Femmes au Maroc: l’importance du travail social et solidaire

Femmes au Maroc: l’importance du travail social et solidaire

Un article proposé par notre partenaire Solsoc

Le travail est un outil fondamental pour l’émancipation des femmes. L’indépendance économique est une clé pour gagner en autonomie dans la société. Ce concept prend une importance cruciale dans des contextes où le système patriarcal est encore très présent. Comme c’est notamment le cas au Maroc. En particulier dans les périphéries des villes et dans les zones rurales du pays.

A Casablanca, les femmes des quartiers populaires doivent faire face à deux types d’obstacles dans leur vie quotidienne : ceux liés au contexte économique précaire dans lequel elles vivent, mais aussi les barrières imposées par une société conservatrice et traditionnelle, qui limite l’autodétermination des femmes. Dans ce cadre, l’accès au monde du travail et l’obtention d’un emploi décent représentent un véritable défi.

Le rôle des associations de quartier

Dans le contexte appauvri de la périphérie urbaine, les associations de quartier peuvent jouer un rôle déterminant dans la vie des personnes les plus précarisées, en les accompagnant à travers des formations et des projets professionnels. C’est le cas de l’association féministe AFAQ (Action Femmes des Associations de Quartiers du Grand Casablanca), qui travaille à Casablanca avec le soutien de Solsoc. AFAQ met en place un « travail de proximité », afin de renforcer l’autonomie des femmes et la démocratie participative, et cela à partir des territoires où se concentrent les problèmes. L’objectif : construire la démocratie en partant de la base, répondre aux attentes de la population, répartir la parole, promouvoir des espaces de concertation dans les quartiers populaires, remonter les préoccupations auprès des décideurs politiques et suivre ensemble les politiques publiques en matière de genre et de droits socio-économiques. 

AFAQ soutient aussi la mise sur pied d’activités économiques par et pour les femmes dans le cadre de l’économie sociale et solidaire, en particulier avec celles qui sont le plus exclues de la société marocaine. C’est-à-dire les femmes célibataires, veuves, anciennes détenues (en particulier pour des affaires de mœurs : relation hors mariage, ayant pratiqué l’avortement, etc.). La manière de penser et de développer ces projets économiques se base sur la solidarité. Les femmes se mettent en réseau, créent un projet, peuvent avoir accès à des formations spécifiques, demandent des petits financements, et grâce à l’entraide, parviennent à créer de véritables activités professionnelles. De plus, l’association prévoit des cours de communication, de gestion administrative, des ateliers de coaching, et encourage ses membres à prendre conscience de leurs droits.

Les femmes des quartiers populaires peuvent alors s’émanciper, notamment par le travail et obtiennent des revenus suffisants pour prendre en charge leur famille. Elles sont fières des résultats obtenus et deviennent des modèles dans leur quartier.

Histoires des travailleuses

À la base des histoires que Solsoc a recueillies lors de sa dernière mission au Maroc, il y a toujours le partage de valeurs communes et la capacité des femmes à faire face ensemble aux difficultés qu’elles rencontrent.

Rachida, une femme qui a ouvert un institut de beauté et de formation dans le quartier Bournaville à Casablanca, raconte son parcours :

“J’ai fait des études de coiffure et d’esthétique à l’âge de 18 ans et je me suis mariée à 19 ans. Après 7 ans de mariage, j’ai divorcé. J’avais des problèmes avec mon ex-mari, il ne payait pas la pension alimentaire… Je ne trouvais rien à faire donc je suis revenue à mon projet initial, car je savais que j’avais un métier entre les mains, j’ai appris en passant d’un salon à l’autre. J’ai eu l’idée d’ouvrir mon propre salon parce que j’avais une fille et j’étais obligée de travailler.

À travers des connaissances, j’ai rencontré AFAQ en 2014. Mon salon a été créé en 2018 avec moi et 7 autres femmes. C’était difficile au départ, car nous n’avions pas d’aide ni de soutien, nous nous sommes cotisées pour acheter le matériel. Chaque femme a économisé une somme et tout était fait sur le principe d’entraide. AFAQ nous a aidées pour acheter le matériel et également quand nous avons eu des problèmes administratifs… Depuis mai 2022, nous avons accès à une protection sociale.”

Des femmes dans des métiers “d’hommes”

Au-delà des histoires individuelles, c’est également des succès collectifs qui sont à mettre en avant, comme celui de ce groupe de femmes qui a ouvert une petite coopérative de menuiserie, un métier pourtant traditionnellement réservé aux hommes :

“Au début, c’était difficile de se former à la menuiserie, il n’y avait pas de formation pour les femmes. Les hommes ne voulaient pas que les femmes touchent les machines. Dans ce projet, initié en 2019, nous avons eu l’occasion d’avoir accès à un apprentissage efficace et pointu, et à un accompagnement pour créer notre propre coopérative. Pour l’instant, nos revenus sont satisfaisants, mais instables parce que c’est un petit atelier et que les commandes sont aléatoires. Dans les prochains mois, nous allons avoir quelques nouveaux outils et des machines à coudre. Avec ce travail physique, nous sommes capables de faire sortir les émotions négatives. Certaines d’entre nous ont même pu arrêter de prendre leur traitement pour maladie chronique tellement elles se sentaient mieux.”

Un espace pour les femmes

En plus d’avoir un impact concret sur la vie des nombreuses femmes qui gravitent autour de ce type d’activité, ces associations jouent également un rôle important pour l’ensemble du quartier. Par exemple, en revendiquant une série d’améliorations concrètes, notamment l’occupation de l’espace public, auprès des pouvoirs locaux, comme dans ce projet d’aménagement d’un parc abandonné au sein d’un des quartiers soutenus par AFAQ.

En effet, le but de ces activités associatives n’est pas seulement l’amélioration des conditions individuelles des femmes, mais de la position des femmes dans la société, en aidant à former des femmes leadeuses, capables de se faire entendre dans le débat public.

Une exposition photographique qui met en lumière ces projets féminins d’économie sociale et solidaire sera présentée par Soralia et Solsoc au Festival des Solidarités de Namur (25-26-27 aout 2023). Pour plus d’info : ibassetto@solsoc.be

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