L’accord du gouvernement est sorti, voici quelques jours, dans sa version finale. N’y allons pas par quatre chemins : il est imbuvable. Comme prévu, nous direz-vous. Oui, à quelques nuances près. Tant dans le contenu que dans le ton, le texte est une très longue attaque contre le monde du travail et particulièrement contre les groupes les plus vulnérables. Nous attendions « la liste des horreurs ». Nous l’avons.
« Vous dramatisez », nous dira-t-on. Non. Ce qui se déroule sous nos yeux, c’est un démantèlement complet de la protection sociale, de la solidarité. Ce que la droite veut, c’est une société où les pauvres paient la note, et où les plus riches ne portent rien, ou presque.
Qui sont les cibles de cette droite décomplexée? D’une part, les demandeurs et demandeuses d’emploi, les travailleurs et travailleuses les plus précaires, les personnes malades, pensionnées, ou encore réfugiées, migrantes… D’autre part, ce qui contribue à une société plus solidaire : les services publics, la sécurité sociale, les systèmes de protection.
Les « Sans »
C’est particulièrement cynique, et facile. Car celles et ceux qui sont aujourd’hui mis à sac ne sont pas en position de se défendre. Quand on n’a pas l’argent, pas la santé, pas les papiers, on est – naturellement – moins enclin à s’engager dans la vie démocratique, que ce soit par le vote, le militantisme ou la participation aux débats. Sans boulot, sans statut, sans voix. Invisible. La droite le sait, et compte sur cette invisibilité pour casser la solidarité. Ne tombons pas dans le piège. S’attaquer aux plus vulnérables, c’est s’attaquer à la démocratie . Et se croire à l’abri, c’est se fourvoyer. Car jusqu’où iront-ils ?
Les mesures antisociales en bref
Impossible de résumer 200 pages de mesures antisociales dans un édito, mais voici, en 10 points, les grandes lignes socio-économiques de l’accord. Attention, il faut s’accrocher.
L’austérité pèsera principalement sur le monde du travail, très peu sur les grosses fortunes. L’indexation automatique des salaires est toujours menacée, et le sujet reviendra assurément sur la table dans les deux ans. La loi de 96 reste inchangée – et la ‘marge’ tombée entretemps est de… 0% – continuant de bloquer les salaires. L’enveloppe bien-être, qui permettait d’ajuster les allocations sociales au niveau de vie, disparaît purement et simplement. En parallèle, c’est open bar en matière de flexibilité horaire des travailleurs et travailleuses. La protection sociale est assiégée, avec une limitation dans le temps des allocations de chômage, une traque des malades, et de nombreuses pressions sur les migrants et primo-arrivants. Côté pensions, les attaques se multiplient : accès à la pension anticipée plus strict, périodes assimilées rabotées, malus pension en cas de départ avant l’âge… Les fonctionnaires dans les services publics sont attaqués à tous les niveaux : statut, pensions… Le cadastre des grosses fortunes ne verra pas le jour, mais par contre, on contrôlera les aides sociales, pour pouvoir les retirer quand on estimera qu’un euro de trop a été versé. Pour les aides aux entreprises, en revanche, il reste du budget…
En bref, ils avaient promis que les travailleurs actifs allaient gagner plus : c’est faux. Ce sont juste les plus vulnérables qui auront moins. Moins d’argent, moins de droits. Pour les autres, pas de gâteau à se partager. Sauf pour ceux qui se gavent déjà.
Où sont les femmes ?
La récente photo officielle du nouveau gouvernement a fait parler d’elle, et pour cause : 11 hommes, quatre femmes seulement, aucune aux postes clés. Une présence féminine discrète, presque effacée, sur le portrait de famille. Cela en dit long. Ce gouvernement, très clairement, n’aime pas les femmes. En tout cas pas les femmes qui bossent à temps partiel, les femmes aux carrières morcelées, les mères solo, les femmes migrantes, celles qui se débrouillent avec des bouts de ficelle… Non, celles-là, on les écrase encore un peu plus, s’il le fallait. Moins de pension, moins de services publics, moins d’aides.
Alors oui… Peut-être que si on gagne relativement bien sa vie, si on est un homme en bonne santé, si on ne dépend pas d’aides sociales pour vivre, on pourrait se croire à l’abri du vent qui vient furieusement de droite. Ce serait une erreur. Les vannes sont ouvertes, et à ce rythme, on va vers une destruction de notre modèle social. Au profit d’un modèle individualiste, compétitif à l’extrême, inhumain.
Jusqu’où iront-ils ? Jusqu’où nous les laisserons aller. Notre rôle, en tant que syndicalistes, c’est de tout faire pour que les composantes de gauche – et du centre – au sein de ce gouvernement puissent peser dans la balance, pour que l’humain l’emporte.
Le 13 février, c’est notre premier rendez-vous avec l’Arizona. Nous ne le manquerons pas.
Rendez-vous à 10.30, Gare du Nord à Bruxelles. Toutes les infos pratiques ici.
Il faut faire mal à l économie du pays et montrer aux indépendants que tous le monde est assisté