Le 28 avril, c’est la journée pour la sécurité et de la santé au travail. Les syndicats européens s’adressent aux dirigeants de l’UE : il est temps d’aller plus loin dans la lutte pour des conditions de travail sûres et saines. L’objectif : zéro décès suite à un accident de travail.
Si l’on s’en tient aux chiffres actuels et que l’on fait une projection, d’ici à 2030, quelque 27 000 travailleurs, en Europe, pourraient mourir d’un accident sur leur lieu de travail. On ne parle même pas, ici, des maladies professionnelles. Comment éviter de tels drames? En prenant des mesures plus drastiques pour améliorer la santé et la sécurité de toutes et tous. La confédération européenne des syndicats (CES) lance, le 28 avril, une campagne pour que ce nombre atteigne… zéro.
Volonté politique
Le nombre d’accidents de travail mortels, en Europe, a baissé au cours de la dernière décennie. En 2019 toutefois, une légère augmentation se faisait ressentir, selon les chiffres d’Eurostat. En Belgique seulement, on comptabilisait 52 accidents mortels au travail, sur un total de 68 741 accidents de travail (tout niveau de gravité confondu, mais impliquant au moins quatre jours d’incapacité).
Si la tendance de la dernière décennie se poursuivait, l’on se retrouverait, à l’échelle européenne, avec 27 041 décès au travail en plus, d’ici à 2029 (une évaluation calculée par l’Institut syndical européen ETUI). Sauf… une véritable volonté politique de changer les choses.
La CES lance donc un « manifeste pour zéro décès » sur le lieu de travail. Les syndicats européens interpellent les responsables politiques pour finalement joindre l’acte à la parole. Des mesures efficaces permettraient, littéralement, de sauver des vies.
Inspections en berne
Constat affligeant : le nombre d’inspections sur le lieu de travail – en Europe toujours – a diminué d’un cinquième en 10 ans, passant de 2,2 millions en 2010 à 1,7 million en 2020. Cela représente un demi-million d’inspections en moins, selon l’analyse de la CES basée sur les données de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Le manifeste de la CES évoque donc la nécessité de plus d’inspections, mais aussi d’une meilleure formation, et enfin de sanctions envers les employeurs, lorsque la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses sont compromises. Des responsables politiques, leaders syndicaux et experts en matière de santé et sécurité au travail se sont joints à l’appel. Thierry Bodson et Miranda Ulens figurent parmi les signataires.
Cancer et maladies professionnelles
Autre priorité: les maladies professionnelles, qui explosent. « Le nombre d’accidents mortels diminue, mais le nombre de maladies professionnelles augmente », peut-on lire dans le manifeste. « Chaque année, 100 000 travailleurs meurent d’un cancer professionnel causé par l’exposition à des substances dangereuses. Les longues heures de travail et la pression psychologique au travail provoquent des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des dépressions et des suicides. Une mauvaise posture, des mouvements répétitifs et le soulèvement de charges lourdes augmentent le risque de douleurs dorsales et d’autres troubles musculo-squelettiques, et provoquent à leur tour la dépression et l’invalidité. »