L’exposition Triangle rouge sera à Mouscron, au musée de Folklore et Vie frontalière, du 6 novembre au 1er décembre. Un événement porté par la FGTB Wallonie picarde, PAC Mouscron et ART Wapi.
Le triangle rouge. On le voit régulièrement, porté sur un revers de veste lors de diverses manifestations, arboré comme symbole contre les idées d’extrême-droite. Ou victime d’une tentative de diabolisation sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis, par des partisans de Trump qui voyaient la lutte antifasciste d’un mauvais oeil. Ce triangle rouge est surtout connu pour avoir été porté par les prisonniers politiques dans les camps de concentration, sous le joug nazi. C’est ainsi qu’il est devenu le symbole de la lutte contre les discours de haine. Mais il est né bien avant, au 19e siècle, quand il illustrait le combat pour la journée des huit heures.
Territoires de la mémoire
Un symbole fort, s’il en est, qui est notamment au coeur du travail des Territoires de la Mémoire. De quoi s’agit-il? D’« un centre d’éducation à la résistance et à la citoyenneté créé par d’anciens prisonniers politiques rescapés des camps nazis. Pour effectuer un travail de Mémoire auprès des enfants, des jeunes et des adultes, l’association développe diverses initiatives qui transmettent le passé et encouragent l’implication de toutes et tous dans la construction d’une société démocratique garante des libertés fondamentales. » Les Territoires de la Mémoire sont basés à Liège, et agissent auprès d’un large réseau de communes et de partenaires, en Wallonie.
Suivre cent ans de résistance
Parmi les activités proposées, l’exposition Triangle rouge. Elle nous invite à suivre un personnage, durant un siècle de résistance. De l’Italie de Mussolini, du nazisme en Allemagne, à la dictature de Franco ou encore l’organisation de la résistance en Belgique, ce personnage, journaliste fictif, nous explique le périple de la bête à travers l’Europe. Il nous invite également à garder un oeil ouvert, éclairé. Une façon de rappeler les luttes passées et d’inciter à la vigilance, toujours face aux discours nauséabonds et anti-démocratiques.
Résister, en bloc
Gaëtan Vanneste, secrétaire régional FGTB WaPi, et Fatima Ahallouch, co-présidente de PAC Mouscron, nous parlent de cette exposition. Celle-ci sera complétée par une collection de souvenirs de la résistance mouscronnoise sous l’occupant.
C’est important de parler de l’extrême-droite aujourd’hui?
Fatima Ahallouch: « Oui, parce qu’on vit dans une époque où l’extrême droite s’exprime partout et sans complexe. Elle tente par tous les moyens de faire oublier son œuvre. Nous devons absolument répliquer, offrir une résistance permanente. L’action commune joue ici ce rôle. Notamment parce que plus personne d’autre n’ose aller sur ce terrain. »
Gaëtan Vanneste: « On doit s’armer de tout ce qu’on peut pour contrer l’extrême droite; les pensées fascistes et l’intolérance montent un peu partout en Europe. Il faut absolument travailler sur ces thèmes. »
Gaëtan, en tant que syndicaliste, tu tenais à t’impliquer dans un événement comme l’expo Triangle rouge à Mouscron.
« Bien sûr. Ca fait partie du rôle de la FGTB, de nos missions. Nous combattons toute forme de racisme, d’intolérance, de rejet de l’autre. Attention, l’extrême-droite ne fait pas que dans le racisme. Elle s’attaque aussi aux acquis sociaux, aux pauvres. Aux syndicalistes, aussi. On sait que l’on fait partie de ses pires ennemis, de ses premières cibles. Sans nous, et l’ensemble des mouvements sociaux et militants, l’extrême droite aurait beaucoup plus de facilité à transmettre son message. On se doit d’être son adversaire le plus redoutable. On connaît les expériences du passé. Il faut les transmettre aux jeunes générations. »
Constatez-vous, justement un « oubli » des horreurs du passé?
Gaëtan: « Je ne sais pas si ça s’oublie vraiment, je crois que l’enseignement joue son rôle à ce niveau. Mais les mentalités évoluent… On a l’impression de voir une frange de la population tentée par des propos simplistes, un rejet des minorités, un certain nationalisme… Les souvenirs sont moins criants, aussi. Notamment au sein des familles. Les discussions à la maison sont importantes, mais avec le temps qui passe, il y a de moins en moins de transmission orale. Il devient difficile de discuter de ce qui s’est passé pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est là que nous devons contribuer à cette lutte. »
Fatima: « Il y a certainement une forme d’oubli. On sait que des personnes qui résistent aux idées d’extrême droite sont parfois qualifiés de « collabos » par ses partisans. Des gens entendent ces aberrations et y croient. C’est un jeu sémantique dangereux, qui brouille les pistes et les souvenirs. C’est effrayant. »
Triangle rouge à Mouscron : infos pratiques
- Quand? Du 6 novembre au 1er décembre 2021
- Où? Rue des Brasseurs 3-5, 7700 Mouscron
- « Triangle rouge » s’adresse à un public jeune et adulte. Entrée gratuite. Possibilité de visites guidées sur réservation (1€ par participant). Réservations auprès du musée.