20 ans de progrès en faveur de l’égalité

20 ans de progrès en faveur de l’égalité

Le 23 septembre 2004, la FGTB, la CSC et la CGSLB signaient la charte “gender mainstreaming”. Soit un engagement à mettre en œuvre l’égalité femmes/hommes au sein de leur propre structure. 20 ans plus tard, l’heure est à l’évaluation. Le 3 octobre, les représentantes et représentants des trois syndicats se sont réunis pour faire le point sur les progrès réalisés, et renouveler leurs engagements pour les années à venir.

En 2004, à la suite d’une étude sur le marché du travail en Belgique, les trois syndicats en avaient retenu que s’ils voulaient prôner l’égalité des genres, il était nécessaire de “donner l’exemple”. L’article 1 de la charte de l’époque stipulait que « la politique des organisations syndicales, qui vise la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes dans leurs structures et dans leur fonctionnement, sera poursuivie avec assiduité ». Ils confirmèrent dès lors, en signant la charte, leur rôle clé.

Au sein de la FGTB

Au sein de la FGTB, en 20 ans, plusieurs avancées en matière d’égalité ont vu le jour. Tout d’abord, au niveau de la mixité dans les instances. Aujourd’hui, le Secrétariat fédéral, qui assure la gestion quotidienne, se compose de 4 femmes et 3 hommes. « Je suis l’exemple vivant des conséquences positives des quotas ! » plaisante Miranda Ulens, Secrétaire générale de la FGTB. « En 2014, le Secrétariat fédéral a été élargi à deux femmes, une néerlandophone et une francophone, afin d’assurer une meilleure représentation des genres ». Certaines des Centrales professionnelles ont également instauré une parité au sein de leurs instances.

Par ailleurs, « nous avons mis en place un code de conduite sur la tolérance zéro à l’égard de la violence, du harcèlement sexuel et du sexisme » explique la syndicaliste. Code qui faisait partie des résolutions du dernier Congrès de 2022. Dans ce cadre, la FGTB compte créer un point de contact. Il sera destiné à recevoir les signalements des victimes ou des témoins de comportements qui contreviennent au code de conduite.

Sensibiliser, encore et toujours

Pour Miranda Ulens, « il est primordial de continuer à conscientiser sur les inégalités dans le monde du travail». La FGTB a dès lors mis en place un service genre qui se dédie à ces questions. Service qui a élaboré plusieurs outils afin de mesurer par exemple l’écart salarial ou le plafond de verre. Il a également créé le violentomètre, permettant d’évaluer à quel point un comportement constaté sur le lieu de travail est sain ou toxique pour la personne qui le subit.

Le rôle de ce service genre est également de donner des formations sur des questions liées au genre ou de plaider en faveur de l’égalité – par exemple pour attirer plus de femmes dans les listes lors des élections sociales. Car le constat est clair : lorsque les femmes sont bien placées sur les listes, elles sont élues. Ce qui leur permet de défendre un cahier de revendications qui tient compte de leur réalité sur le marché du travail.

Evénements consacrés aux femmes

Plusieurs activités, événements consacrés aux femmes ont aussi été organisés par la FGTB tout au long de ces 20 ans. Comme la journée de l’égalité salariale. Ou encore l’action « Femmes en ligne de mire » de 2015 qui pointait du doigt les mesures du gouvernement Michel qui allaient impacter principalement les femmes. Elle avait comme objectif de rendre visibles leurs revendications dans l’espace public mais aussi à l’intérieur de l’organisation. « Je suis particulièrement fière d’avoir organisé, avec ma collègue de l’époque Estelle Ceulemans, cette grande manifestation femmes de la FGTB. » explique Miranda à ce sujet.


Mais la présence de la FGTB a également été assurée lors d’actions et manifestations phares, comme le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes et le 25 novembre, journée contre les violences faites aux femmes. Pour chacun de ses événements le syndicat est venu avec sa propre campagne. Enfin, le magazine Syndicats, que vous lisez actuellement, consacre chaque année son numéro de mars aux femmes.

Au niveau européen et international

Des quotas ont été instaurés dans les instances d’organisations syndicales européennes et internationales comme la CES et la CSI, mais également dans différents lieux de concertations comme la Banque nationale.

« La charte gender mainstreaming des syndicats belges nous a inspirés. Ça a permis de créer une mobilisation qui n’était pas évidente. De renforcer le respect envers les femmes au travail. » 

Isabelle Schömann, Secrétaire générale ADJOINTE de la CES.

Pour Isabelle Schömann, plusieurs avancées en faveur de l’égalité sont le fruit de la mobilisation des syndicats. C’est le cas par exemple de la directive européenne sur la transparence des salaires. Mais les représentants des travailleurs ont également un rôle à jouer dans la mise en œuvre de ces outils européens et internationaux au sein de leurs structures et au sein des entreprises. En 2019 fut votée la Convention 190 de l’OIT qui vise à prévenir et éliminer la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Selon Lieve Verboven, directrice du bureau de l’OIT pour l’Europe et le Bénélux, « les syndicats jouent un rôle clé dans l’application des conventions. »

Il reste du travail…

Malgré les avancées dans les différentes structures au niveau belge, européen et international, les représentants syndicaux sont unanimes : « On est sur le bon chemin, mais il reste du travail ». Leur objectif : implémenter le gender mainstreaming comme méthode de travail à tous niveaux et dans tous les secteurs.

« Il est nécessaire que nous négociions des accords et conventions collectives pour apporter des solutions aux femmes, au travail et à la maison », explique Isabelle Schömann. Sur ce, Miranda Ulens rappelle que plusieurs CCT (horaires faisables, salaires décents,…) pouvant améliorer la situation des femmes ont été négocié au CNT. La FEB et d’autres organisations patronales ont participé à ces négociations. Les délégués peuvent s’en servir pour améliorer les conditions de travail.

Les syndicats appellent aujourd’hui les politiques, le monde patronal, le monde associatif et tous les acteurs de la société civile à œuvrer à l’amélioration de l’égalité. Ils espèrent des avancées en matière notamment d’écart salarial, de lutte contre le sexisme au travail et de présence des femmes dans les organes de décision.

Renouveler les engagements

« Être syndicaliste, c’est être féministe »

— Miranda Ulens, Secrétaire générale de la FGTB

Après les différentes prises de paroles très enrichissantes, les présidents des trois syndicats ont signé à nouveau la charte pour l’égalité qui comprend cette fois-ci de nouvelles dimensions, telles que le changement climatique, la numérisation et le temps-partiel imposé. Comme le souligne la charte, l’émancipation des femmes est un élément essentiel de l’émancipation de tous les travailleurs, hommes et femmes. « Être syndicaliste, c’est être féministe », conclura Miranda Ulens dans son intervention.

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