« Les bonus, smartphones et ordinateurs portables… C’est peut-être bien pour les travailleurs, mais si nous voulons avoir un débat sérieux sur le financement de notre sécurité sociale, les rémunérations alternatives seront inévitablement évoquées », déclare Raf De Weerdt.
Dans le « Compas des salaires » du journal De Morgen, l’on peut lire que le salaire mensuel brut moyen en Belgique en 2021 est de 3 748 euros. Le site d’offres d’emploi Jobat a calculé ce montant sur la base des informations fournies par 114 000 personnes interrogées. Par rapport à 2020 (3 783 euros), cela représente une légère baisse. Par rapport à 2019, une augmentation d’environ 340 euros bruts.
Rémunérations alternatives : des cadeaux empoisonnés
L’étude démontre une augmentation des avantages extra-légaux dans la rémunération. On parle ici, notamment, de chèques-repas, de primes, d’assurances, d’un ordinateur portable ou d’un smartphone, d’une voiture de société, etc. Quasiment toutes ces formes de rémunération alternative ont augmenté par rapport à l’enquête précédente.
« Bien sûr, cela peut sembler sympathique pour les travailleurs à qui l’on offre tout cela », déclare Raf De Weerdt, secrétaire fédéral à la FGTB, « mais si l’on zoome un peu plus, on s’aperçoit qu’il y a peut-être des cadeaux empoisonnés parmi eux.«
« Le problème est que ces avantages sont soumis à beaucoup moins – voire pas du tout – de cotisations sociales. Mais la sécurité sociale appartient à chacun d’entre nous et, les cotisations qui y sont versées constituent une forme de salaire différé. » Une sécu qui sert d’amortisseur non-négligeable en cas de coups du sort.
Financement
Les médias et les milieux politiques débattent régulièrement du financement de la sécurité sociale. On entend beaucoup de choses: sur « les dépenses trop élevées », « les pensions impayables » ou encore la faillite de notre pays… Selon Raf De Weerdt, il est « frappant de constater à quel point ce débat est mené de manière sélective. L’augmentation des dépenses est sans cesse soulignée. Alors oui, les dépenses augmentent, c’est certain. Plus de personnes vieillissent et le poids des pensions pèse donc plus lourd. » Mais du côté des rentrées, silence radio. « Le « boom » des avantages extralégaux ou des rémunérations alternatives entraîne une accumulation de pertes pour notre système de sécurité sociale. La majeure partie est financée par les cotisations salariales. »
Le « boom » des avantages extralégaux ou des rémunérations alternatives entraîne une accumulation de pertes pour notre système de sécurité sociale.
— Raf De Weerdt
Solidarité
Le système des rémunérations alternatives nuit à la solidarité entre les travailleurs. Raf De Weerdt : « La plupart des avantages coûteux sont réservés aux plus gros revenus. C’est un effet pervers. La personne qui gagne le plus d’argent reçoit la rémunération alternative la plus importante. La perte de revenus pour la sécurité sociale est bien sûr aussi la plus élevée ici. »
Lire: « La rémunération liée à la performance récompense principalement les hommes »
Dans le débat sur le financement de la sécu, il est donc important de parler de ces rémunérations alternatives. Une première étape pourrait consister à évaluer en profondeur les différents systèmes, à calculer leurs coûts et à empêcher le développement de nouvelles formes de rémunération alternative jusqu’à nouvel ordre. Les limitations imposées dans le cadre des négociations salariales (les fameux 0,4 %) ne facilitent pas la poursuite des augmentations salariales brutes, une raison de plus pour modifier la très injuste loi de 96 !