La colère gronde chez AG Insurance

La colère gronde chez AG Insurance

Ça gronde chez AG Insurance. Confrontés à une charge de travail et une pression continues, ainsi qu’à un sous-effectif structurel, les travailleurs du département en charge des assurances pour « Particuliers et Petites Entreprises (PPE) » ont tiré la sonnette d’alarme. Lors d’un bureau de conciliation, il avait été convenu de prendre cinq mesures de crise pour alléger quelque peu la charge de travail. Il avait aussi été convenu de réserver 2 jours de négociation sur d’autres dossiers, parmi lesquels la conclusion d’une CCT Télétravail. La direction n’a toutefois pas tenu sa promesse, ne mettant en œuvre que 3 des 5 mesures dans leur intégralité. Entre-temps, plus aucune d’entre elles n’est respectée. Cette même direction n’a par ailleurs accédé à aucune demande en matière de télétravail.

Des actions ont suivi

Les syndicats estiment que malgré un bénéfice annuel net de plus de € 500 millions, AG n’investit pas suffisamment dans le bien-être et la valorisation de son personnel. Des actions n’ont dès lors pas tardé.

Une première journée de grève s’est tenue le 1er décembre et a été bien suivie. Malgré cela, la direction a campé sur ses positions, refusant de faire des concessions. Il n’y a pas eu de propositions améliorées non plus. Une deuxième journée d’action a donc rapidement suivi, le 8 décembre.

Les délégués racontent

Karel Meganck et Chris Wauman, tous deux délégués au sein de l’entreprise, dressent avec nous le bilan.

Karel Meganck : « Les actions ont été largement suivies par le personnel. Il s’agit tout de même d’un secteur particulier, qui comprend essentiellement des employés et une majorité de cadres. Le fait de mener des actions syndicales n’y est pas forcément inné. Mais malgré les circonstances Corona actuelles, où les gens se sont décentralisés de leur lieu de travail et en télétravail à temps plein, la grève a été suivie. »

Chris Wauman : « De nombreux autres travailleurs n’étaient pas en grève mais ont participé à l’action d’une manière différente. Ils ont manifesté leur soutien en décidant par exemple de ne pas prendre les appels téléphoniques durant un certain laps de temps le jour de l’action. Plus de la moitié des travailleurs des sites de Charleroi et Anvers ont ainsi soutenu les actions d’une manière ou d’une autre. Dans un secteur comme celui des finances, on peut effectivement qualifier cela de gros succès. »

Vous dénoncez une charge de travail trop importante, qui ne fait que s’intensifier…

C.W. : « Le manque structurel de personnel combné à des objectifs irréalistes intensifient sans cesse la charge de travail. Les travailleurs n’arrivent plus à suivre. Ils doivent en faire toujours plus, avec moins de personnel. De plus en plus de travailleurs tombent en burnout, le turn-over augmente. C’est symptomatique d’un déséquilibre au sein de l’entreprise. C’est un constat qui ne vaut pas que chez AG mais également dans tout le secteur des finances en général. »

A côté de cela, vous voyez également apparaître une autre forme de pression directe : sur les travailleurs et sur les représentants du personnel.

K.M. : « Effectivement. Certains travailleurs ont subi des menaces s’ils prenaient part à l’action ou la soutenaient. La direction a par exemple contacté un par un les travailleurs qui refusaient de prendre le téléphone. Il leur a été demandé de reprendre immédiatement les appels auquel cas ils ne percevraient pas leur salaire et seraient licenciés… »

C.W. : « Ces menaces sont aussi bien présentes envers les représentants des travailleurs. La liberté syndicale chez AG est mise à rude épreuve ces derniers temps. Les boîtes mail syndicales ont ainsi été bloquées. En tant que représentants du personnel, nous ne pouvons plus organiser d’assemblées du personnel. La direction a également fait savoir qu’il était interdit de contacter les collègues par mail ou chat. Cela signifie que les délégués n’ont plus le droit de communiquer avec les travailleurs qui les ont pourtant élus pour défendre leurs droits et leurs intérêts… Certains délégués sont également approchés et culpabilisés personnellement. Un collègue de l’équipe syndicale s’est entendu dire qu’il ne percevrait pas son salaire car – aux yeux de la direction – il utilisait trop de son temps pour le travail syndical. »

Les délégués n’ont plus le droit de communiquer avec les travailleurs, qui les ont pourtant élus pour défendre leurs droits et leurs intérêts.

K.M. : « Ces intimidations, c’est un phénomène récent. Il y a trois ans d’ici, en cas de conflit, le personnel n’était pas mis sous pression de la sorte pour ne pas participer aux actions. On constate un changement de cap dans les relations sociales depuis la nomination du nouveau CEO de AG Insurance (qui est maintenant le CEO d’Ageas, le holding). Nous avons face à nous des interlocuteurs qui sont dans une idéologie profondément antisyndicale. La concertation est devenue beaucoup plus agressive que dans le passé. »

L’une de vos revendications porte sur la conclusion d’une CCT sur le télétravail. Là aussi, la direction a effectué des pressions.

K.M. : « Ce que nous revendiquons, c’est la signature d’une CCT pour encadrer le télétravail structurel ‘post Corona’ pour l’ensemble des travailleurs. Au lieu de cela, la direction a décidé de mettre en place une « policy télétravail » et d’approcher individuellement les travailleurs pour leur faire signer des avenants de contrats. C’est là qu’on a vu apparaître les premières tentatives de mise sous pression des travailleurs. Le discours de la direction était de dire : ou bien vous signez la nouvelle policy télétravail ou bien vous n’avez plus accès au télétravail. 0 jours de télétravail ou 3 jours de télétravail aux conditions proposées par la direction. »

Quelles sont les prochaines étapes ?

C.W. : « Jeudi prochain, nous mènerons une nouvelle action de grève nationale devant le siège de l’entreprise. Elle rassemblera les travailleurs de l’entreprise, mais l’appel est également lancé pour tous les travailleurs des finances en général. Le conflit chez AG et les revendications que nous portons symbolisent une réalité pour tous les travailleurs du secteur en général. Ce 16/12, nous tirerons à nouveau la sonnette d’alarme. Espérons que la direction l’entende enfin. Nous sommes demandeurs de nous remettre autour de la table des négociations mais dans un dialogue social constructif et sur la base de propositions améliorées.»  

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