EDITO | Combattre l’antisyndicalisme qui vient

EDITO | Combattre l’antisyndicalisme qui vient

L’édition de mai de votre magazine aborde deux thèmes qui sont au cœur de notre combat. À savoir la lutte contre l’extrême droite et la défense des droits syndicaux.

A l’heure d’écrire ces lignes, nous sortons d’une nouvelle manifestation, organisée le 22 mai dans les rues de Bruxelles. Une fois encore, nous avons défendu le droit de grève mis à mal. Nous avons partagé la colère des Delhaiziens. Nous avons dénoncé le dumping social honteux dont le secteur du commerce, parmi tant d’autres, est victime aujourd’hui.

Une manifestation qui venait à point nommé. Quelques jours avant celle-ci, nos responsables politiques – toutes couleurs confondues –  discutaient au Parlement de la possibilité d’une loi prévoyant l’interdiction de manifester – pendant plusieurs années – pour quiconque aurait été condamné après des « faits » lors d’un « rassemblement revendicatif ». Les « faits » concernés sont variés, allant de l’homicide aux coups et blessures, en passant par la “dégradation de biens” ou même “de marchandises”. Le « rassemblement collectif » quant à lui, pourrait être de toute taille, de toute forme, statique ou en cortège…

“Pas contre nous”

Autrement dit, la loi concernerait tant des individus extrêmement dangereux que des syndicalistes à l’arrêt sur un piquet de grève devant un feu de palettes. Mais ce ne serait pas « contre nous », nous dit-on. Ce serait contre « les casseurs », précise-t-on. Il faudrait le croire, faire confiance. Jusqu’au jour où ces articles de loi serviront, une nouvelle fois, à condamner l’un des nôtres. Pour nous, c’est une nouvelle attaque au droit de grève, une nouvelle tentative d’intimidation, un nouveau coup de couteau à l’expression d’un contre-pouvoir. Plus simplement, une nouvelle gifle à la démocratie.

Ce qui nous étonne, c’est que la proposition a même fait son chemin dans les partis dits « progressistes » au sein du gouvernement.

Ce qui nous désole, c’est que des discours traditionnellement très à droite, antisyndicaux, opposés aux intérêts du monde du travail, soient tolérés, acceptés, intégrés par des forces politiques démocratiques.

Attention au glissement…

Ce glissement du discours, cette banalisation d’idées dangereuses et opposées à l’exercice de la démocratie, c’est pain bénit pour l’extrême droite. Nous devons le rappeler : ne pas dénoncer, les attaques aux droits fondamentaux, aux droits des travailleurs, c’est se rendre complice d’un climat de plus en plus délétère, de plus en plus antisocial.

De tout temps, le monde syndical s’est opposé à l’extrême droite. L’antifascisme fait partie de son ADN. Le syndicat est par conséquent l’ennemi naturel des partis d’extrême droite, qui rêvent de lui porter un coup fatal. Aujourd’hui malheureusement, d’aucuns jouent avec le feu et tentent de réduire la portée de nos actions à peau de chagrin, sacrifiant les droits fondamentaux des travailleurs sur l’autel des profits des actionnaires. S’attaquant au passage au contre-pouvoir essentiel que constituent les syndicats. Enfin, menaçant l’ensemble de l’action collective et militante.

Nous sommes à un tournant dangereux pour la démocratie. Mais nous résisterons. Fièrement, debout. Contre l’antisyndicalisme qui vient.

Rassemblement le 29 mai

Soutenons le rassemblement antifasciste et festif organisé pour faire face à la venue du Vlaams Belang à Bruxelles le 29 mai ! La Coalition Stand up, qui réunit nombre d’acteurs syndicaux, associatifs et d’éducation permanente, appelle massivement citoyens et organisations progressistes à se réunir le même jour (lundi 29 mai), Place Poelart à Bruxelles, à midi. Ne laissons aucune place aux discours de haine dans l’espace public.

Thierry Bodson et Miranda Ulens

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