Jobs deal : Un bon deal pour qui ?

Jobs deal : Un bon deal pour qui ?

Le gouvernement Vivaldi a annoncé récemment toute une série de mesures relatives au travail. L’objectif est d’atteindre un taux d’emploi de 80 % en rendant le travail plus attractif. Quelle est l’analyse du SETCa ? La présidente Myriam Delmée et le vice-président Jan-Piet Bauwens donnent leurs premières impressions et analysent quelques mesures.

Une approche similaire à celle du gouvernement Michel

Myriam : Ce projet de loi aborde quelques thématiques… mais pas dans le sens où nous l’avions attendu. En matière de concertation sociale, si la Vivaldi veut donner l’impression qu’elle y est ouverte, en pratique, son approche n’est pas très différente de ce que l’on a connu avec le gouvernement Michel. Les revendications patronales pour toujours plus de flexibilité ont été largement entendues, tandis que les nôtres – notamment en matière d’e-commerce – sont très clairement ignorées. Et ce n’est certainement pas la pseudo-avancée sur la semaine de 4 jours qui va permettre de rattraper la sauce.En pratique, son approche n’est pas très différente de ce que l’on a connu avec le gouvernement Michel.

L’individualisation de la relation entre travailleurs et employeurs

Jan-Piet : Notre modèle de concertation sociale repose sur un principe fondateur : les travailleurs acceptent d’accroître la productivité dès lors qu’elle est encadrée collectivement et contrôlée par les organes de concertation au sein de l’entreprise. La loi Peeters de 2017 avait déjà donné le ton en annualisant le temps de travail (en le considérant sur une période d’un an) sans passer par une convention collective de travail (CCT), en instaurant les heures supplémentaires volontaires sur la base d’un accord individuel entre employeur et travailleur, ou encore en doublant quasiment les heures prestées au-delà de la durée normale de travail avant de pouvoir éventuellement les récupérer. Tout cela va dans le sens d’une individualisation accrue de la relation entre travailleurs et employeurs et est donc mauvais pour les travailleurs, mis davantage en position de faiblesse.

Myriam : Par petites touches successives, la Vivaldi continue sur cette même lancée, à savoir l’individualisation toujours plus accrue. Elle élimine en fait la représentation syndicale au sein des entreprises. Ce projet de loi vise soi-disant la liberté de choix… En pratique, il favorise l’individualisme :
chacun pour soi. Cela va pleinement à l’encontre de la logique des syndicats. Deux siècles de luttes sociales ont démontré à suffisance que le renforcement des libertés et de l’égalité passe par le vote de lois progressistes et la conclusion d’accords collectifs applicables à tous. Pensons par exemple à la sécurité sociale, à l’enseignement obligatoire, au suffrage universel, à l’égalité hommes-femmes, aux vacances annuelles, à la réduction collective du temps de travail, à l’indexation automatique des salaires, aux barèmes… Ce ne sont jamais des mesures individuelles.

Ce projet de loi vise soi-disant la liberté de choix… En pratique, il favorise l’individualisme : chacun pour soi.

Myriam Delmée

Un deal entre patrons et Gouvernement

Jan-Piet : Le jobs deal est d’abord un deal entre patrons et Gouvernement. Un deal qui ne servira en aucun cas à augmenter l’emploi. Les préoccupations des travailleurs sont ailleurs : payer leur facture d’électricité tous les mois et pouvoir vivre décemment avec leur salaire. Nous continuons à miser sur des emplois de qualité, une réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires afin de créer des emplois, un salaire brut minimum de € 2.300 euros par mois, de libres négociations salariales, une sécurité sociale forte et des services publics de qualité. Voilà ce qu’est la richesse et la liberté pour tous !

Pour aller plus loin:

  • L’analyse complète du Jobs deal par le SETCa.
  • Fin 2020, le SETCa a publié un document d’analyse de la déclaration de politique générale (« Vivaldi, 4 saisons, 4 années pour convaincre »).

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