Delhaize : un conflit emblématique

Delhaize : un conflit emblématique

Un billet du SETCa

Au moment où nous rédigeons cet article, le 1er mai est tout juste derrière nous. Un jour historique où nous nous souvenons des combats acharnés de nos ancêtres, qui ont permis d’obtenir des droits sociaux élémentaires, comme l’obtention de la journée de 8h, du repos dominical ou encore les premiers congés payés.

C’est aussi une journée de lutte et de rassemblement pour rappeler qu’il faut continuer à défendre nos conditions de travail et à tendre vers plus de progrès social pour tous. Aujourd’hui, plus que jamais, nous voyons à quel point les conditions de travail sont mises sous pression et à quel point les travailleurs sont traités comme des marchandises.

Un capitalisme débridé

Le cas Delhaize est révélateur de cette situation. Depuis le 7 mars dernier, les travailleurs y mènent un combat acharné pour défendre leurs droits et leurs conditions de travail. Face à eux, une direction inflexible. Qui a décidé unilatéralement d’imposer la mise sous franchise des 128 magasins intégrés du groupe. Les tentatives de conciliation n’ont permis d’aboutir à aucune ouverture jusqu’à présent.

Il s’agit là d’un conflit emblématique, car il est l’exemple même d’un capitalisme débridé et arrogant, où l’on traite les travailleurs comme des marchandises. Une multinationale, dont les actionnaires touchent chaque année des millions d’euros de dividendes, qui n’est pas déficitaire, décide du jour au lendemain de transférer son personnel auprès de petits indépendants, dont la commission paritaire est bien moins avantageuse.

La démarche de Delhaize est une restructuration cachée où l’on parcellise l’entreprise au nom du profit. 

Il s’agit d’un conflit emblématique, car il atteint le summum en ce qui concerne le mépris de la concertation sociale : la direction refuse tout dialogue et campe sur ses positions. Elle n’hésite pas à casser les actions de grève en faisant appel à des huissiers et à la police, en recourant à la justice via l’introduction de requêtes unilatérales. Et la justice abonde dans leur sens.

Le droit de grève en danger

C’est le principe même du droit de grève qui est aujourd’hui mis en péril. Un droit pourtant fondamental depuis 1866. Il est reconnu par la Charte sociale européenne du conseil de l’Europe et pour lequel nos ancêtres se sont battus, parfois au péril de leur vie. Les fondements mêmes de notre démocratie sont en danger.  

Ce conflit est révélateur de la dégradation des conditions de travail, de l’ubérisation des conditions de travail. Nous le constatons dans tous les secteurs.

Les employeurs en exigent toujours plus. Plus de flexibilité, de polyvalence, de charge de travail, en voulant en donner toujours moins. Et en tentant au passage d’écarter du jeu les organisations syndicales. Elles sont pourtant une protection essentielle pour pouvoir continuer à défendre collectivement les droits et les intérêts des travailleurs, acter cela dans des conventions sectorielles ou d’entreprise.

Seul, un travailleur se retrouve isolé face aux dérives éventuelles de son employeur. Ensemble, on est plus forts pour se faire entendre. Le droit à la représentation syndicale est un droit fondamental.

Le combat paie

Les travailleurs de Delhaize ont en tout cas fait preuve d’une immense détermination et d’un grand courage. Et nous venons encore de le voir récemment dans une autre entreprise : ING.

Le 10 février dernier, notre délégué principal SETCa était injustement licencié pour faute grave par une direction qui n’avait pas hésité à consulter illégalement les mails de délégués pour créer un climat de peur. Le SETCa a introduit un recours en justice auprès de la chambre néerlandophone du tribunal du travail de Bruxelles. La banque est déboutée sur toute la ligne. Nous nous réjouissons de cette victoire tant la sanction était injuste.

C’est bien la preuve que le combat paie. Pour le SETCa, il faut toujours négocier si possible et passer à l’action s’il le faut. Dans le cas de Delhaize, nous n’avons d’autre choix que de résister. Delhaize n’est pas une entreprise en difficulté. Les travailleurs sont sacrifiés au profit des actionnaires. L’enjeu ne se limite pas à ces travailleurs ni aux conditions de travail, loin de là. Si nous laissons faire cela aujourd’hui, demain, c’est la porte ouverte à des dérives similaires dans d’autres entreprises, d’autres secteurs. Nous ne devons jamais permettre cela.

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