réchauffement de notre planète à 1,5 °C. Le but est multiple: réduire l’utilisation du charbon, faire fortement diminuer les émissions de CO2, fermer le robinet pour les subsides « induisant la pollution » et arrêter la déforestation d’ici 2030.

Il reviendra à la société civile au sens large d’obliger les gouvernements du monde entier à prendre des mesures concrètes. Comme dans toutes les luttes sociales.

Forum des Objectifs de développement durable

Le forum des objectifs de développement durable (ODD), qui était placé sous le signe de la transition verte, avait lieu en septembre. Ce forum était organisé par 20 organisations partenaires, dont des décideurs politiques, des entreprises, des ONG et des personnes issues du milieu académique. Le message de la FGTB y a été clair : des mesures s’imposent non seulement pour freiner le réchauffement de la planète, mais aussi pour encadrer les conséquences sur l’activité économique et l’emploi. Le coût de la transition écologique doit être réparti équitablement et ne doit pas être répercuté sur les premiers insécurisés impactés par l’incertitude provoquée par la crise financière et sanitaire : les travailleurs.

Coalition climat

La FGTB fait aussi partie de la Coalition climat, une asbl nationale qui regroupe plus de 80 organisations environnementales, Nord-Sud, conseils jeunes, mouvements citoyens et autres. Elle a pour mission de faire pression sur les décideurs politiques. Une pression nécessaire quand on sait que notre pays reste le cancre de la classe européenne. La Belgique n’est pas membre de la “High Ambition Coalition”, une coalition de pays qui se bat pour une politique climatique plus ambitieuse. Elle n’a annoncé aucun montant concret pour le financement climatique international en faveur des pays en développement. Et il n’y a toujours pas d’accord entre les différentes régions et l’Etat fédéral sur la réduction des émissions de CO2 de 47% d’ici 2030.

Au-delà du greenwashing

Au Forum des ODD, les entreprises s’octroient chaque année une image écologique. Essayons d’aller au-delà de ce marketing vert. S’il faut saluer les initiatives syndicales prises par et pour nos délégués, telle que le Guide d’actions concrètes pour la réduction des déchets et de la consommation énergétique dans le secteur hôtelier bruxellois, il ne faut pas être dupe.

Beaucoup de multinationales produisent des « biens et services verts » en violant le droit à la représentation syndicale de leurs salariés, en les soumettant à des statuts hybrides et précaires… Faire de l’économie verte, c’est bien. Mais le pilier social ne peut devenir le parent pauvre de l’ODD.

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