Fight for $15, Fight for 14€ | 10 années de lutte pour un salaire décent

Fight for $15, Fight for 14€ | 10 années de lutte pour un salaire décent

Le 29 novembre, cela faisait 10 ans que la première action a été menée aux Etats-Unis dans le cadre de la campagne Fight for 15$. Exactement à la même date en 2017, la FGTB reprenait la revendication de l’augmentation du salaire minimum à 14 euros.  Dans notre magazine numérique, nous mettons cette campagne à l’honneur.

Un peu d’histoire

Retour en 2012, New York. Plus de 100 travailleurs de Burger King, McDonald’s, Pizza Hut et d’autres chaînes de restauration rapide à New York font grève pour des salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail et le droit de créer un syndicat. Cette grève constitue la base pour un mouvement national en vue d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars par heure. Grâce à une forte mobilisation et une communication attrayante, ces travailleurs atteignent leur objectif dans plusieurs États américains.

Le 1er mai 2018, la FGTB Horval lance la campagne Fight For 14€ (une conversion des 15$) en partant de l’idée que cette campagne pourrait obtenir un fort soutien auprès de la population. Pour l’augmentation du salaire minimum, tout comme aux Etats-Unis, l’idée est de mener une campagne cohérente à ce sujet. D’autres centrales FGTB se rallient et ensemble, elles font de la campagne Fight For 14€ une marque forte.

Une lutte qui continue

Cet anniversaire est le meilleur moment pour passer en revue les actions entreprises, pour – qui sait – apprendre des expériences des nombreuses personnes qui ont été impliquées dans cette large campagne. C’est également le moment idéal pour regarder vers l’avenir. Car la lutte pour un salaire décent n’est pas terminée.


Regard sur le secteur du commerce

« Demain, il ne doit plus être question de travailleurs pauvres »

Myriam Delmée (Présidente du SETCa) & Johan Van Eeghem (Secrétaire fédéral SETCa)

« Dans le secteur du commerce, la majeure partie des travailleurs ont un très petit salaire. Bon nombre sont à temps partiel, souvent des femmes. Quand vous vous retrouvez avec un salaire net de 1.300€ pour un 24h/semaine – ce qui est le contrat de base dans le commerce – vous ne vous en sortez tout simplement pas« , indiquent Myriam Delmée et Johan Van Eeghem.


« Ce constat, il est pareil dans le secteur des maisons de repos. Des salaires bas, des temps partiels féminins, la galère pour joindre les deux bouts à la fin du mois… La situation s’est encore aggravée ces derniers temps avec l’explosion des prix de l’énergie et dans les magasins. Avec un tel revenu mensuel, comment faites-vous pour pouvoir payer une facture de gaz exponentielle ? Comment faites-vous pour en même temps, payer votre loyer, vous nourrir, acheter les biens de première nécessité ? La réalité est que dans de trop nombreux secteurs, les travailleurs sont des travailleurs pauvres. Le salaire minimum est insuffisant pour leur permettre de vivre dignement. C’est intolérable. Un salaire de € 14 de l’heure ou € 2.300 bruts par mois est le minimum vital. Nous continuerons à poursuivre notre lutte et nos efforts pour réaliser cette revendication essentielle. Chacun doit pouvoir vivre des fruits de son travail. Aujourd’hui et demain, il ne doit plus être question de travailleurs pauvres! »

Fight for 14€ en images


Dans les transports aussi

Tom Peeters – Secrétaire fédéral adjoint UBT Transport routier & Logistique, nous parle de cette campagne. « Fight for 14€ touche à un sujet crucial pour nous à l’UBT. Si nous voulons pallier le manque de chauffeurs – et d’autres métiers en pénurie dans le secteur du transport – les salaires dans ce secteur doivent augmenter de façon exponentielle. Les employeurs qui ne voient pas cela sont aveugles. Depuis presque  20 ans, le métier de chauffeur de camion est un métier en pénurie. L’âge moyen du chauffeur de camion belge est de 55 ans. Depuis des années, ces gens doivent travailler plus de 60 heures par semaine pour avoir un salaire décent. Accorder un salaire plus élevé permettra non seulement au chauffeur de prester moins d’heures, mais aussi d’avoir un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle. Les chauffeurs seront mieux reposés, la sécurité routière sera mieux garantie. Et le secteur redeviendra attrayant. Nous poursuivrons nos actions en 2023 dans le cadre de cette campagne! »

Témoignage d’un délégué du transport

“Si on ne paie pas d’urgence des salaires plus élevés dans le secteur, l’économie s’arrêtera, car il n’y aura plus de chauffeurs pour transporter les produits. Si je vois dans mon entreprise le peu de jeunes chauffeurs de camions qu’il y a, ce scénario catastrophe n’est plus irréel ».

Erik Weckx, chauffeur chez Altrea

Plus de salaire, moins de pénurie

Pour les Métallos de la FGTB, le combat pour des salaires décents, et évidemment le combat mené au niveau de l’interpro pour atteindre un salaire à minimum 14 €, fait partie intégrante des revendications essentielles de l’organisation. « Lors des dernières négociations sectorielles, nous avons particulièrement bataillé pour une augmentation significative du salaire minimum dans le secteur du métal. »

Pour Hillal Sor, secrétaire général FGTB des métallos Wallonie-Bruxelles, cette question du salaire minimum était un point crucial. « Il était nécessaire que le secteur offre des salaires plus attractifs face aux pénuries de main-d’œuvre dans certains postes, comme ceux des électromécaniciens. »

Le secteur du métal a obtenu une hausse progressive à 13€/h en 2022, puis deux hausses de 0,26€, en plus de l’indexation, d’ici 2026. À cet horizon, le salaire minimum atteindra donc 15€/h. « Même si nous pouvons nous réjouir de pouvoir conclure de tels accords, notre combat pour un changement de la Loi de 96 qui fixe la marge salariale reste une autre priorité absolue aux fins de défendre un meilleur pouvoir d’achat.« 

« Renforcés dans notre conviction que nous devons poursuivre le combat »

La Centrale générale – FGTB a également toujours soutenu la campagne pour l’augmentation du salaire minimum. Pour plusieurs secteurs où les travailleurs gagnaient à peine 10 euros de l’heure à l’époque, le but de 14 euros de l’heure aurait signifié une amélioration significative de leur niveau de vie. Aujourd’hui encore, les travailleurs de bon nombre de ces secteurs doivent lutter pour garder la tête hors de l’eau.


Geoffrey Goblet, secrétaire général de la Centrale Générale – FGTB

« Avec la campagne de Fight For €14, la FGTB a remis l’augmentation du salaire minimum au cœur de l’agenda social. La pression exercée de toutes parts sur notre pouvoir de vivre à l’heure actuelle démontre à quel point notre lutte est nécessaire. Cela renforce notre conviction que nous devons poursuivre le combat. »

— Geoffrey Goblet


Vanessa, déléguée CG | « Avec la hausse des prix, notre salaire n’est plus suffisant »

« Avec la flambée des prix de l’énergie, les salaires ne peuvent évidemment pas être laissés pour compte. Dans le secteur des titres-services, grâce en partie à l’indexation automatique des salaires et la combativité des travailleuses, les 14 euros sont presque atteints. Bien sûr , la lutte pour des salaires décents continue.

Vanessa, aide-ménagère : « Je travaille dans le secteur des titres-services et je gagne 13,64 euros brut de l’heure. Ça fait donc presque 14 euros de l’heure. Hourra ? Pas vraiment. Nos salaires, avec la hausse des prix actuelle, sont sous pression. Les 14 euros restent importants, mais dans ces circonstances, ce n’est pas suffisant pour vivre décemment. C’est pourquoi nous continuons à nous battre pour obtenir plus, pour une véritable augmentation des salaires au-delà de l’index. »


De plus en plus de sens

Cette campagne, menée par les Centrales de la FGTB depuis maintenant 4,5 ans, nous aide à négocier des augmentations du salaire minimum au niveau interprofessionnel. Elle a notamment contribué à l’élever de 80,95€ en avril 2022.

On l’a toujours dit : 14 euros bruts de l’heure, soit 2 300 euros bruts par mois, c’est le minimum pour vivre dignement.

Les travailleurs et travailleuses qui ne les atteignent toujours pas, nous le confirment. Cette campagne prend encore plus de sens aujourd’hui avec l’explosion des prix de l’énergie et du coût de la vie.

Thierry Bodson, Président de la FGTB

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Une réaction sur “Fight for $15, Fight for 14€ | 10 années de lutte pour un salaire décent

  1. Je suis jeune chauffeur poids lourds, et je suis très content de voir quelqu’un qui comprends enfin ce qui se passe et se qui se passera dans le secteur! Quel jeune aujourd’hui a envie de cette vie de chauffeur … aucun c-à-d qu’un jour ou l’autre il faudra remplacer les anciens chauffeurs actuels qui partiront à la retraite… cela veut donc dire, comme vous l’avez compris, que la relève n’est PAS assuré! Et sans le transport routier (dernier maillon de la chaîne des transports) l’économie d’un pays ne peut pas fonctionner …

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