La Belgique à la présidence de l’UE : défendons l’Europe sociale

La Belgique à la présidence de l’UE : défendons l’Europe sociale

Des règles du jeu justes, équitables pour le monde du travail. Contraignantes pour les entreprises. C’est ce dont l’Europe a besoin. Pour que les travailleurs et travailleuses des différents pays ne soient plus mis en concurrence. Les syndicats ont un rôle à jouer.

La Belgique assure la présidence de l’Union européenne depuis le 1er janvier. Pour les six prochains mois, elle dirigera le Conseil de l’UE, qui représente les Gouvernements des États membres. Quel sera le rôle exact de la Belgique ? Aligner les États membres autour des propositions législatives de la Commission européenne, puis négocier des accords avec le Parlement européen pour créer de nouvelles réglementations européennes.

La Belgique jouera principalement un rôle de médiatrice, mais pourra également « donner le ton ». C’est donc le moment pour les femmes et hommes politiques belges de montrer la voie. Rappelons que des élections européennes sont prévues en juin. Un moment clé. Une occasion pour les syndicats notamment d’indiquer clairement ce qui pourrait et devrait être amélioré.

Le 25 mars prochain, le front commun syndical belge rencontrera les députés européens belges actuels et les candidats aux élections européennes de juin. Le but ? Discuter avec eux de la politique européenne actuelle et future, mais aussi leur faire part des revendications du monde du travail.

Une première rencontre entre quelque 80 militantes et militants de différents secteurs de la FGTB avec Ester Lynch et Lucie Studničná a déjà eu lieu fin janvier.

Au-delà des frontières

« Aucun travailleur, secteur ou syndicat national n’arrêtera les grandes multinationales dans leur course aux profits, dans le non-respect des conditions de travail, dans l’évasion fiscale ou la mise en concurrence des travailleurs… Nous ne pouvons le faire qu’à un niveau qui transcende les frontières nationales », déclare Ester Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES). Lucie Studničná, présidente du groupe des travailleurs au Comité économique et social européen, va dans le même sens et donne un exemple : « Dans une filiale ou dans une autre – située à 40 kilomètres de là – d’une même entreprise, les travailleurs gagnent parfois un tiers de moins. C’est injuste et honteux. Les pays, les régions et les entreprises profitent de la concurrence déloyale, les travailleurs en souffrent. »

C’est précisément la raison pour laquelle nous ne devons pas tourner le dos à l’Union européenne. Malgré les déceptions déjà ressenties par les citoyens. Frank Moreels, président de l’UBT, le Centrale du transport de la FGTB indique : « L’Europe d’aujourd’hui n’est pas celle que nous voulons. Elle n’a pas répondu correctement aux défis sociaux, économiques et politiques actuels. Au contraire, elle a misé sur la libéralisation, la privatisation et la dérégularisation. Cela a renforcé la méfiance des travailleurs et travailleuses à l’égard de cette Europe lointaine et, à leurs yeux, bureaucratique. Et il faut s’attendre à ce que les populistes capitalisent là-dessus. C’est à nous, syndicalistes, qu’il incombe d’inscrire une autre Europe sur la carte. Et cela nécessitera un plus grand engagement européen de la part des syndicats. Pour qu’en fin de compte, nos membres n’aient pas à payer la facture ».


« L’Europe d’aujourd’hui n’est pas celle que nous voulons. (…) C’est à nous, syndicalistes, qu’il incombe d’inscrire une autre Europe sur la carte. »

— Frank Moreels, Président de l’UBT

Application de la loi

Les règles du jeu doivent donc être plus équitables et claires. Mais elles doivent aussi être respectées et appliquées. L’Europe nous a apporté beaucoup, notamment des règles minimales concrètes dans de nombreux secteurs concernant les heures de travail, les congés, les salaires minimums, la sécurité au travail… Ce, afin de protéger les travailleurs. « Environ 80 % de toutes les lois nationales sont co-déterminées par les lois européennes », souligne Lucie Studničná. Malheureusement, l’application de ces lois fait trop souvent défaut.

« Il existe enfin une Autorité européenne du travail chargée de lutter contre la fraude sociale, les abus et l’exploitation de ceux qui travaillent dans un autre pays, mais elle n’est pas efficace », affirme Ester Lynch. « L’année dernière, ce service a à peine mené 100 inspections. En une année entière, dans les 27 États membres de l’Union. C’est ridiculement peu. En outre, ces inspections sont généralement annoncées. Il faut vraiment augmenter les chances d’être pris en flagrant délit. Nous parlons ici de criminalité, n’est-ce pas ? Car les entreprises qui enfreignent les lois et violent les droits des travailleurs… c’est de la criminalité. Payer moins que le salaire minimum, c’est du vol. Cela devrait être traité et combattu de la même manière que les autres délits ».

« Les entreprises qui enfreignent les lois et violent les droits des travailleurs… c’est de la criminalité. Payer moins que le salaire minimum, c’est du vol. Cela devrait être traité et combattu de la même manière que les autres délits. »

— Esther Lynch, secrétaire générale de la CES

Frank Moreels cite également les fraudes dans son discours : « La police fédérale belge a infligé des amendes à plus de 85 % des chauffeurs d’Europe de l’Est contrôlés au cours des six derniers mois sur les autoroutes de la province de Liège.   Tant pour avoir enfreint les règles relatives aux temps de conduite et de repos, que de retour dans leur pays d’origine, prévues dans le cadre du programme de mobilité de l’UE. »

Notre mot à dire

Nous avons donc besoin d’une Europe sociale et forte. Où il fait bon travailler et vivre, avec une protection sociale solide et des droits sociaux respectés, partagés et appliqués.

Miranda Ulens, secrétaire générale de la FGTB : « Il y a effectivement place pour le changement, pour une Europe plus proche des citoyennes et citoyens. Une Europe sociale qui ne se contente pas d’écouter, mais qui répond aux besoins. Une Europe qui valorise non seulement l’économique mais aussi le social. Une Europe où nous nous sentons en sécurité et compris, quelles que soient nos origines. Il est temps de travailler ensemble pour construire cette Europe dont nous pourrions être fiers. Nous avons le pouvoir de mettre sur la carte une Europe différente, une Europe qui convient à tout le monde. »


« Il y a effectivement place pour le changement, pour une Europe plus proche des citoyennes et citoyens. Une Europe sociale qui ne se contente pas d’écouter, mais qui répond à leurs besoin. »

— Miranda Ulens, secrétaire générale de la FGTB

Les élections du Parlement européen auront lieu en juin. Chacun d’entre nous peut mettre l’Europe sur la bonne voie. En optant pour des femmes et hommes politiques qui portent les idées fondamentales de l’UE telles que la coopération, l’égalité et l’unité, plutôt que des politiciens qui prônent la division ou qui sont à la solde des grandes entreprises.

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