Emplois en pénurie : la faute à qui?

Emplois en pénurie : la faute à qui?

C’est un sujet qui revient souvent. Dans les médias notamment. Il serait difficile de trouver « la perle rare ». De nombreux métiers sont dits « en pénurie ». La liste de ces métiers et « fonctions critiques » sur le site du FOREM est interminable. Elle s’est encore allongée cette année. On ne peut nier que certaines entreprises peinent à trouver du personnel. Mais si d’aucuns se contenteront de soupirer que « plus personne ne veut travailler », on ne se satisfera pas de cette affirmation. Car si les employeurs ne trouvent pas de personnel, ne serait-ce pas, tout simplement, parce que les conditions de travail proposées ne sont pas acceptables? Plusieurs études le prouvent.

Il serait évidemment commode de résumer les pénuries d’emploi à un problème de motivation des demandeuses et demandeurs d’emploi. Comme si le chômage de masse n’était pas un problème de société mais la simple addition de milliers de problèmes de motivation individuelle.

Enquête de la cellule de lutte contre les discriminations

Déséquilibre entre exigences et conditions de travail

Voici moins d’un an, la Cellule de lutte contre les discriminations (CLCD) de la FGTB wallonne et du CEPAG publiait les résultats de son impressionnante étude, portant sur 2.639 offres d’emploi concernant des fonctions critiques ou en pénurie. Les constats: d’une part certains critères et exigences figurant sur les offres d’emploi sont démesurées au regard de la fonction recherchée, et constituent des freins à l’embauche. D’autre part, pour des emplois présentant des exigences si pointues, la contrepartie en termes de conditions de travail ou de salaire n’est pas à la hauteur et n’encourage pas à s’orienter vers ces métiers…

Quelques chiffres (infographies)


Un thème monté en épingle

La médiatisation excessive et l’instrumentalisation du phénomène de « pénurie »ne sont pas neuves. Il s’agit, pour le patronat et une partie du monde politique, de faire porter la responsabilité du chômage sur la personne sans emploi. Qui est forcément trop peu motivée/trop peu formée.

Outre la Cellule de Lutte contre les Discriminations, d’autres études se sont penchées sur la question, et trouvent d’autres pistes de réponse. Dès les années 2000 déjà, des experts DULBEA-ULB concluent que, pour certains secteurs, les tensions pourraient être résolues par une amélioration des salaires et des conditions de travail.

En 2022, deux études du FOREM viennent compléter ces différents travaux. Les résultats ont été analysés par la FGTB Wallonne. La première étude vient confirmer qu’il existe une disproportion entre exigences patronales – en termes d’expérience, de connaissance des langues, de détention du permis ou d’un véhicule – et conditions de travail. Ces critères peuvent bien entendu avoir leurs raisons d’être pour
certaines fonctions, mais sont clairement injustifiés pour de nombreuses autres.

Pas plus d’emploi après une formation pour un métier en pénurie

La seconde étude vient corroborer des conclusions déjà rendues en 2020 par la Cour des Comptes. Le taux d’insertion à l’emploi des formations pour un métier en pénurie est identique, voire légèrement
inférieur, à celui de l’ensemble des formations. On retrouve ainsi les plus faibles taux d’insertion à l’emploi dans la construction et l’horeca. Deux secteurs pourtant présentés comme particulièrement sujets aux pénuries. La FGTB wallonne réclame l’obligation de recrutement après une formation alternée dans un métier en pénurie. Ainsi que l’exclusion de la liste des pénuries des emplois comprenant des critères inadéquats et discriminants.


Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

Une réaction sur “Emplois en pénurie : la faute à qui?

  1. Vous devriez contrôler les sociétés (comme mon employeur) qui paie 10,5 € brut/ heure…
    En étant Commission paritaire 100, c’est scandaleux, les ouvriers n’ont aucun avantage, même pas les frais de déplacement pour aller bosser !!!!
    Sauvez-nous !!!

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