L’index : infos… et intox ! Tout ce que vous devez savoir…

L’index : infos… et intox ! Tout ce que vous devez savoir…

Un billet du SETCa

Vous l’avez certainement déjà remarqué : les prix dans les magasins augmentent, les additions et autres factures sont plus salées. Cela signifie que l’inflation est actuellement élevée. Elle reflète en effet le niveau des prix. Heureusement, nous disposons dans notre pays d’un système solidaire qui corrige quelque peu l’inflation. Il s’agit de l’indexation automatique, ou « index ».

Grâce à l’index, nous pouvons continuer à acheter à peu près les mêmes choses avec notre salaire ou notre allocation. Il s’agit donc d’une adaptation après coup. Les prix doivent d’abord augmenter, ensuite seulement, nos revenus sont adaptés. Il ne s’agit donc pas d’un cadeau ou d’une augmentation de salaire, mais bien d’un rattrapage par lequel votre pouvoir d’achat peut continuer à suivre l’évolution de la hausse des coûts.

Des moments différents

Chaque secteur est indexé à un moment différent et les règles diffèrent, mais le principe reste le même. En raison de l’inflation élevée, plusieurs commissions paritaires ont été indexées ces derniers mois et il faut s’attendre à ce que cette tendance se poursuive. Février est traditionnellement un mois où les indexations sont nombreuses.

Le SETCa publie chaque mois les indices sur setca.org. Cela vous permet de savoir si votre salaire va être indexé et ce que cela signifie pour votre portefeuille.

Attaques contre l’index

L’index est régulièrement remis en question par les employeurs et certains politiques. Vu l’inflation si haute actuellement, différentes attaques contre l’index surgissent à nouveau.

Le SETCa est clair à ce sujet : pas touche à l’index, en aucune façon. L’index est une réalisation importante des syndicats. Il est le garant du maintien de notre pouvoir d’achat et de la paix sociale.

Pour souligner une fois de plus l’importance de ce système, le SETCa a publié une brochure dans laquelle vous trouverez toutes les informations essentielles. Si vous souhaitez lire la brochure complète avec des données chiffrées et des arguments utiles, rendez-vous sur setca.org.

De nombreuses contre-vérités sur l’index…

Les contre-vérités à propos de l’indexation sont légion et ont entretemps été reprises par de nombreuses personnes. Vous trouverez plus d’exemples dans la brochure précitée.


« Si nous n’adaptons pas cette indexation, les coûts salariaux vont exploser. Les entreprises ne peuvent pas payer cela ! Certainement pas après cette crise. » 

Les organisations patronales aiment à déclarer qu’« elles vont payer la facture ». Il est vrai que lorsque l’index augmente, les coûts salariaux des entreprises augmentent. Mais étant donné que l’indexation automatique est une adaptation au coût réel des biens et des services, il ne s’agit pas d’une augmentation de salaire. Ce sont ces mêmes entreprises qui produisent les biens et les services qui sont devenus plus chers. Ces dernières années, les entreprises ont de plus reçu de la part de nos gouvernements différents cadeaux qui représentent d’importantes économies sur les salaires chaque année. Pensez par exemple au tax shift, où les cotisations patronales sur le salaire brut (la part qu’ils versent pour la sécurité sociale) et le taux d’impôt des sociétés ont été réduits de 33% à 25%. On entend toujours les patrons se plaindre quand il y a indexation mais jamais quand ils reçoivent un cadeau pourtant substantiel.

L’importance de la sécurité sociale

Bien sûr, il est vrai que la crise du coronavirus a été un véritable désastre pour certaines entreprises et certains secteurs. Toutefois, la sécurité sociale a aussi largement aidé ces entreprises, notamment grâce au chômage temporaire Corona. Cette allocation a vu le jour pour minimiser autant que possible l’impact de la crise sur les travailleurs et les entreprises. C’était une bonne chose : les travailleurs qui devaient rester à la maison à cause du virus pouvaient compter sur une allocation. Pour les entreprises, il s’agissait d’un instrument souple et gratuit de surcroît, qui leur a permis de conserver leur personnel sans avoir à assumer le passif social eux-mêmes.

Ironie du sort, c’est précisément la sécurité sociale qui a subi ces revers et qui a de moins en moins de revenus à cause de mesures telles que le tax shift. D’ailleurs, n’oublions pas que les travailleurs qui ont eu droit au chômage temporaire ont de toute façon perdu une partie de leur pouvoir d’achat puisque l’allocation perçue ne représentait au départ que 65% du salaire moyen (plafonné à € 2.897,58 par mois). Elle a ensuite été relevée à 70% grâce aux syndicats, mais cela représente tout de même une perte.

Certaines ont fait mieux que jamais

Nous n’allons pas prétendre que la période passée a été rose pour toutes les entreprises… mais affirmer que seules les entreprises ont souffert est tout aussi faux. Certaines ont même fait mieux que jamais. La moitié des CEO belges ont reçu en 2020 un bonus supérieur ou égal à celui de 2019. Le nombre d’introductions en bourse a augmenté de plus de 50% par rapport à 2020. Selon la Banque nationale, les bénéfices des entreprises sont eux aussi à la hausse et ils atteindront bientôt de nouveaux records. Le résultat brut d’exploitation des entreprises devrait culminer en 2021 et 2022.


« Si nous indexons les salaires, les entreprises vont tout simplement augmenter les prix de leurs produits et de leurs services. L’index est la cause de l’inflation. »

Ce n’est pas correct car les salaires ne sont indexés qu’après la hausse des prix. Le calendrier de l’indexation des salaires varie d’un secteur à l’autre. Il n’y a donc pas de gros effet de choc, au contraire. C’est le dysfonctionnement du marché (pensez à l’énergie) qui provoque l’inflation.


« Si nous réduisions la TVA sur les prix de l’énergie à 6%, il y aurait moins d’inflation et les indexations auraient donc lieu moins vite. Une réduction de la TVA nous coûterait donc de l’argent. » 

Il est vrai que les prix de l’énergie ont un impact important sur l’inflation. L’énergie fait également partie de l’indice santé (contrairement au carburant). Mais l’indexation seule ne compense pas les hausses de prix explosives que nous connaissons aujourd’hui.

Pauvreté énergétique

La facture énergétique (comme toutes les autres factures) doit être payée aujourd’hui. De nombreuses personnes risquent de basculer dans la pauvreté énergétique. Une réduction de la TVA est une mesure efficace qui aura un effet immédiat. Enfin, ce sont surtout les revenus les plus faibles qui bénéficient d’une réduction de la TVA, étant donné qu’ils consacrent proportionnellement (pas en chiffres absolus) une part plus importante de leurs revenus à l’énergie.


« Tout cela est bien beau, mais l’indexation automatique n’est pas équitable parce qu’il s’agit de pourcentages identiques quels que soient les montants des salaires. Nous ferions mieux de donner des montants nets aux personnes qui en ont le plus besoin.

Pour rendre le message d’un saut d’index plus digeste, certains plaident pour des modèles alternatifs tels qu’un « indice social » ou la distribution de montants forfaitaires. Ne vous méprenez pas : il s’agit d’attaques contre l’indexation même. L’indexation automatique n’est ni juste ni injuste, elle est neutre. Elle garantit le pouvoir d’achat de chacun : travailleurs, bénéficiaires d’une allocation sociale, petits ou gros salaires. Ce n’est pas un moyen de redistribuer les richesses.

Cela se fait par le biais des cotisations sociales et de la fiscalité. Les hauts salaires, certes ont une augmentation plus grande mais en contrepartie, ils doivent contribuer davantage. L’indexation des salaires signifie donc également une indexation des cotisations de sécurité sociale. L’indexation permet donc également que le financement de la sécurité sociale augmente, ce qui est bénéfique pour tout le monde. Si la source se tarit à défaut d’être indexée, les dépenses (en ce compris les allocations) seront aussi moindres.

L’index est essentiel pour conserver notre pouvoir d’achat. Nous disons non à toute intervention : pas de saut d’index, de manipulation du système, de ralentissement, de forfaitarisation ou toute autre formule. Lisez notre brochure pour tout savoir sur le sujet. Une personne avertie en vaut deux !

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