Du 27 mai au 11 juin s’est tenue la 110ème Conférence internationale du Travail, à Genève. Elle réunissait 4 000 représentants des gouvernements, travailleurs et employeurs issus de 178 pays membres de l’OIT. Une délégation de la FGTB était présente. Retour sur cet événement international de grande importance pour le monde du travail, et sur les engagements pris par la Belgique pour améliorer les conditions de travail sur son territoire.
L’OIT, c’est quoi ?
L’Organisation Internationale du Travail est une agence tripartite des Nations-Unies. Ses principaux objectifs sont la promotion des droits au travail, de la création d’emplois décents, du dialogue social, ainsi que le développement de la protection sociale. Comment ? En établissant des normes internationales, en élaborant des politiques et en concevant des programmes visant à promouvoir le travail décent pour toutes et tous, dans le monde. Les grandes orientations de l’OIT sont établies lors de la Conférence annuelle, que l’on désigne souvent comme un parlement international du travail, qui a lieu tous les ans à Genève.
La Belgique s’engage
La particularité de l’OIT, c’est qu’elle est l’unique agence tripartite de l’ONU. Elle réunit sur un pied d’égalité des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs des 187 Etats membres. Lors des Conférences internationales, les gouvernements prennent des engagements pour améliorer les conditions de travail dans leur pays.
Cette année, la Belgique s’est engagée à améliorer les conditions de travail de trois catégories de travailleurs : les apprentis, les travailleurs domestiques et le personnel de soin. Pour les apprentis, il est important qu’elle élabore des politiques proactives en terme de lutte contre les discriminations, et qu’elle renforce les ressources financières. En ce qui concerne le personnel infirmier, le gouvernement s’est engagé à lutter contre la pénurie du personnel en investissant dans les systèmes de santé, en améliorant les conditions de travail et en réduisant la dépendance à l’égard du personnel migrant. Il faudra également assurer l’égalité de traitement aux travailleurs et travailleuses domestiques, tout en garantissant le droit à la non-discrimination pour toutes et tous.
Libertés syndicales
Durant les débats, les employeurs ont par contre refusé de faire le lien entre l’amélioration des conditions de travail et la liberté de négociation collective. L’intervention de la FGTB en plénière s’est centrée sur la défense des libertés syndicales et du droit de grève en Belgique et partout dans le monde. Le Président de la FGTB, Thierry Bodson, a rappelé dans son discours que : « Les normes internationales du travail doivent être respectées et contrôlées. ». Sur le terrain, la situation est alarmante. « On observe des évolutions inquiétantes dans des pays qui se veulent pourtant exemplaires. En Belgique, nous constatons une détérioration assez grave du champ des libertés syndicales. C’est pourquoi nous avons alerté l’OIT et nous continuerons à le faire. »
« En Belgique, nous constatons une détérioration assez grave du champ des libertés syndicales. C’est pourquoi nous avons alerté l’OIT et nous continuerons à le faire. »
— Thierry Bodson, Président de la FGTB
Santé et sécurité au travail, nouvelle norme fondamentale
Les États membres de l’OIT, quel que soit leur niveau de développement économique, s’engagent à respecter et à promouvoir les « Principes et droits fondamentaux au travail ». Qu’ils aient ou non ratifié les conventions en question. Jusqu’à présent il existait huit de ces Principes fondamentaux, sur les thématiques suivantes : les libertés syndicales, le droit à la négociation collective, l’interdiction du travail forcé, l’abolition du travail des enfants et l’égalité de chance et de traitement.
Lors de cette 110ème Conférence, les délégués ont adopté une résolution visant à ajouter la thématique d’environnement de travail sûr et sain aux Principes et droits fondamentaux au travail de l’OIT. Cela implique un cycle de rapportage et de contrôle plus fréquent de la part de l’OIT et une plus grande attention de la part de ses organes de surveillance. En pratique, cela permet également de mettre sous pression les pays qui ne respectent pas ces principes dans le cadre de Traités commerciaux internationaux.
Pour un avenir meilleur
La 110e Conférence internationale du Travail (CIT) s’est achevée sur une «remarquable moisson de réalisations», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder. « Bien que le tableau soit sombre et les perspectives incertaines, nous ne devons pas perdre de vue notre vision d’un meilleur avenir du travail. Les espoirs et les rêves de millions de personnes dépendent de nous. Nous ne pouvons pas les laisser tomber. Ensemble, nous devons tenir notre promesse d’un avenir meilleur, plus juste et plus inclusif pour tous ».
La lutte contre le dumping social à l’échelon mondial |
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Parmi les défis indispensables pour l’amélioration des conditions des travailleurs à l’échelle mondiale figure la lutte contre le fléau du dumping social. En effet, le non-respect par un pays de conditions de travail décentes fait obstacle aux autres pays qui souhaitent améliorer le sort de leurs travailleurs. Les efforts doivent donc aussi être déployés à un niveau international et pas seulement national, afin de ne pas faire de concurrence déloyale. La nécessité de coopérer pour offrir des conditions de travail convergentes dans les pays en concurrence pour les mêmes marchés est apparue avec la prise de conscience de l’interdépendance économique du monde. En concevant les normes sociales internationales, en en contrôlant le respect et en mettant en place des programmes dans les pays en faveur du travail décent, l’OIT protège les travailleurs contre la dégradation de leurs conditions de travail. |
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