Roue libre, la sous-traitance des êtres

Roue libre, la sous-traitance des êtres

Vendredi 18 octobre, 19h, dans la salle Allard l’Olivier de Quaregnon. C’est la première de « Roue libre, la sous-traitance des êtres ». Huit comédiens amateurs s’apprêtent à interpeller, à conscientiser le public présent en nombre sur la question du recours à la sous-traitance dans le monde du travail.

Quaregnon. C’est dans un lieu hautement symbolique de l’histoire sociale de la Belgique que se tient la première de « Roue libre, la sous-traitance des êtres ». « Si vous espérez voir Gérard Depardieu vous serez déçus » dit en boutade Andrea Della Vecchia, secrétaire fédéral de la Centrale générale FGTB qui introduit la pièce.

Ça tombe bien, le public n’est pas venu pour ça. Ici, pas de paillettes, pas de Molières. Non. Les huit comédiens sont des militant·es. Des femmes et des hommes de conviction qui s’apprêtent à interpeler le public présent en nombre, à le conscientiser sur la question du recours à la sous-traitance dans le monde du travail.

Être militant, avoir des convictions et consacrer des mois à répéter et monter une pièce, on ne peut le faire qu’avec envie et authenticité. Le public ne s’y trompe pas, il ressent cette sincérité et la sauce prend. Il suit les traces de Zoé, une étudiante amoureuse et livreuse à vélo, qu’on retrouve dans les 3 actes de la pièce.

Des faits réels

Trois actes, trois histoires pour illustrer les conséquences tragiques d’une pizza commandée sur internet. Pour décrire le réalité de plus en plus inquiétante des chantiers de construction. Pour s’estomaquer devant le sort réservé à un travailleur porteur d’un handicap.

La première histoire raconte le vécu de délégués syndicaux de la construction, luttant contre l’exploitation sociale de travailleurs étrangers et les aléas de la course au profit. Le seconde se penche sur le sort d’un travailleur porteur d’un handicap employé à déplacer des boîtes dans l’anonymat et la solitude. Dans la dernière l’on retrouve Zoé, livreuse de pizzas.

Bien sûr, tout cela est inspiré de la réalité. Dans les échanges qui suivent le spectacle, le public apprend que, sur un chantier de construction à Anvers en 2022, on avait découvert que des travailleurs étaient payés 3.50 euros de l’heure. Qu’ils travaillaient 10 à 12 heures par jours, 7 jours sur 7. Véritables esclaves des temps modernes, ils dormaient dans des taudis. Ici, on se compare aux chantiers du Qatar, et on se demande où on est le mieux traité…


Un travail collectif

Le théâtre engagé, c’est vivifiant. Comme souvent, l’histoire de la genèse de la pièce est aussi belle que la pièce elle-même. C’est Andrea qui la raconte en début de soirée : Roue libre est le fruit de rencontres sur le terrain de la militance. L’idée, c’est Rudy qui l’a eue lors d’une action syndicale : ça ferait un bon sujet de pièce de théâtre ce qui se passe ici. Rudy est parti trop tôt, il n’a pas vu la concrétisation de sa belle idée. La pièce lui est dédiée. Sa gestation croise le chemin de Cédric du Cepag, de Marie du PAC, d’Angelo, cheville ouvrière de la mise en scène, et d’Andrea.

Après le temps du spectacle, voici celui du débat. Christine Mahy, secrétaire générale et politique du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, Sarah de Liamchine, Codirectrice de Présence et Action Culturelles – Présidente de Solidaris Wallonie sont présentes pour échanger avec le public, les comédiens et Andrea Della Vecchia.

La culture pour prendre conscience

Christine Mahy rappelle l’importance du nombre de travailleurs pauvres : « ce n’est pas le tout d’avoir un taux d’emploi élevé comme aujourd’hui, encore faut-il que les salaires soient suffisants ». Sarah de Liamchine nous rappelle qu’il s’agit d’un choix de société. Le but n’est pas de culpabiliser les gens qui se sont déjà fait livrer des pizzas : « le capitalisme fait tout pour nous encourager à consommer non-vertueux. C’est lui qu’il faut combattre, pas les consommateurs qui bien souvent font ce qu’ils peuvent. » Toutes deux se réjouissent du nombre de jeunes dans le public. Elles saluent ces initiatives d’éducation permanente. Agir par la culture, faire prendre conscience, parler, discuter, cela fait avancer notre monde : ce n’est pas vain.

« Le capitalisme fait tout pour nous encourager à consommer non-vertueux.
C’est lui qu’il faut combattre, pas les consommateurs qui bien souvent font ce qu’ils peuvent. »

sarah de liamchine, codirectrice de Présence et Action Culturelles
« Roue libre – La sous-traitance des êtres » doit maintenant vivre et voyager. Semer et grandir. La troupe se présentera le 20 décembre à Boussu et le 28 mars à Cuesmes. Pour aller les voir là-bas ou pour les inviter près de chez vous, appelez Cédric Devriese du CEPAG Mons-Borinage au 0473/97.64.93 ou Marie Demoustiez du PAC Mons-Borinage au 0478/65.08.24 ou envoyez un mail à l’adresse suivante marie.demoustiez@pac-monsborinage.be). Ils comptent sur vous !
Léonard Pollet
Rédacteur, Syndicats Magazine à FGTB | Plus de publications

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