La réforme des pensions vue par…

La réforme des pensions vue par…

…Michèle Dehaen, représentante du Comité des prépensionnés et pensionnés (PP&P) de la FGTB Bruxelles

Les politiques sociales sont les fondements de nos équilibres, elles ne peuvent être utilisées comme des variables d’ajustement budgétaire

Michèle Dehaen

Un billet de la FGTB Bruxelles.

Que penses-tu de la réforme des pensions décidée cet été?

Cette réforme s’inscrit dans une continuité avec les réformes menées par les précédents gouvernements. Il y a un décalage entre les mesures annoncées et la réalité du monde du travail. Nous ne pouvons plus accepter des politiques antisociales, préjudiciables à de nombreux travailleurs en particulier aux femmes. Un exemple : le congé de maternité et le congé d’allaitement restent des périodes assimilées. Le congé de maternité et le congé d’allaitement restent des périodes assimilées. Quel cadeau ! Ces périodes devraient être doublement assimilées.

Comparé à certains de nos voisins, le taux de pension n’est pas très élevé en Belgique. La pension minimum concerne plus ou moins 830 000 pensionnés dont 60% sont des femmes. Il est à ce sujet important de préciser que la discontinuité des périodes de travail est souvent subie et non décidée par les femmes. Et les seuils minimaux sont trop proches du seuil de pauvreté.

Le chômage temporaire lié à la crise Covid ne sera pas considéré comme du travail effectif. Or les travailleurs ont pleinement subi la crise sanitaire. D’ailleurs le travail effectif exigé pour bénéficier de sa pension ne prendra que partiellement en compte les périodes d’incapacité de travail.

La condition d’effectivité est assortie d’une exigence de 5000 jours de travail à temps plein pour prétendre à une pension plancher. Et comme toutes les périodes assimilées ne seront pas valorisables, l’accès sera difficile pour de trop nombreux travailleurs.

Michèle, quelles sont vos revendications en matière de pension ?

Nous demandons maintien de la pension à 60 ans, après 40 ans de carrière. Que l’accès à la pension soit calculé de façon individualisée sur base d’un taux de 75% des salaires. Nous demandons également que la pension minimum soit calquée sur le salaire minimum (1.842 € juin 2022). Une meilleure reconnaissance de la pénibilité doit permettre un accès plus rapide à la retraite. Par ailleurs, l’alignement des régimes de pensions dans le secteur privé devrait se faire sur celui des fonctionnaires et pas l’inverse.

Il va falloir financer tout cela, quel est ton point de vue quant aux horizons en matière de sécurité sociale ?

Les cotisations sociales ne représentent plus que 59% des recettes de la sécurité sociale. Elles pesaient 75% en 1990. Les politiques visant à détricoter le financement de notre Sécurité sociale en offrant des cadeaux aux employeurs sans compenser le déficit de recettes sont extrêmement dangereuses et profondément injustes. Quand on voit qu’en deux décennies, les cotisations payées par les patrons à la Sécurité sociale ont été dépassées par les dividendes versés aux actionnaires… On comprend où se situe le problème. Il est urgent de supprimer les exonérations des cotisations sociales offertes aux employeurs, de réduire les rémunérations alternatives et de les remplacer par du salaire. Sans oublier la chasse à la fraude fiscale… De plus, il faut revendiquer la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et avec maintien du salaire : des emplois nouveaux apportent de nouvelles cotisations sociales !

D’une manière générale, les politiques sociales sont les fondements de nos équilibres, elles ne peuvent être utilisées comme des variables d’ajustement budgétaire.

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