Nous étions 15.000 dans les rues de Bruxelles pour réclamer la révision de la loi sur la norme salariale. 15.000 à scander notre indignation face à une loi injuste, qui nuit à la liberté de négociation. Une liberté qui est pourtant au cœur du mouvement syndical. La juste négociation des conditions de salaire doit revenir entre les mains du monde du travail, et ne peut être limitée par une norme impérative restrictive et inadaptée aux réalités actuelles.
Travailleurs pauvres, ou presque
En Belgique, nombre de travailleurs et travailleuses ne gagnent pas assez d’argent pour mener une vie digne, et pour couvrir tous les besoins de leur famille. Pour eux, aucun filet de protection face aux aléas de la vie. 4,2 % des travailleurs actifs étaient dans cette situation en 2020 (source Statbel). Ce chiffre augmente considérablement en cas de travail à temps partiel, statut précaire, ou encore dans les familles monoparentales avec enfants dépendants (jusqu’à 29 %).
2 millions de Belges sur la corde raide
La Confédération européenne des syndicats (CES) vient par ailleurs de publier le constat suivant : 8,4 % de ces « travailleurs pauvres », dans notre pays, ne peuvent plus aujourd’hui, se permettre d’allumer le chauffage. La flambée des prix de l’énergie vient en effet grever le budget déjà court de ces ménages, en ce début d’automne. Toutes situations confondues, 14,1 % de la population belge connaissait en 2020 un risque de pauvreté lié au revenu net. Avec d’importantes disparités régionales. Le critère appliqué pour mesurer ce risque de pauvreté est le seuil de 60 % du revenu net médian. Concrètement, cela signifie que 14,1 % de la population belge vit dans un ménage ne disposant pas d’un revenu de 1.284 € net par mois pour un isolé, ou 2.696 € net par mois pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants (Statbel).
Plus de 2 millions de Belges vivent avec le risque permanent de basculer dans la précarité, ou l’exclusion sociale. Une insupportable incertitude.
L’indécence de la norme
Au vu de ces chiffres, l’indécence d’une norme salariale maximale et impérative apparaît d’autant plus flagrante. En face : les bénéfices plantureux de nombreuses entreprises, et les milliards accordés aux actionnaires, au beau milieu d’une crise sanitaire et économique sans précédent. Pour eux, pas de norme, pas de camisole de force.
La loi sur la norme salariale doit changer, et refléter la situation socio-économique actuelle. L’ensemble des travailleurs et travailleuses doit pouvoir mener une vie digne. Sans cumuler deux petits boulots, ou se priver de chauffage ou de soins de santé. C’est pour cela que nous étions 15 000 dans les rues de Bruxelles, le 24 septembre. Et que nous y serons encore, dans l’avenir, si nous n’obtenons pas gain de cause. Nous l’avons dit : il n’y aura plus d’AIP, ni de paix sociale, sans un vrai changement, dans l’intérêt du monde du travail.
Thierry Bodson, Président & Miranda Ulens, Secrétaire générale