Le chiffre de 75 000 circulait déjà avant le départ du cortège, avant même les discours des leaders syndicaux. Alors que des trains remplis de militants continuaient d’affluer Gare du Nord. Une véritable marée humaine a déferlé sur Bruxelles en ce 20 juin, jour de manifestation nationale en front commun syndical, pour de meilleurs salaires.
Des manifs dans la manif
Slogans, musique, animations, chants : on ne s’est pas contenté de défiler en silence. La manifestation du 20 juin a vécu de l’intérieur, chacun.e amenant son expérience, sa banderole, comme témoignage de sa difficulté à boucler ses fins de mois. L’ensemble a duré plusieurs heures, et on entendait dire, à l’arrivée, que « l’autre bout du cortège n’avait pas encore quitté Gare du Nord ». La hausse des prix, les inquiétudes quant à l’avenir et la perte de pouvoir d’achat, le tout couplé à une mobilisation massive ces derniers mois, ont poussé les gens à descendre dans la rue.
« Ça fait presque 10 ans qu’on n‘avait plus vu ça », affirme Thierry Bodson, président la FGTB. « Alors, quand on est aussi nombreux dans les rues, on doit être entendus. Si on ne l’est pas, ça signifie vraiment que le monde politique vit en décalage total avec les demandes du monde du travail. Oui, nous avons obtenu des choses ces derniers mois: la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité, l’extension du tarif social. Mais ces mesures doivent être prolongées, et pas pour trois mois, mais pour une durée indéterminée. Les travailleurs ont le droit de savoir comment ils vont passer l’hiver. »
Loi 0%
La revendication principale de cette journée? L’augmentation des salaires et des allocations sociales. Et en toile de fond: la refonte de la loi de 96, rebaptisée « loi 0% » pour l’occasion. « Nous exigeons la liberté de pouvoir négocier nos salaires. Il nous faut des réponses rapides, dès les prochains jours. Nous avons le droit d’être entendus, mais surtout celui d’être respectés. Les travailleurs ont été dignes pendant ces deux années de crise, nous demandons aux employeurs et au gouvernement de respecter cette dignité. »
« L’indexation, on n’y touchera pas »
Régulièrement en ligne de mire du patronat et de la droite, l’indexation automatique des salaires et allocations était évidemment au cœur des conversations aujourd’hui. « L’indexation, c’est un rattrapage sur le pouvoir d’achat, ce n’est pas une augmentation de revenus. C’est un rattrapage qui reste insuffisant. Les carburants ne font même pas partie du panier qui permet de le calculer! Une immense majorité de travailleurs vit dans la précarité. Que ce soit clair, l’indexation, on n’y touchera pas. »
Dans les prochains jours, les instances de la FGTB se réuniront pour évaluer les avancées et réponses reçues. Le cas échéant, l’on établira un nouveau calendrier d’actions pour la rentrée. Par ailleurs, le 29 juin, aura lieu l’audition des représentants des trois syndicats au Parlement fédéral. Le sujet? La loi de 96 qu’ils veulent voir modifier. Une audition rendue possible suite à la pétition citoyenne, qui a récolté près de 90 000 signatures.