Assassinats de Pot et Grijp : on n’oublie pas !

Assassinats de Pot et Grijp : on n’oublie pas !

Les faits se déroulent dans la nuit du 22 au 23 mai 1936 à Anvers. Les syndicalistes Albert Pot et Theo Grijp, 19 et 37 ans, sont assassinés par les fascistes. Ce sera l’élément déclencheur d’une grande grève nationale. Elle instaurera le salaire minimum, les congés payés et la diminution du temps de travail. 86 ans plus tard, on n’oublie pas. Le 21 mai à Anvers, des militants de la FGTB organisaient une marche symbolique et inauguraient une plaque en la mémoire de nos deux camarades tombés sous les balles des fascistes.

La misère de l’entre-deux-guerres

En 1936, la situation sociale en Belgique est déplorable. L’effondrement des prix provoque une baisse de l’activité, d’importantes réductions du travail hebdomadaire et par conséquent une augmentation fulgurante du chômage. Le mécontentement est grand. L’entre-deux-guerres est synonyme de misère.

Parallèlement un autre phénomène inquiétant s’intensifie : la montée de l’extrême droite en France, en Espagne, en Allemagne, mais aussi en Belgique. A l’approche des élections, les fascistes de Rex et du VNV sont parmi les partis favoris…

Les assassinats de Pot et Grijp

Albert Pot est le chef de la propagande de la jeunesse syndicale anversoise. Theo Grijp, membre de la direction de l’Union belge du Transport (UBT). Le soir du 22 au 23 mai, un jour avant les élections, des fascistes en train de coller des affiches sont signalés près du bâtiment de l’UBT. Alarmé, un groupe de syndicalistes part à sa poursuite. Un des fascistes ouvre le feu ; Albert Pot tombe. La poursuite continue. Le même fasciste abat Theo Grijp.

La grève nationale de 36

Des dizaines de milliers d’Anversois portant des drapeaux rouges bordés de noir accompagnent les deux syndicalistes pour leur dernier voyage jusqu’au cimetière. Les funérailles se transforment en une marche de protestation contre les fascistes qui, la veille, ont gagné les élections. Les dockers anversois entament une grève de 24h. Vite, le mouvement prend une tournure supplémentaire. Les travailleurs revendiquent une augmentation de 14 francs par jour. Ils sont rejoint par d’autres secteurs, comme les ouvriers diamantaires et les travailleurs des transports. Le mouvement se repend dans tout le pays. Le 15 juin, ils sont 150 000 grévistes, le 16, 250 000, le 17, plus de 400 000, le 18, un demi-million. « Votre prénom est Wallon ou Flamand. Votre nom de famille est travailleur. » peut-on lire sur les pancartes.Les bases de la sécu

« Votre prénom est wallon ou flamand. Mais votre nom de famille est travailleur. »

Les bases de la sécu

Ces mobilisations ont marqué l’histoire du monde ouvrier belge. Les travailleurs ont arraché une augmentation salariale de 7 %, la semaine des 40 heures, des congés payés de minimum 6 jours par an. Mais aussi : une assurance-maladie ; la mise en place des commissions paritaires avec les représentants des travailleurs et des employeurs et une augmentation des allocations familiales. Ce sont les bases de notre actuelle sécurité sociale.

Hommage à nos deux camarades

86 ans plus tard, les camarades n’oublient pas. Le 21 mai, ils étaient environ deux cents à Anvers à commémorer les lâches assassinats de Pot & Grijp.

Bruno Verlaeckt, Président de la FGTB d’Anvers y a notamment pris la parole : « Aujourd’hui nous nous battons pour plus de pouvoir d’achat, alors que le Vlaams Belang au Parlement européen vote contre l’augmentation du salaire minimum. L’extrême droite est hostile aux organisations qui défendent les intérêts des travailleurs et des plus vulnérables. En 1936, nos deux amis syndicalistes ont été abattus. Aujourd’hui le Vlaams Belang continue à essayer de limiter le pouvoir des syndicats, avec des propositions sur la personnalité juridique. »


«  L’émancipation sociale a toujours été le fruit de la lutte des travailleurs. Camarades, ne vous méprenez pas. Il ne s’agit pas de nostalgie. Nous commémorons le passé pour orienter notre lutte aujourd’hui et demain. »

— Bruno Verlaeckt, Président de la FGTB d’Anvers

Pour conclure, Bruno rappelle le fameux « No Pasarán », en faisant ainsi référence au slogan des 35 000 antifascistes des Brigades internationales qui ont voyagé en Espagne depuis plus de 80 pays dans le monde pour se battre au côté des Républicains contre les fascistes.

L’action s’est terminée dans les locaux de l’UBT, où une plaque commémorative avec les visages des deux syndicalistes a été inaugurée.

Ioanna Gimnopoulou
Journaliste, Syndicats Magazine

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