Encore plus de flexibilité, c’est ce dont rêve Bart De Wever dans sa « super note ». Une note qui ne contient par contre aucune mesure en faveur d’une meilleure conciliation de la vie privée et professionnelle… Le but est de faire prester aux travailleurs et travailleuses plus d’heures supplémentaires, sans sursalaire, donc moins bien rémunérées, et de les faire travailler plus souvent les jours fériés et les dimanches. Les horaires de travail seront unilatéralement imposés ; les travailleurs pourront être appelés pour juste une heure de travail ou moins, leur contrat fixe sera menacé. Enfin, pouvoir lever le pied après une longue carrière, c’est fini !
Les employeurs disposent pourtant déjà d’un large éventail de possibilités en matière de flexibilité. Heures supplémentaires, jusqu’à 12h de travail par jour et jusqu’à 50h par semaine, chômage temporaire lorsque l’entreprise tourne au ralenti, travail intérimaire, contrats temporaires, flexi-jobs… Beaucoup de choses sont déjà, aujourd’hui, possibles, mais en concertation avec le syndicat. Ce, pour éviter que les travailleurs ne doivent négocier seuls leurs heures supplémentaires, et qu’ils soient mis en concurrence avec leurs collègues. Ceci n’est toutefois pas du goût de la N-VA, du MR et des Engagés, qui voudraient des travailleurs encore plus souples. Ci-dessous, un aperçu des mesures envisagées.
24 heures sur 24, 7 jours sur 7
Dans la note de De Wever-Bouchez, on peut lire ceci : « Nous accordons la liberté aux travailleurs de déterminer les heures de travail avec leur employeur ». La liberté ? De quelle liberté parle-ton ? On le sait : sans négociation d’accords collectifs, ce n’est pas le travailleur, mais bien l’employeur, qui détermine quand il faut travailler.
La note va encore plus loin. L’obligation, pour les entreprises, de prévoir au moins trois heures de travail consécutives par jour est supprimée. Il serait donc désormais possible d’être appelé pour une heure de travail seulement, sans prise en compte du trajet domicile-lieu de travail. De plus, avec la durée du travail déterminée au niveau de l’entreprise, les heures de travail risquent de devenir un facteur de concurrence au sein d’un même secteur.
Naomi travaille dans un supermarché. Sur base des propositions de De Wever et Bouchez visant à supprimer le temps de travail minimum, la direction du magasin décide qu’elle doit venir travailler pour une heure seulement. Elle passe désormais presque plus de temps dans le bus que sur son lieu de travail. |
Travail de nuit, le dimanche et les jours fériés
Le principe actuel selon lequel le travail de nuit est interdit, mais peut être réglé par le biais d’accords au niveau sectoriel, disparaît totalement. Le travail de nuit serait désormais possible en tout temps et ne serait qualifié comme tel qu’à partir de minuit (au lieu de 20h actuellement). Pour la N-VA et le MR, une JOURNÉE de travail peut donc s’étaler de 6h du matin à… minuit. Le sursalaire pour les heures entre 20h et minuit disparaîtrait dans la foulée.
Tous les jours, Kevin, père célibataire, se démène pour aller rechercher ses enfants à l’accueil extrascolaire. Lorsque son supérieur lui demande de travailler une heure de plus, il n’ose pas refuser. Il veut garder son emploi et il a bien besoin de cet argent. Ses enfants doivent rester plus longtemps à l’accueil extrascolaire, ils passent moins de temps en famille et la facture de l’accueil s’allonge. Son délégué syndical ne peut rien faire pour lui car il s’agit d’un accord passé entre Kevin et son supérieur, comme proposé dans la note N-VA-MR. |
Sans parler de l’interdiction de travailler le dimanche et les jours fériés, également supprimée. Tout comme le jour de fermeture obligatoire. Pour De Wever et Bouchez, chaque employeur pourrait donc décider qu’il faut travailler à Noël, le 1er janvier et le 1er mai, sans aucun repos compensatoire, ni sursalaire.
« Caractère volontaire »
Prester des heures supplémentaires sans sursalaire ni repos compensatoire sera la nouvelle norme. Les heures de travail ne seront plus calculées par semaine, mais sur base annuelle, ce qui donne plus de marge à l’employeur.
L’augmentation des heures supplémentaires dites « volontaires », de 100 à 360 heures, sans sursalaire ni repos compensatoire, revient à 7 heures supplémentaires de travail en plus par semaine et donc, à une semaine de travail de 45 heures. Le caractère soi-disant « volontaire » perd tout son sens puisqu’il serait question d’un accord individuel, avec toute la pression que l’employeur peut exercer sur le travailleur. Comment ce dernier pourrait-il, en effet refuser, sans le soutien de son syndicat ?
Chacun pour soi
Dans la même note, l’on peut également lire : « Nous laissons aux employeurs et aux travailleurs l’autonomie de conclure des accords globaux, avec des accords sur les salaires et les conditions de travail, mais aussi sur les avantages complémentaires et la flexibilité. Une clause de type opt-out permet aux entreprises de se distancier des accords salariaux négociés au niveau central, sous réserve d’un accord social. » Cette « autonomie » est un cadeau empoisonné.
Les employeurs décideront, et les travailleurs ne pourront plus exercer, ensemble, de contre-pouvoir ; leurs représentants syndicaux ne pourront plus conclure d’accords pour l’ensemble de l’entreprise ou du secteur. De tels accords qui garantissent pourtant aux secteurs ou entreprises où le rapport de force est moindre, ou dans lesquels les travailleurs sont essentiellement occupés sur base de contrats précaires de pouvoir également négocier des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail. Si seul le niveau de l’entreprise compte, les travailleurs des PME les intérimaires, les travailleurs des titres-services, le personnel HoReCa, les travailleurs des call-centers, et bien d’autres. ne pourront plus jamais améliorer leurs conditions de travail.
« C’est un rêve pour les employeurs, mais un cauchemar pour les travailleurs. »
— Miranda Ulens, Secrétaire générale de la FGTB
Pas d’emploi de fin de carrière ni de chômage avec complément d’entreprise pour Cindy et Nasir Cindy a 63 ans et travaille dans une grande usine de l’industrie alimentaire plus de 30 ans. La direction annonce la fermeture de l’usine. Lors de la négociation d’un plan social pour Cindy et ses collègues, le chômage avec complément d’entreprise (RCC) n’est plus possible. Les propositions de la N-VA et du MR stipulent qu’il n’y a « pas de nouvelle entrée en RCC à partir d’octobre 2024 ». À 63 ans, Cindy doit chercher un nouvel emploi sur un marché du travail où la discrimination fondée sur l’âge est fréquente. Nasir a 55 ans et travaille de nuit depuis 20 ans. Pour tenir jusqu’à la pension, il aimerait travailler à mi-temps. La note de De Wever-Bouchez rend cela impossible : un emploi de fin de carrière avec allocations n’est plus possible qu’à partir de 60 ans, après une carrière de 35 ans. Le travail de nuit, le travail dans une entreprise en cours de restructuration ou encore la pénibilité du métier (le travail en équipes par exemple) ne donnent plus droit à un emploi de fin de carrière à partir de 55 ans. |
Plus de travail flexible = moins de contrats fixes
Ce que dit la note : « Les flexi-jobs seront également autorisés pour assumer des tâches de soutien, de logistique et d’administration dans des secteurs en pénurie et à forte intensité de main d’oeuvre, notamment l’enseignement, la garde d’enfants, le sport et la culture et ce, également pour les autorités locales. » Ce qu’il faut comprendre : moins de qualité et de sécurité d’emploi. Cela ne résoudra par ailleurs pas la pénurie de personnel qualifié, mais entraînera une concurrence entre les flexi-jobbers, les demandeurs d’emploi et les travailleurs à temps partiel qui souhaitent travailler plus d’heures. Les contrats à durée indéterminée seront remis en question. Une personne travaillant par exemple à 4/5 pourra effectuer, en plus, un autre emploi à mi-temps. Les plafonds salariaux pour les flexi-jobs seront supprimés, ce qui signifie encore moins de recettes fiscales pour l’État et notre système de sécurité sociale.
et on peut faire quoi pour les bloquer ? parce que la ils sont occupés de faire en sorte qu’il n’y aie plus de pension à payer ils vont faire crever tout le monde avant la pension.
Faire travailler les gens jusqu’à la mort, bientôt ! Des lois dictées par des gens qui n’ont jamais travaillé !
Ces individus touchent des gros salaires en brassant de l’air !