Dimanche 22 janvier, plus d’un millier de personnes se sont réunies place de l’Albertine à Bruxelles, pour demander la libération d’Olivier Vandecasteele, injustement détenu en Iran. Se sont succédé à la tribune certains de ses anciens collègues humanitaires, le représentant d’Amnesty International Flandres, sa famille et des amis. L’initiative émanait la plateforme de soutien à Olivier Vandecasteele.
Son visage est partout. Son histoire également. Olivier Vandecasteele, Tournaisien de 42 ans, effectuait un court voyage en Iran, où il avait précédemment vécu et travaillé. Il était arbitrairement arrêté le 24 février dernier, par les Gardiens de la Révolution en civil, lors d’un souper d’adieu organisé par ses amis. M. Vandecasteele a immédiatement demandé à contacter son ambassade, sa famille et un avocat. Ce qui lui a été refusé.
Pétitions et demandes claires
La famille et les proches maintiendront une certaine discrétion sur l’affaire pendant plusieurs mois. L’objectif? Laisser le politique tenter de saisir toutes les possibilités diplomatiques pour obtenir une libération. Sans succès. La famille de M. Vandecasteele reçoit alors le feu vert pour médiatiser cette prise d’otage. Depuis quelques mois, le visage du Tournaisien est apparu dans les médias, dans l’espace public et dans les prises de paroles des politiques et des ONG. Amnesty International a lancé une pétition en soutien à Olivier Vandecasteele et sa famille. Elle réunit aujourd’hui plus de 180 000 signatures, si on additionne celles obtenues côtés flamand et wallon. Du jamais vu selon le porte-parole, présent à l‘action du 22 janvier. Celle lancée sur change.org par la plateforme de soutien il y a quelques mois est proche des 70 000.
Amnesty demande à l’Iran de libérer immédiatement Olivier Vandecasteele. De s’assurer, tant qu’il est détenu, qu’il soit traité humainement et que son lieu de détention soit exactement communiqué. Qu’il puisse prendre contact régulièrement avec sa famille, son ambassade et qu’il puisse se faire représenter par un avocat de son choix.
Presque une année
Olivier est à l’isolement depuis plus de 11 mois. Entre-temps, il a été condamné à 40 ans de prison, 74 coups de fouet et une amende. On lui reproche des faits d’espionnage, de collaboration avec les États-Unis contre l’Iran, de blanchiment et contrebande d’argent. Olivier n’a pas eu accès aux pièces de dossier – personne à l’heure actuelle – ou à un avocat de son choix. Celui commis d’office n’a pas ouvert la bouche lors du procès.
Ses conditions de détention, dont le lieu exact est à ce jour inconnu, sont inhumaines. Cellule de 2 mètres sur 3 sans fenêtre, constamment éclairée artificiellement, nourriture insuffisante, soins inexistants ou inefficaces. Un simple matelas sur le sol, aucun vêtement chaud alors que la température en Iran est parfois négative. Les rares contacts téléphoniques avec sa famille et les quelques visites de l’ambassadeur sur place sont strictement surveillés, et accompagnés de directives sur ce qui peut être dit ou non. La santé physique comme psychologique d’Olivier Vandecasteele est fortement impactée.
Olivier Vandecasteele est innocent, victime d’une arrestation arbitraire et d’un procès ne respectant en rien l’état de droit. Il rejoint la trop longue liste des hommes et des femmes qui, de par leur activité humanitaire, syndicale ou militante, paient de leur liberté et parfois de leur vie leur engagement en faveur des plus démunis.
Monnaie d’échange
Olivier Vandecasteele n’est pas le seul étranger détenu arbitrairement en Iran. Des citoyens français, suédois, américains, autrichiens, britanniques ou encore canadiens sont incarcérés sans avoir pu bénéficier d’un procès équitable, sans souvent avoir même eu accès à leur dossier. Ces personnes servent de monnaie d’échange dans le cadre de la politique de « diplomatie de l’otage » pratiquée par l’Iran depuis les années 80. La condition imposée à la Belgique pour sa libération est un échange contre Assadollah Assadi. Il s’agit d’un diplomate iranien condamné chez nous à 20 ans de prison en 2021 pour terrorisme. Ce dernier est considéré comme la tête pensante d’un attentat déjoué qui devait frapper le Conseil national de la résistance iranienne, en région parisienne en 2018.
En juillet 2022, le parlement votait en faveur d’une loi pour l’échange. Cette dernière a été suspendue par la Cour constitutionnelle en décembre. La décision de maintenir ou non la suspension est en attente depuis. En attendant, la famille se ronge les sangs. Les personnes présentes le 22 janvier, la famille et les amis ne demandent rien d’autre que l‘évidence : le gouvernement belge doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour ramener Olivier chez lui le plus rapidement possible.
Son parcours
Olivier Vandecasteele a étudié l’économie à Bruxelles et à Louvain-La-Neuve. Puis les relations internationales et la gestion des conflits à Louvain. Il a ensuite exercé comme travailleur humanitaire dans de grandes ONG internationales durant plus de 15 ans. Cez Bioforce en France, chez Médecins du Monde en Afghanistan et au Mali, et ensuite durant 6 ans en Iran pour le Norwegian Refugee Council et à Relief International. Grâce à son expérience en Afghanistan même, il a aidé les 3 millions de réfugiés afghans en Iran. Il était en effet directeur d’un projet qui consistait à assurer l’accès aux soins de santé, au logement et à l’éducation. Il était également responsable des négociations avec les autorités iraniennes, l’Union européenne et les Nations unies à ce sujet. Tout son travail a toujours été réalisé en collaboration avec les autorités du pays.