Edito | Syndicaliste, nom féminin

Edito | Syndicaliste, nom féminin

Mois de mars, mois des droits des femmes ! En ce moment, votre Magazine Syndicats fait la part belle aux portraits et interviews de femmes syndicalistes, engagées, militantes. Vous découvrirez des parcours parfois atypiques, mais toujours mus par le même objectif : la justice sociale pour toutes et tous.

Le lien entre femmes et syndicat n’a pas toujours été évident. Les premiers mouvements ouvriers étaient, à l’origine, une affaire d’hommes. Et pour cause : au 19e et début du 20e siècle, le travail des femmes, s’il existe bien, n’est pas bien considéré. Loin s’en faut. « Le rôle de la femme comme ménagère et mère était tellement ancré dans les mentalités que son retour au foyer était considéré comme un progrès social et une revendication syndicale importante. La priorité devait être donnée à l’augmentation des salaires masculins de manière à ce qu’ils deviennent suffisants pour répondre aux besoins financiers de chaque ménage », nous indique l’analyse « Femmes et syndicats », publiée en 2017 par les FPS (Soralia).

Fort heureusement, cette vision – littéralement et figurativement – d’un autre siècle a évolué. Avec le temps et l’avancée des luttes sociales et féministes, les femmes prennent une place de plus en plus importante sur le marché du travail, et par conséquent au sein du mouvement syndical. Le travail des femmes devient outil d’émancipation, d’indépendance financière. De liberté. Dès la seconde moitié du 20e siècle, les femmes joueront un rôle actif et moteur dans les cercles syndicaux.

Aujourd’hui ? La FGTB compte à peu près 45% de femmes parmi ses affilié.e.s. Son Secrétariat compte quatre femmes et trois hommes. Chaque combat, chaque revendication tient compte de la dimension « genre », depuis plusieurs décennies. Plus généralement, au niveau de l’emploi, 68,4% des femmes de 20 à 64 ans travaillent, en Belgique (Statbel, dernier trimestre 2O22). La voix des femmes se fait entendre et se libère sur de nombreux thèmes.

Peut-on se réjouir ? Oui, certainement. Chaque pas dans la bonne direction nous mène vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes. Peut-on crier victoire ? Non. Car les injustices restent criantes. L’écart salarial reste une réalité. Les femmes sont souvent cantonnées dans des métiers ou des positions moins bien payés. Une étude publiée par ETUI indique que la « féminisation » de métiers auparavant dominés par les hommes découle généralement sur une baisse de la rémunération et une dévalorisation du statut de ces professions. Les temps partiels (souvent non choisis) restent occupés, en grande partie, par les femmes. Le très injuste « statut cohabitant » coûte également cher aux femmes. Au sein des maisons, les tâches de ménage et de soin restent souvent attribuées aux mères, épouses, filles. Enfin, les pensions les plus basses sont généralement féminines.

Ce n’est pas tout. Chez nous et ailleurs dans le monde, des politiques antisociales et violentes tentent de faire reculer les droits des femmes. Y parviennent, parfois. Les récentes attaques au droit à l’avortement aux Etats-Unis n’en sont qu’un exemple. En Europe, on voit grimper la popularité de l’extrême droite, qui n’hésite plus à placer des femmes à ses postes stratégiques pour attirer un nouvel électorat. Mais si l’image semble plus douce, le propos ne l’est pas : l’extrême droite est, et sera, l’ennemie de l’émancipation des femmes, des minorités, du monde du travail.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, le travail syndical doit se poursuivre. Les femmes, travailleuses, déléguées, actrices de la lutte sociale – et leurs alliés de tout/s genre(s) – ont un rôle essentiel à jouer. Car l’égalité, c’est essentiel pour toutes et tous.

  • Miranda Ulens, Secrétaire générale FGTB
  • Caroline Copers, Secrétaire générale Vlaams-ABVV
  • Estelle Ceulemans, Secrétaire générale FGTB-Bruxelles
  • Selena Carbonero, Secrétaire fédérale FGTB

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