Corps, cris et dégenrement

Corps, cris et dégenrement

« Le patriarcat, c’est un complice du capitalisme, c’est une manière d’avoir du pouvoir sur l’autre ».

« Corps, cris et dégenrement » n’est pas un livre comme les autres. Au fil des pages, une succession de textes et d’illustrations… Des mots et des images, comme autant de porte-voix et d’expressions personnelles…

L’ouvrage est le fruit d’une réflexion collective, d’une volonté de s’exprimer, ensemble, pour dénoncer le patriarcat et mettre en lumière des regards de femmes… Il est le résultat du travail mené au sein des ateliers « Fight sexism. Destroy patriarchy », organisé par AFICo, la Régionale namuroise du CEPAG. Des lieux où l’art, principalement l’écriture et la linogravure, est utilisé pour entrer en résistance, débattre et exprimer des idées.

Au fil de ces ateliers, le féminisme sous toutes ses formes est questionné, invoqué… « C’était l’occasion de parler de sexisme et de patriarcat de manière artistique », nous explique Harmony qui a participé aux ateliers.

Écrits et images qui touchent

Des textes et des illustrations émergent. « Des écrits, des images qui touchent, percutent, vont chercher des larmes, tant les vécus poser sur le papier font vibrer, surgir, exploser les émotions », relatent Anne et Laurent qui animent ces rencontres. L’idée du livre est née.

Car c’est bien un travail collectif que l’on découvre en feuilletant le livre. « L’esprit d’équipe était étonnant à tous les niveaux », souligne Saskia. Avec les spécificités de chacune des participantes, leurs points communs, leurs oppositions, leurs fragilités, leurs forces. « En participant à ce projet, on réfléchit … au sens de cet atelier, à pourquoi on y va, à ce que cela peut apporter en terme de luttes contre le patriarcat mais aussi comme mécanisme d’autonomisation, de renforcement personnel et collectif et à comment les articuler. », nous confie Dominique.

Ingrid retire de ce projet « une forme de fierté. Celle d’avoir mis ma petite pierre à un projet qui donne de la visibilité aux vécus de femmes extraordinaires ». Sentiment partagé par Anne qui a ressenti « beaucoup d’émotions à tous les stades. Du partage, de la sororité, de la reconnaissance, de la fierté d’être allées jusqu’au bout du processus toutes ensemble. ».

Forme et travail artistiques pour porter le combat féministe

Un témoignage de Anne et Laurent, animatrices des ateliers « Fight sexism. Destroy patriarchy »

La forme et le travail artistiques constituent une autre porte d’entrée pour diffuser des idées et combattre des injustices ou des systèmes d’oppression, comme le patriarcat.

L’art – dans ce cas précis, l’écriture et la gravure – n’est pas neutre. Il dit en tout cas quelque chose de l’époque dans laquelle les œuvres sont créées. C’est aussi le cas pour les linogravures et les textes réalisés lors des ateliers « Fight sexism. Destroy patriarchy ». Certaines et certains diront que l’art est naturellement contestataire. Cette affirmation est sans doute à nuancer – en particulier pour l’art contemporain qui se limite dans certains cas à de la transgression –, mais l’art a en effet toujours été là pour faire bouger les lignes.

Art populaire

Ce que nous faisons collectivement relève de l’art populaire, au sens noble du terme. Nous ne demandons en effet aucun niveau artistique pour venir aux ateliers : ce qui créée un mélange très vivant dans les groupes entre les personnes qui ont une pratique artistique et les autres qui découvrent. Avec les ateliers « Art en résistance », dont « Fight sexism. Destroy patriarchy », un de nos objectifs est de rendre l’art accessible à toutes et tous, tant côté création que côté réception.

Sur ce dernier point, les œuvres sont données à voir ou à lire au public, que nous souhaitons le plus large possible, et deviennent des moyens de médiation du débat public. Elles témoignent d’un vécu ou d’un combat, d’une envie de partager ce vécu ou ce combat, touche la sensibilité de la personne qui reçoit et viennent interroger ses visions du monde ou de la thématique envisagée.

Nous espérons vraiment que le livre et l’exposition qui l’a précédé et qui l’accompagne, aideront à casser les constructions sociales existantes en termes de dictats patriarcaux et d’assignations de rôles genrées. Toutes les voix ne sont pas représentées dans ce livre, nous en sommes bien conscientes, mais nous avons réellement cherché à être les plus inclusives possible tout en essayant pas de parler « à la place de ».

« C’est un processus dynamique qui permet de se guérir soi-même : mettre des mots sur nos maux. »

Justine
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