EDITO | L’œil ouvert, la tête haute, le poing levé

EDITO | L’œil ouvert, la tête haute, le poing levé

Le premier mai est là, « notre » premier mai, celui des travailleurs et travailleuses. Qui rappelle les luttes et les victoires d’hier et d’aujourd’hui. Qui n’est pas un « jour de congé » comme les autres. Pour nous, syndicalistes, militants, c’est l’occasion de se rassembler, de se souvenir, de faire – bien sûr – la fête ensemble, mais en n’oubliant jamais les sacrifices qui ont été nécessaires à la conquête de nos droits sociaux et syndicaux.

Un lion roi du mépris

Le contexte de cette année se prête particulièrement à cet important travail de mémoire. Il faudra garder l’œil ouvert. Ces dernières semaines en effet, les libertés syndicales ont été durement touchées. Matraquées. Les grévistes de chez Delhaize ont subi une série d’affronts qui rappellent les agissements du patronat d’un autre siècle. Insultes. Fouilles à l’entrée du Conseil d’Entreprise. Intervention des huissiers, de la police, des autopompes. Arrestation d’un étudiant, d’une déléguée. Piquets de grève cassés. Menaces. Lock out. L’on pourrait poursuivre cette énumération. Le « lion » Delhaize incarne aujourd’hui le mépris de la classe travailleuse et de ses droits, sacrifiés sur l’autel du profit illimité. L’œil ouvert, il faudra le garder, car d’autres pourraient être tentés de suivre les pas de ce bien triste roi.

La tête haute, aussi. Car malgré les attaques incessantes, les délégué.e.s, travailleurs et travailleuses de chez Delhaize ne baissent pas les bras. Jour après jour, ils tiennent le coup, résistent et continuent d’expliquer à qui veut bien l’entendre ce qui anime leur combat. En dépit des menaces et des jugements défavorables. Car les décisions de justice récentes donnent clairement plus de poids aux revendications patronales qu’à celles du monde du travail.

“Faire ses courses” à tout prix?

En dépit, aussi, d’une opinion publique pas toujours clémente, largement influencée par la campagne de séduction massive menée par l’enseigne. « Oui, mais je dois quand même bien faire mes courses », entend-on sur un piquet. « Faire ses courses », au détriment des droits des travailleurs, de leur salaire, de leur sécurité d’emploi. Faire ses courses de manière totalement déshumanisée, automatique. Virtuelle, presque. Il faut d’urgence revenir à de vraies valeurs de fraternité, de solidarité. C’est le seul remède contre ce capitalisme destructeur. Nos valeurs, en ce premier mai, nous les défendrons, la tête haute.

Notre modèle démocratique en danger

Et le poing levé. Plus que jamais. Ce qui se produit chez Delhaize cache une réalité plus sombre encore. Il faut voir au-delà. Voir que notre modèle démocratique est en danger, et que d’aucuns verraient bien la fin du droit de grève, voire la fin de toute concertation sociale. Des propositions de loi venant de la droite demandent… des peines de prison et des amendes pour quiconque tenterait d’entraver le prétendu « droit au travail ». On en revient à la criminalisation des actions syndicales. Aux syndicalistes condamnés pour l’exemple, pour faire peur et museler.  

S’attaquer au droit de grève, c’est s’attaquer à la seule arme qui reste quand le dialogue est rompu. C’est s’attaquer au seul moyen d’exercer une pression sur un patronat de moins en moins humain, de plus en plus détaché des réalités des travailleurs et travailleuses. Pour ce droit, comme pour celui de négocier, nous devrons nous battre, serrer et lever le poing.

Camarades, ce premier mai, il devra être solidaire de celles et ceux qui poursuivent la lutte. Il devra être engagé, révolté, furieux, même. Nous ne voulons pas de ce modèle de société individualiste. Nous ne voulons pas de cette justice de classe, de ce mépris. Nous voulons du respect, et nous mettrons toute notre colère à profit pour l’obtenir.

Les travailleurs doivent passer avant les profits, et nos droits syndicaux respectés ! Rendez-vous dans la rue pour faire entendre ce message. Manifestation à Bruxelles le 22 mai, en front commun. Les modalités pratiques seront communiquées ultérieurement.

Thierry Bodson et Miranda Ulens

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