Transition climatique : et si on pensait aux emplois de demain ?

Transition climatique : et si on pensait aux emplois de demain ?

À l’heure où la transition climatique et environnementale est une évidence – et une urgence ! -, ses conséquences sur l’emploi sont trop peu anticipées par les pouvoirs publics. C’est une des conclusions d’une récente étude du SPF Santé et Environnement. Une étude que feraient bien de consulter les gouvernements fédéral et wallon, dont les préoccupations sociales et environnementales sont à l’image de la présence du Premier ministre à la COP 30 pour le climat : inexistantes.

L’étude publiée par le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement met entre autres en évidence le manque d’anticipation des politiques d’emploi et de formation par rapport aux besoins futurs de la transition climatique.

Les auteurs révèlent en effet une déconnexion importante entre les conclusions des travaux de prospective en la matière et les réalités de terrain au niveau de l’emploi, de la formation et de l’enseignement. Les politiques publiques dans ces matières seraient enfermées dans des logiques
court-termistes, se limitant trop souvent à répondre aux besoins du moment des employeurs. Objectif ? Combler au plus vite les fameuses pénuries d’emploi. Une stratégie qui ne permet pas d’étudier ni d’anticiper efficacement les évolutions à venir du marché du travail dans le cadre de l’indispensable transition environnementale et climatique.

Sans changement de cap, les pénuries de main d’oeuvre dans les métiers dits « verts » pourraient même compromettre cette transition, ainsi que le développement socioéconomique futur. C’est donc bien une occasion — et une obligation — unique de changement et d’évolution que nous pourrions toutes et tous manquer…

Plusieurs secteurs sous la loupe

Pour parvenir à ses conclusions, l’étude a analysé sept secteurs économiques qui pourraient être fortement impactés par les politiques climatiques : les transports, la santé, l’agriculture et l’industrie alimentaire, l’économie circulaire, la recherche et développement, l’enseignement et la construction.

Les données et prévisions ne sont qu’indicatives car les évolutions dépendront fortement du scénario de transition qui sera privilégié pour une Belgique climatiquement neutre. Une transition axée sur l’innovation technologique ne conduira en effet pas aux mêmes conclusions qu’une transition intégrant la sobriété. Malheureusement, dans ce domaine-là non plus, aucune option claire n’a encore été prise par les gouvernements.

Sans revenir sur les prévisions détaillées pour chacun des sept secteurs analysés, on peut néanmoins retirer trois enseignements globaux de cette étude. Tout d’abord, contrairement à ce que certains catastrophistes ou négationnistes climatiques avancent, la transition climatique n’est pas synonyme de destruction généralisée d’emplois. Si certaines fonctions sont appelées à voir leurs effectifs fortement diminuer, d’autres devraient progresser fortement et d’autres encore connaîtront de profondes
mutations.

La transition climatique offre en réalité des opportunités de création d’emplois durables et de qualité. À l’horizon 2050, on peut même s’attendre à une légère croissance nette de l’emploi, avec d’importants déplacements internes aux secteurs ou entre ceux-ci. Il est cependant nécessaire de mieux identifier les futurs besoins en « main-d’oeuvre » et en formation, ainsi que renforcer la qualité et l’attractivité des emplois liés au climat. Enfin, les analystes estiment qu’une meilleure articulation entre ces futurs besoins et les secteurs de la formation et l’enseignement est nécessaire. Les profils de compétences et les programmes de formation doivent davantage — et mieux — intégrer les enjeux de la transition climatique.

Les conclusions de l’étude sont sans appel : « les profondes mutations en cours exigent une action rapide pour répondre aux besoins futurs en personnel et en formation. Ce n’est qu’en comblant le fossé actuel entre le marché du travail et la formation des demandeurs d’emploi que notre pays pourra saisir les opportunités offertes par la transition climatique. La coopération et la coordination entre les autorités fédérales et régionales, les services publics, les partenaires sociaux, les fonds sectoriels et les établissements d’enseignement seront essentielles. »

Anticipation VS précarisation

Le moins que l’on puisse dire est que les conclusions de cette étude tranchent particulièrement avec les politiques d’emploi actuellement mises en place aux niveaux fédéral et wallon. Les gouvernements de droite n’ont en effet que les mots exclusion et précarisation à la bouche.

Exclusion aveugle de dizaines de milliers de sans emploi et travailleurs et travailleuses précaires par le gouvernement fédéral. Et, du côté wallon, renforcement des contrôles et sanctions des demandeuses et demandeurs d’emploi. Parallèlement, le ministre fédéral Clarinval prépare une vaste opération de flexiprécarisation du marché de l’emploi : explosion des heures supplémentaires, généralisation des jobs étudiants et flexi-jobs, dérégulation du travail de nuit, intérim à durée indéterminée, etc. Un grand bond en arrière au nom de la modernisation.

Tout le contraire de politiques de développement d’emplois durables et de qualité, au profit de l’intérêt général, en lien avec les besoins sociaux et environnementaux. Un aveuglement doctrinaire ultralibéral qui nous mène droit dans le mur, tant d’un point de vue social qu’environnemental.

Les syndicats, indispensables partenaires

Il n’y a pas qu’en matière d’anticipation que les gouvernements de droite font défaut. On l’a lu, le rapport du SPF préconise également l’implication des interlocuteurs sociaux. Les syndicats ont en effet un rôle essentiel à jouer dans le cadre de l’adaptation du marché de l’emploi aux enjeux d’une transition climatique socialement juste.

Les emplois perdus et créés ne sont pas interchangeables et les reconversions ne sont pas automatiques. Les qualifications diffèrent, tout comme les conditions de travail et de rémunération. La concertation sociale est également moins présente dans certains secteurs émergeants, ce qui nuit à la sécurité d’emploi, aux conditions de travail et aux possibilités de formation… et par conséquence à l’attractivité de ces nouveaux métiers. L’enjeu est d’autant plus grand que nombre de ces emplois vont se développer au niveau de petites et moyennes entreprises. Les organisations syndicats ont donc un rôle de premier plan à jouer.

Pourtant, elles sont royalement ignorées et dénigrées par les gouvernements De Wever et Dolimont, tant sur le plan social qu’environnemental. Les semaines et mois à venir seront donc déterminants : la mobilisation ne doit pas flancher. Jour après jour, il faudra continuer à faire résonner la colère et entendre nos revendications. Pour que les gouvernants ne puissent plus faire l’autruche et continuer à ignorer tant le bruit de la rue que les urgences environnementales !

Plus de publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Lire aussi x